Pour beaucoup de franchisés, leur exercice se jouera sur les deux derniers mois de l’année. Dans certains secteurs, cette période peut représenter jusqu’à près de 50 % des revenus. Autant dire que face à l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, une tension se fait sentir : rien ne doit être laissé au hasard pour ne pas rater ces semaines cruciales. Témoignages.
Dans certains secteurs d’activité, le dernier mois de l’année demeure incontestablement
une période cruciale qu’il ne faut pas rater. Nous avons donc voulu savoir comment les franchisés préparaient décembre. D’abord, force est de constater que tous feront appel à des renforts pour les épauler :
“J’ai pris un CDD en plus pour aider mon équipe ainsi que deux stagiaires. Noël, c’est le plus gros pic de l’année. Je m’y prends des mois à l’avance”, confirme Aurélie Nicaise, franchisée de la parfumerie Adopt à Bourg-en-Bresse (01). De son côté, Jean-Yves Leroux, directeur d’une boutique Leonidas à Paris (75) travaille avec son épouse. Et son fils qui vient de temps en temps donner un coup de main. “
À partir du 15 décembre, je serai également épaulé par trois étudiants afin que nous soyons cinq en boutique pour gérer l’activité qui devient très importante et multipliée par dix”, précise le dirigeant. Pour Thomas Granget, franchisé King Jouet en centre-ville de Grenoble (38), le parti-pris est autre. Il a choisi d’avoir un effectif important tout au long de l’année pour garantir une meilleure expérience client.
“Nous sommes huit collaborateurs en magasin toute l’année et c’est déjà beaucoup. Donc, pour les fêtes, nous ne recruterons que deux personnes supplémentaires. Pour les paquets cadeaux, nous faisons appel tous les ans à une association d’étudiants. Ils sont environ trois par jour, de début novembre à fin décembre”, indique Thomas Granget. Tout est affaire d’anticipation comme l’explique aussi Marina Dubosc, franchisée Beauty Success à Arès (33) :
“La nécessité est de bien pouvoir anticiper pour pouvoir former les extra recrutés pour la période qui a démarré le 25 novembre, avec le Black Friday. Nous passons de cinq salariés à huit en magasin.”
Hausse de l’amplitude horaire
Outre la nécessité de faire appel à des équipes supplémentaires, les franchisés savent également qu’ils devront
augmenter leur amplitude horaire pour générer le maximum d’activité. Si, de son côté, le franchisé King Jouet Thomas Granget indique que ses horaires resteront inchangés (10h-19h non-stop), il précise, en revanche, qu’il ouvrira les quatre dimanches d’avant Noël. Chez Leonidas aussi, le planning connait quelques modifications. “
En vue des fêtes, nous ouvrons le lundi alors qu’habituellement nous sommes fermés. Et le dimanche jusqu’à 19 heures, alors que la boutique, en temps ordinaire, n’est ouverte qu’en matinée”, mentionne le franchisé Leonidas Jean-Yves Leroux. En Alsace, où la période de Noel est traditionnellement très importante, Raoul Roehn et Laurent Sémeril, franchisés Emova Group (Monceau Fleurs et Happy) seront eux ouverts comme d’habitude 365 jours sur 365.
“Nous travaillerons même les 25 et 26 décembre matins alors qu’en Alsace, ces deux jours sont historiquement fermés. Si vous vous promenez à cette période en Alsace, vous verrez très peu de commerces ouverts. Noël ne représente pas notre pic d’activité, contrairement à la fête des mères ou la Saint-Valentin.”
Une logistique bien huilée
Bien évidemment, toute la question logistique nécessite, elle aussi, une préparation menée bien en amont. Jean-Yves Leroux (Leonidas) explique que l’enseigne livre sa boutique deux fois par semaine, le mardi et le vendredi,
ce qui évite d’avoir des ruptures de stock.
