Parmi les franchises qui se sont développées au cours des dernières années, seules certaines survivront à l’effet de mode. Pour vous aider à y voir plus clair, nos experts passent à la loupe six secteurs d’activité : réussites, opportunités, pièges et incertitudes.
Le boom de la restauration rapide
Parmi les domaines porteurs, la restauration rapide s’inscrit dans une orientation durable marquée par un phénomène de renouveau, affirme Michel Bourel, président de la Fédération française de la franchise : “Aux salons de Marseille et de Lyon, j’ai constaté un engouement pour la restauration rapide, notamment en boulangerie-sandwicherie. Un succès qui s’explique par le désir des Français, qui mangent beaucoup à l’extérieur, de se faire plaisir avec des petits budgets, dans un esprit de convivialité.” Ainsi, le retour de Burger King en France en 2013 s’est caractérisé par un franc succès, avec 84 implantations fin 2016 et un chiffre d’affaires moyen de 4,76 millions d’euros par restaurant selon les bilans annuels du groupe. Plus haut de gamme, les chaînes de burgers gourmets dont le fer de lance est Big Fernand sont également très populaires, avec des concepts qui y joignent également le bio comme Bioburger : “Le burger a détrôné le jambon-beurre et chaque année de jeunes entrepreneurs montent des restaurants sur le thème du burger à la française”, détaille Franck Berthouloux, consultant chez Adventi franchise, qui met toutefois en garde contre le risque de saturation.
Autre tendance sur ce même segment, celle du “fast casual” : “L’analyse du marché dévoile une appétence des consommateurs pour des produits qualitatifs et sains, pour lesquels ils sont prêts à payer plus cher, à condition que l’addition reste raisonnable”, indique Franck Berthouloux. Là encore souligne Laurent Delafontaine, fondateur du cabinet Axe Réseaux, seules les propositions innovantes et originales réussissent à tirer leur épingle du jeu. Exemple : NéoBento, qui revisite le plat traditionnel japonais en proposant une cuisine équilibrée, servie dans un cadre chaleureux.
Dans l’alimentation, le succès du bio ne se dément pas
Bien que le secteur arrive à maturité, les supérettes bios continuent de se développer. Si le réseau coopératif Biocoop demeure leader du marché avec 382 magasins et 25 nouvelles boutiques par an en France en moyenne depuis 7 ans, La Vie Claire connaît aussi une belle progression avec 32 nouvelles ouvertures en 2016 pour un total de 285 points de ventes. Au-delà du bio, parmi les derniers nés de l’alimentaire, Laurent Delafontaine cite le concept d’épicerie en vrac Day by day, qui vise à limiter les emballages superflus. Le vin se porte également bien avec l’apparition de nouveaux acteurs comme Bibovino ou la Vignerie aux côtés du leader Cavavin.
Les services à domicile, pour accompagner les évolutions de la société
Autres réseaux prometteurs selon Michel Bourel, ceux dédiés aux services à la personne, qui élargissent progressivement leur offre : “Au départ les services se concentraient surtout sur le ménage et le repassage avec des franchises comme Shiva, aujourd’hui ils s’étendent à de nouvelles activités telles que la livraison de repas à domicile, les solutions d’aménagement pour les personnes vieillissantes ou encore les jardins thérapeutiques.” D’autant que face aux évolutions de la société, il y a encore beaucoup à faire pour le maintien à domicile des seniors insiste Franck Berthouloux. Avec toutefois certaines contraintes, l’état ayant durcit les conditions d’obtention des agréments dans le service à la personne indique Laurent Delafontaine.
Le bien-être et la minceur, une offre pléthorique
“Dans un climat empreint de morosité, les Français ont envie de prendre soin d’eux et les réseaux consacrés au bien-être progressent, des outsiders faisant leur place aux côtés des leaders comme Yves Rocher ou Marionnaud”, fait valoir Michel Bourel. Doté d’un budget annuel de 3,6 milliards d’euros, le marché de la minceur est également très porteur indique Franck Berthouloux, avec plus de 500 centres en France pour le spécialiste du coaching minceur Naturhouse. Autre créneau très rentable, celui des espaces de remise en forme où les charges sont faibles, souligne Laurent Delafontaine. Toutefois, met en garde Nicolas Charrara, consultant du cabinet Gagner en Franchise, l’offre est considérable et se caractérise depuis cinq ans par une vague de nouvelles ouvertures, qui ne s’inscriront pas toutes dans la durée.
L’habitat, au cœur de la transition énergétique
“L’habitat se porte bien et il reste beaucoup à faire, par exemple dans la construction de maisons ossatures bois qui représentent 80 % des ventes aux USA et seulement 4 % en France alors que c’est un système beaucoup plus rapide, sécurisant et écologique”, selon Laurent Delafontaine. La rénovation de toitures marche également très fort, de même que certaines innovations portées par la loi sur la transition énergétique : “La nouvelle loi a favorisé toutes sortes de concepts en lien avec les économies d’énergie, comme les boitiers qui permettent de réguler les performances énergétiques des maisons ou le spécialiste de l’éco-rénovation EnerConfort qui se lance en franchise à la suite d’excellents résultats commerciaux”, détaille Laurent Delafontaine. Autre réussite dans ce domaine révèle Franck Berthouloux, Isocomble, révélation 2015 de la franchise. Un engouement, qui, pour Michel Bourel, pourrait s’avérer n’être qu’un feu de paille en cas d’abrogation des incitations fiscales. Aux enseignes donc d’anticiper et de s’adapter.
L’immobilier, porté par les faibles taux d’intérêts
Bénéficiant des faibles taux d’intérêts de l’immobilier, le courtage en crédit immobilier fonctionne très bien, comme l’illustre le succès du réseau Artemis, qui propose également des opérations de courtage en crédit auprès des banques précise Franck Berthouloux : “Un nombre croissant de banques vont faire appel à des courtiers qui connaissent bien leurs produits commerciaux, il existe donc des opportunités réelles.” Un succès conditionné par la conjoncture pondère Laurent Delafontaine : “Si les taux bancaires remontent cela marchera moins bien, d’autant que la concurrence entre les agences est forte.”
Quel que soit le domaine d’activité, une donnée semble en tout cas faire recette à tous les coups : celle de la notoriété, comme en atteste le succès d’enseignes portées par l’image forte de leur fondateur comme Stéphane Plaza, ou historiques ayant depuis peu décidé de miser sur la franchise telles Darty.