La ville de Nantes a tout pour plaire. Bien que les commerces du centre-ville souffrent face à la concurrence des grands ensembles commerciaux situés à l’extérieur de la ville, les opportunités existent.
Si l’on en croit tous les retours d’expériences que nous avons pu récolter, Nantes est, en premier lieu, une ville où il fait bon vivre. “Beaucoup de Parisiens y déménagent car Nantes dispose d’opportunités professionnelles intéressantes et leur permet de trouver un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle”, explique Philippe Lefebvre, co-dirigeant du cabinet ST Developments, implanté à Nantes et spécialisé dans le recrutement de candidats à la franchise. “D’une manière générale, l’Ouest de la France est extrêmement dynamique notamment à travers les villes de Rennes et de Nantes”, ajoute-t-il. Un territoire qui formule de belles promesses pour l’ouverture de nouveaux points de vente à condition de prendre en compte les spécificités locales.
Une agglomération globalement dynamique
Nantes reste également une zone vivante en matière de franchise. “Selon les derniers chiffres dont je dispose, en 2012, 5 % des commerces étaient sous la forme de franchise et commerce associé dans la commune et son agglomération, explique Nicolas Douchement, commissaire général du Salon des entrepreneurs Nantes Grand Ouest, qui se tient les 19 et 20 novembre. Par ailleurs, la forte croissance du PIB de l’agglomération en fait l’une des zones en plus fort développement de France.” Rendez-vous annuel des futurs chefs d’entreprise, porteurs de projets et de toutes personnes souhaitant créer une activité, le salon propose, sur le même modèle que ses grands frères parisiens et lyonnais, de nombreux échanges et informations sur la création d’entreprise et notamment en franchise. Chaque année, l’événement mobilise 10 000 visiteurs et “environ 10 % d’entre eux sont originaires d’Île-de-France, précise Nicolas Douchement. Ils ont pour projet de s’installer dans le grand Ouest et cherchent des relais et des attaches.”
Le centre-ville à la peine
Concrètement, quand une enseigne souhaite se développer sur Nantes, elle peut choisir entre trois zones de chalandise, le Nord, le Sud et le centre-ville, sachant que la grande agglomération compte 850 000 habitants. “Dans Nantes intra-muros, le commerce ne représente que 23 % du commerce global de l’agglomération, insiste Philippe Lefebvre. Cette situation est principalement due à une forte présence des grandes surfaces autour de la ville.” Selon ce spécialiste, l’hypermarché Leclerc occupe largement le marché de l’alimentation au centre commercial Atlantis, le premier à avoir une galerie marchande qui rejoint directement le magasin Ikea. “Une idée ingénieuse, assure Philippe Lefebvre. Ce pôle commercial constitue un véritable centre-ville à l’extérieur de Nantes intra-muros avec un Apple store dans la galerie marchande, un magasin Lacoste ou encore un manège à l’ancienne. C’est une très grande réussite au niveau qualitatif.” Ce centre commercial accueille 50 000 visiteurs par jour, mais pour l’heure, il n’y a plus de local disponible. Pour concurrencer cette zone, il semble que le centre-ville se soit réveillé trop tard, notamment pour reprendre des parts de marchés sur l’alimentaire. Pour autant, un centre commercial y est actuellement en construction sur l’ancien espace de l’Îlot de la boucherie, qui devrait ouvrir ses portes d’ici à la fin de l’année. Le centre-ville de Nantes est en perte de vitesse. C’est également un constat dressé par Antoine Bertheas, président de Parabellum geographic insight, une agence notamment spécialisée dans le géomarketing et implantée dans la ville. “Dans certaines zones comme la rue du Calvaire ou la rue Crébillon, il y a des emplacements numéro un portés par de grosses locomotives, mais des positionnements de prix assez élevés, explique-t-il. En revanche, il est vrai qu’il n’y a plus beaucoup de belles boutiques dans le centre de Nantes.” Une situation pourtant facile à analyser, selon Nicolas Douchement. “Aujourd’hui, seuls 11 % des Nantais viennent faire leurs courses dans le centre-ville, car il y a des problèmes d’accessibilité et de stationnement.” “Beaucoup de commerçants indépendants à Nantes ont besoin de modernité, estime pour sa part Antoine Bertheas. Autant au niveau des produits en eux-mêmes que dans la communication et la manière de travailler.” D’ailleurs à y regarder de plus près, le taux de création d’entreprise dans le commerce atteint 18 % à Nantes, un chiffre inférieur à ceux relevés dans les villes de Rennes ou Bordeaux, ce qui montre qu’il y a encore du potentiel.
Anthoine Bertheas estime aussi qu’il reste, en ville, des espaces qui ne sont pas entièrement exploités, comme au niveau de la Tour de Bretagne, de l’hôtel Radisson. “Du côté de l’Île de Nantes, il commence à se passer des choses, ajoute-t-il. Il reste encore le dossier du parking Gloriette. Les porteurs de projets et la ville n’arrivent pas à se mettre d’accord en vue de l’éventuelle construction d’un centre commercial de centre ville. Il y a des contraintes de construction importantes avec la proximité de la Loire, on ne peut pas faire tout et n’importe quoi.”
Des zones commerciales compétitives
Face à ces difficultés, de nombreuses opportunités sont à saisir en dehors de la ville et notamment à l’Est de Nantes. “Cette partie du territoire est en train de changer et de se gentrifier, explique Antoine Bertheas. Une population plus à l’aise financièrement s’y installe. Ce sont des familles aisées qui souhaitent rester proches de Nantes. Sur cette zone, il y a vraiment des choses à développer.”
Le centre commercial Atlantis, évoqué précédemment, tire une grande partie de l’activité. Cet espace semble même faire pâlir les autres centres commerciaux à l’image de Beaulieu au Sud-Est de la ville. “Le parking est cheap, l’éclairage fait vieillot, il y a même des top franchises qui vont partir si le centre commercial ne se renouvelle pas”, témoigne un observateur, spécialiste de la franchise et implanté à Nantes.
De belles opportunités dans des secteurs divers
Concernant les secteurs florissants à Nantes et dans ses environs, “les plus prometteurs sont, en premier lieu, les concepts très différenciants, assure Philippe Lefebvre. La zone étant bien équipée en matière de commerces traditionnels et aussi en restauration rapide comme KFC ou Mc Donald’s qui occupent des positions dominantes. Je pense notamment à des enseignes comme Bo Concept, ou encore Larnicol, une enseigne de boulangerie originaire de Concarneau (Bretagne).” Selon les organisateurs du Salon des entrepreneurs de Nantes Grand Ouest, les secteurs les plus porteurs aujourd’hui sont l’alimentaire, mais aussi les enseignes liées au sport et à la détente. “Il y a une vraie carence, assure Nicolas Douchement. Il y a encore peu de temps, il y avait un vrai vide au niveau des enseignes de bricolage mais il a été comblé en grande partie cette année.” Par ailleurs, la finalisation de la réhabilitation de l’Île de Nantes avec le grand pôle commercial et d’activités nocturnes, va donner lieu à de nouvelles opportunités dans la restauration. “D’autres entreprises du secteur tertiaire sont en train de se créer autour de la Cité du design, mais aussi au niveau du quartier Nord, derrière la gare, actuellement très résidentiel,” ajoute Nicolas Douchement.
La ville de Nantes et ses environs se développent également grâce au tourisme. “Désormais les bateaux peuvent accoster directement dans la ville et le premier hôtel 5 étoiles vient d’ouvrir ses portes dans le centre”, informe Philippe Lefebvre.