“La tête de réseau produit généralement 20 % à 30 % de plus que ce qui est commandé par les boutiques. N’oublions pas que nous travaillons avec des denrées périssables ! Et puis, nous sommes aidés par notre logiciel de caisse qui, grâce à l‘insertion de certaines données comparatives sur les ventes des années précédentes, nous permet d’avoir une meilleure connaissance de l’assortiment. Et par conséquent, de prévoir les quantités suffisantes au besoin”, précise le gérant. Pour Thomas Granget, tout se joue au salon Jouerama, réservé aux professionnels King Jouet qui sert de véritable son de cloche :
“Cet événement nous permet de voir les nouveautés de fin d’année et de s’engager auprès des fournisseurs. Pour mon cas, l’objectif, c’est qu’à la fin du mois de juillet, tous les engagements soient clôturés. Les arrivages se font d’août à fin novembre. Nous pouvons en avoir en décembre, mais il est préférable d’en recevoir le moins possible”.
Une logistique qui prend parfois une place considérable, comme le partage Aurélie Nicaise (Adopt). À cette période, elle réceptionne les livraisons par camion et pointe les palettes.
“Le manque de place pour stocker des produits en magasin me contraint de louer des cellules spécifiques à différents endroits du centre commercial, regrette la gérante.
Lorsque ma famille ne peut pas m’aider, je dois traverser seule le centre commercial avec mon caddie pour ranger, stocker et trier. D’autant qu’à cette période, le volume de marchandises est doublé.”
Multiplier les activités
Au-delà de toutes ces questions logistiques, la volonté des franchisés reste d’animer leur boutique au maximum pendant cette période des fêtes. À Strasbourg, Raoul Roehn et Laurent Sémeril (Emova) transforment leur point de vente Monceau Fleurs en véritable temple de Noël.
“Nous mettons en avant toutes nos décorations. Nous customisons la boutique pour nous démarquer. D’autant, qu’à Strasbourg, capitale de Noël, les touristes s’attendent à toute cette féérie. Nous jouons le jeu. Dans ce magasin de centre-ville, les décorations représentent, à cette période, 50 % de notre activité”, expliquent les deux associés à la tête de neuf boutiques en Alsace.
Il faut animer, animer et encore animer. Cela reste la clé comme nous l’explique Jean-Yves Leroux (Leonidas) : “
Tous les samedis et dimanches, avant Noël, nous animons le magasin avec un stand de chocolat chaud et de chocolats sur le trottoir afin de faire vivre la boutique et d’attirer du monde. La période représente tout de même 40 % de notre chiffre d’affaires.” Une période intense pour les franchisé interrogés qui mettent les mains dans le cambouis et restent plus que jamais dans l’opérationnel.
“C’est du non-stop. J’ai accueilli, ici, entre le 1er et le 14 novembre 2022, près de 3 000 clients, soit 264 personnes par jour en magasin !”, illustre Aurélie Nicaise (Adopt). Même constat pour Jean-Yves Leroux (Leonidas) pour qui le chiffre d’affaires est en progression constante depuis 2019 (entre 10 et 20 %) : “
Qui dit forte activité dit aussi queue sur le trottoir devant la boutique”, souligne le gérant qui continue à préparer les boites de chocolat et à gérer les précommandes. Même état d’esprit pour Marina Dubosc (Beauty Success) :
“Je suis dans l’opérationnel à 300 %. Mon rôle, dans cette période, est véritablement celui d’un chef d’orchestre qui encadre et dirige son équipe.”
Dans un contexte marqué par l’inflation sur le mois d’octobre 2022
(+ 6,2 % selon les derniers chiffres de l’Insee), tous les franchisés interrogés espèrent que la question du pouvoir d’achat ne viendra pas jouer le rôle d’arbitre dans le budget des Français. Les dépenses pour Noël 2022 seront-elles revues à la baisse ? Selon un récent sondage YouGov pour LSA, 51 % des Français interrogés envisagent de revoir leurs projets en raison de la crise du pouvoir d’achat et 85 % pensent rogner dans leur budget repas et cadeaux. Des signaux faibles qui, espérons-le, n’entacheront pas l’activité des commerçants déjà fortement pénalisés par la crise sanitaire.
Article réalisé en collaboration avec
Valentine Puaux et
Nathan Rayaume.
