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À 33 ans, Jeanne Merklen est à la tête de la boutique Palais des Thés de Metz, ouverte il y a deux ans et demi. Nous avons passé la journée du 27 février pour rendre compte de son quotidien.
10h Jeanne Merklen, franchisée Palais des Thés depuis l’automne 2016, ouvre sa boutique dans une petite rue pavée du centre-ville de Metz. Avant, elle a préparé le thé proposé à la dégustation aux clients, avec de l’eau osmosée (tous les points de vente du réseau sont équipés de machines pour filtrer l’eau). La franchisée a découvert les thés natures lors d’un séjour d’un an en Chine, “ça été une révélation”, précise la passionnée de culture asiatique. Après une tentative avortée de s’expatrier à Montréal, elle a l’occasion de travailler dans la boutique de Montpellier, dans laquelle sa mère achète son thé nature. Cette boutique appartient à un multifranchisé, qui ouvrira un peu plus tard un autre magasin à Clermont-Ferrand dont Jeanne Merklen deviendra la responsable. Depuis, elle est revenue dans sa région d’origine et a ouvert le point de vente de Metz, avec sa mère comme associée.PLUS D’INFORMATIONS : Ouvrir une franchise Palais des Thés
11h30 La matinée est plutôt calme en ce mercredi matin ensoleillé. “Cela permet de faire du réassort et du facing (aligner les produits, ndlr). Depuis, j’ai un radar dans les yeux qui repère les trous dans les produits alignés”, plaisante-t-elle. La boutique compte 180 références de thés et tisanes. “Je dirais qu’il faut un an sur le terrain pour avoir la connaissance produit quand on part de zéro. Cela m’a pris 6 mois parce que, en tant que cliente, je connaissais mes thés préférés”, explique-t-elle. Pendant que nous parlons, elle se prépare un thé matcha, du thé vert japonais de très bonne qualité réduite en poudre, qu’elle émulsionne avec un petit fouet en bois, le “chasen”. En plus d’être chef d’entreprise, Jeanne Merklen est conseillère prud’homale pour approfondir ses connaissances : “Je peux m’épanouir professionnellement autrement et c’est l’occasion de changer l’image du patronat, gangrénée par les stéréotypes. Tous les patrons ne sont pas des pourris. Je ne me suis pas payée pendant deux ans par exemple”. 12h15 La salariée de la franchisée démarre sa journée de travail pour le coup de feu de la pause déjeuner et sa clientèle exigeante. “Le chiffre ne nécessite pas d’être deux parce que ce sont des petites sommes mais le flux oui. Les clients sont pressés, s’ils attendent trop longtemps, ils s’en vont. Il faut qu’on soit disponible et rapide”, analyse la commerçante. Entre temps, la livraison hebdomadaire est arrivée. Il faut donc tout ranger et vérifier les ruptures de stock. Cette fois-ci, la franchisée a fait le choix de commander un peu plus que d’habitude pour ne pas se retrouver à court sur certains produits. “Nous avons eu beaucoup plus de monde que prévu pendant les vacances scolaires. Je dois donc pouvoir faire face aux imprévus”. Tandis qu’elle a décidé d’arrêter certaines références qui ne se vendaient pas trop. Chaque franchisé Palais des Thés choisit les références qu’il veut vendre dans sa boutique. 14h Après sa pause déjeuner, la franchisée évoque la solitude du dirigeant qui peut parfois peser : “Je ne peux pas considérer mon employée comme ma collègue. Il y a des sujets qu’on ne peut pas aborder ensemble”. Heureusement, elle s’entend très bien avec les commerçants des alentours, indépendants comme elle. Ensemble, ils s’accordent pour travailler les jours fériés et certains dimanches de fêtes et parlent chiffres pour s’entre-aider. À l’ouverture de la boutique, sa vie personnelle a été affectée aussi : “Mes amis ne comprenaient pas trop que je travaille 70 heures par semaine et me reprochaient de ne penser qu’à mon travail. J’en ai souffert. Certes, c’est un choix de créer son entreprise mais ce n’est pas parce que c’est un choix que c’est facile”. Alors qu’elle verse du thé de Chine, Thaïlande, Japon et Birmanie dans les grandes boîtes en métal siglée Palais des Thés, Jeanne Merklen énumère les dégustations que toute l’équipe fait régulièrement : “Au moins une fois par semaine, pour entraîner le palais, c’est très important”. 15h30 Les clients s’enchaînent, pour des demandes précises. Certains se laissent tenter par d’autres saveurs qu’ils ne connaissent pas. Deux jeunes hommes entrent dans la boutique pour acheter du thé parfumé au citron. La franchisée s’en réjouit : “Cela fait plaisir quand des jeunes, encore plus des garçons, achètent du thé. Cela signifie que les mentalités changent. De plus en plus de clients découvrent le thé parce que leur médecin leur a demandé d’arrêter le café”. Pendant ce temps la salariée de Jeanne Merklen range les nombreux produits commandés dans la cave, au sous-sol, dans laquelle il faut jouer à Tétris pour tout faire rentrer. Au-dessus, une cliente amatrice de thé arrive, avec ses deux sachets vides, pour en racheter. En connaisseuse, elle préfère les thés natures, les “grands crus”, des produits rares, artisanaux et de qualité supérieure et fait confiance à l’entrepreneure pour lui faire découvrir de nouvelles saveurs. Elle repart donc avec un thé japonais, un du Népal et un autre de Birmanie. “Les clients nous font confiance”. 17h Alors que les cartons d’emballage de la livraison sont presque tous vides et pliés, il y a une petite accalmie dans la boutique. “Être commerçant, c’est gérer des flux de clients. Et ce n’est pas toujours simple. Parfois, je commence une tâche, je sers une cliente et c’est difficile de se concentrer de nouveau pour s’y remettre”, rappelle-t-elle. La fin de la journée approche, Jeanne Merklen prépare deux commandes, une à expédier à l’une de ses amies, l’autre à amener à un coffee shop de Metz, commande qu’elle livrera elle-même après la fermeture de la boutique. “On joue sur la rapidité de livraison avec nos clients BtoB”. 19h À partir de 18h, à l’heure où les gens sortent du bureau, le flux s’est sensiblement calmé. Juste avant la fermeture de la boutique, une dame d’une soixantaine d’années entre pour acheter une petite boule à thé. Elle ne trouve pas son bonheur mais commence à évoquer sa passion pour les thés natures. Après son départ, Jeanne Merklen ferme la porte à clé de l’intérieur, fait sa caisse, sort les poubelles, nettoie le thermos de dégustation et fait le ménage. “On laisse la boutique propre, c’est se rendre service pour le lendemain”, conclut-elle.- Type
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