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Franchiseur

“Le quick commerce pourrait capturer jusqu’à 10 % du marché urbain”

Après quinze mois d’existence, la start-up française de quick commerce, Cajoo, se voit rachetée par Flink. L’entreprise allemande espère ainsi davantage mailler le territoire français, comptant couvrir 6 millions de clients dans 9 villes de France, désormais entourée de son actionnaire, Carrefour. De quoi se questionner sur le rôle du commerce de proximité et faire réagir Clément Genelot, président equity research – retail et commerce chez Bryan, Garnier & Co.

Grand mercato pour le secteur de la livraison des courses express dans l’Hexagone. Après Frichti rachetée par Gorillas en mars dernier, c’est l’allemande Flink, qui reprend Cajoo. