Avec les confinements successifs et les restaurants à l’arrêt, l’année 2020 a connu une forte progression de la livraison. Selon une nouvelle revue stratégique publiée par le cabinet Food Service Vision, cette tendance devrait perdurer. Ainsi, la livraison devrait représenter 19 % du CA de la restauration commerciale en 2024. Explications.
L’année 2020 a été inédite à bien des points de vue. Un an après le premier confinement, les restaurants sont toujours confrontés à des fermetures administratives. Logiquement, les Français, en mal de sorties, se tournent vers la livraison. Dans sa deuxième revue stratégique dédiée au marché de la livraison, Food Service Vision pointe qu’en 2020 , 46 % des Français ont eu recours à la livraison (+ 6 points en un an).
“Il y a eu clairement une accélération du marché, explique Florence Berger, directrice associée de Food Service Vision.
Nous estimons que la livraison représente presque 5 milliards d’euros en 2020. Cela correspond à une hausse de 50 % depuis 2018, avec une accélération logique entre 2019 et 2020.”
Nouvelles habitudes
Aussi, la livraison devient plus récurrente pour les consommateurs. Parmi les Français qui déclarent avoir recours à ce mode de consommation, 50 % affirment se faire livrer au moins une fois par semaine.
“Clairement, avec la fermeture des restaurants, les motifs pour se faire livrer ont évolué. Ce n’est plus majoritairement dans un contexte professionnel, comme on pouvait le remarquer avant la crise, mais davantage pour du loisir et se faire plaisir. On observe désormais la même répartition entre les occasions professionnelles/loisirs en livraison que l’on pouvait observer sur de la restauration sur place avant la crise de la Covid-19”, souligne Florence Berger.
Si effectivement, l’importance de la livraison en 2020 est due à la demande découlant de la fermeture des restaurants, cela s’explique aussi par une offre qui s’est largement étoffée.
“Et cela de manière progressive au courant de l’année. Tous les restaurants n’ont pas mis en place la livraison au premier confinement. L’usage s’est aussi clairement renforcé côté des restaurateurs, notamment sur la restauration à table où 1 sur 4 propose désormais la livraison”, constate Florence Berger.
Diversification de l’offre
Parmi les produits plébiscités, le podium des plats déjà consommés avant la crise reste inchangé. La pizza, le burger et les sushis restent le trio de tête des produits les plus consommés en livraison.
“Il y a clairement des fondamentaux qui se consolident, admet Florence Berger. La pizza et le burger sont en forte progression.
C’est moins le cas pour le sushi, même s’il reste sur la troisième marche du podium. C’est peut-être un effet de saisonnalité car l’enquête a été réalisée en janvier. Mais il y a aussi le fait que d’autres alternatives saines émergent, comme le poke.” Plus largement, la cuisine asiatique continue de séduire grandement les consommateurs, notamment le soir. Après le trio de tête, arrivent effectivement la cuisine chinoise et la cuisine japonaise (hors sushi).
“Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de place pour la cuisine traditionnelle, au contraire. Nous voyons un certain nombre de restaurateurs qui ont proposé la livraison et qui fonctionnent. Il y a une vraie diversification de l’offre”, insiste la directrice associée de Food Service Vision.
Une évolution de l’offre qui permet aussi d’élargir la clientèle adepte de la livraison. Si 8 français sur 10 utilisant la livraison restent des jeunes âgés de 18 à 24 ans, Food Service Vision constate de fortes progressions chez les plus de 35 ans.
“C’est aussi peut-être lié au contexte de crise, mais quand nous analysons la consommation hors domicile, les plus jeunes ont été plus rapides à changer de contexte et à retourner chez leurs parents, par exemple. Ce qui a fait que la progression est très visible sur les générations plus âgées”, explique Florence Berger.
Quel avenir pour la livraison ?
Si la livraison connaît de belles performances à l’heure où les restaurants sont fermés, cela ce système peut-il durer ? Selon Food Service Vision, il est clair que ce nouvel usage s’ancrera sur le long terme. En témoigne notamment l’augmentation des dark kitchen.
“Ces offres qui existent uniquement en livraison se sont développées en 2020. Et cela risque de continuer”, affirme Florence Berger. Food Service Vision estime ainsi que le poids de la livraison en France devrait représenter, en 2024, 19 % du chiffre d’affaires de la restauration commerciale et peser ainsi 10,3 milliards d’euros. Et si la réouverture des restaurants va forcément impacter l’attrait des consommateurs pour la livraison à court terme, Florence Berger estime que sur le long terme, le marché va fortement continuer à se développer.
“D’abord parce qu’il y a une marge de progression encore importante. On estime que 30 % des Français n’ont pas accès à la livraison. La moitié d’entre eux seraient prêts à consommer en livraison si cela était possible dans leur zone géographique”, estime Florence Berger.
Et cette dernière de conclure :
“Aussi, les changements de mode de vie (développement du télétravail, cuisines qui sont plus petites dans les zones urbaines…) favoriseront ce mode de consommation. C’est certain, lorsque les restaurants seront de nouveau ouverts, la vente à emporter et la livraison vont se rétracter au profit de la restauration sur place. Mais nous n’avons pas de doute sur le fait que la livraison continuera de croître et de se développer.”