Le secteur du tourisme est toujours dans l’attente d’une reprise d’activité. Si pour le moment la date du 2 juin semble se profiler, les annonces gouvernementales prévues dans les prochains jours devraient venir confirmer cette échéance. En attendant, les acteurs du secteur s’organisent pour limiter l’impact du Covid-19 , surtout à l’approche des vacances d’été. Témoignages.
L’impact du Covid-19 sur l’ensemble de l’économie n’est plus à prouver. Si depuis le 11 mai, l’ensemble des commerces ont pu rouvrir leurs portes, certains secteurs sont toujours dans l’attente d’une reprise. C’est le cas des restaurateurs, des salles de sport mais aussi des acteurs du tourisme qui restent suspendus aux futures annonces du gouvernement. Le 14 mai dernier, Édouard Philippe a rassuré les Français et leur a indiqué qu’ils pouvaient partir en vacances cet été, rassurant par la même occasion un bon nombre d’acteurs. Parallèlement, le Premier Ministre a annoncé déployer un dispositif d’aide de près de 18 milliards d’euros pour
“accompagner à la fois la reprise, puis la relance du secteur”.
Sauver la saison
Depuis plusieurs semaines, nous interrogeons différents acteurs du tourisme sur leurs attentes mais aussi sur les perspectives d’un marché qui a été certes chahuté pendant ces deux mois de confinement mais qui peut rebondir. Selon Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air,
“le mois d’avril ne représente que 4 % des nuitées annuelles et 2 % du chiffre d’affaires. L’impact reste pour l’heure limité. Notre principale préoccupation est de sauver juillet et août, qui représentent 80 % du chiffre d’affaires annuel des campings français”. “Avant le confinement, au 10 mars dernier, notre réseau était à plus de 77 % de prévision de chiffre d’affaires pour les mois d’avril, mai, juin et septembre par rapport à la période précédente”, abonde de son côté Olivier Lachenaud, fondateur des franchises Camping Paradis. D’autres enseignes d’hôtellerie de plein air confirment cette tendance. À l’instar de Florent Parnot, directeur de la franchise de Flower Campings.
“Nous avons perdu 2 mois de chiffre d’affaires qui, heureusement, ne sont pas les mois les plus forts. La position n’est aujourd’hui pas dramatique mais il ne faut que cela s’éternise.”
Quid des agences de voyages ?
Tous les acteurs du tourisme ne sont pour autant pas logés à la même enseigne. Le marché des agences de voyage est bien évidemment en berne, les frontières vers les pays étrangers restant majoritairement fermées. Le gouvernement a, en parallèle, appelé les Français à ne pas réserver des vacances à l’étranger. Le réseau Un Monde Autrement, possédant 8 agences de voyages locales basées en Asie du Sud-Est et en Afrique, propose des circuits guidés et privés à des voyageurs francophones.
“Notre activité se réalise principalement sur Internet mais nos locaux sont néanmoins fermés et nos équipes sont toutes actuellement en télétravail pour assurer la sécurité de tous, explique Grégory Delforge, co-fondateur du réseau Un Monde Autrement.
Les frontières de nos 8 destinations étant pour le moment fermées et nos voyageurs résidant principalement dans des pays francophones, notre activité est par conséquent limitée.” Du côté de TUI France, l’entreprise a pris la décision de reporter tous les départs “
des voyages individuels programmés jusqu’au 26 juin 2020 inclus. Et pour le moment toutes nos destinations restent fermées”, nous confie-t-on en interne. Malgré ce contexte imprévisible, nos interlocuteurs restent positifs et plutôt confiants.
“Cet été, concernant l’offre de voyage en France, TUI permet aux vacanciers d’avoir accès à une riche sélection de voyages avec par exemple de très beaux clubs de vacances en Corse”, insiste l’entreprise.
“Pour le moment, il convient de respecter les consignes de sécurité imposées dans la plupart des pays du monde afin de ne pas propager le virus. Nous restons néanmoins positifs et recevons de nouvelles demandes pour la fin d’année et surtout 2021”, nous assure Grégory Delforge.
Le 2 juin en ligne de mire
Si aucune date officielle n’a été communiquée concernant la reprise des acteurs du tourisme, l’échéance du 2 juin semble se dessiner de plus en plus.
“Nous sommes prêts à ouvrir. Des bruits de couloir vont dans le sens d’une possible réouverture des établissements à cette date”, affirme Olivier Lachenaud. Du côté de Flower Campings, même son de cloche. L’enseigne communique d’ailleurs sur cette date et lance une offre spécifique appelée “Réservez décontractés” afin d’inciter les clients à bloquer leurs vacances d’été sans avoir à verser d’acompte ou à payer les frais de dossier.
“Nous sommes convaincus que le camping sera l’hébergement touristique qui offrira le plus de sécurité en matière de distanciation sociale et de mesures sanitaires. Là où nos confrères hôteliers travaillent par client au mètre carré, nous travaillons par hectare. Nous avons des capacités d’accueil et de distanciation sociale qui sont les plus fortes dans l’hébergement”, estime Florent Parnot. Les acteurs du tourisme restent toutefois lucides et savent que l’avenir est encore incertain.
“Pour le moment, nous ne savons pas comment cela va se passer. Nous n’avons pas, à date, encore d’annulation dans le cadre de l’ordonnance voyage publiée le 25 mars, sur les mois de juillet et août. En revanche, sur la semaine 16, il nous manquait 90 % des réservations par rapport à la même semaine en 2019 (l’interview a été réalisée le 21 avril, ndlr.)
”, ajoute Florent Parnot. De son côté, le fondateur de l’enseigne Camping Paradis confie :
“Il y a encore une dizaine de jours, je n’étais pas confiant mais j’ai retrouvé, à présent, mon optimisme. Il est clair que les annonces du 25 mai prochain sur la prochaine réouverture des bars et restaurants nous permettra d’y voir plus clair et de commencer une vraie commercialisation de nos offres. Il y a quand même en France 900 000 emplacements à remplir par semaine. Ce n’est pas rien. ” Selon la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air, le secteur a réalisé un chiffre d’affaires global d’environ 2,7 milliards d’euros l’année dernière. S’il est encore trop tôt pour réaliser une estimation pour 2020, Nicolas Dayot explique que le marché
“pourrait perdre 35 ou 40 % de l’activité, soit 1 milliard d’euros quand même !”
Article réalisé par Camille Boulate et Nicolas Monier.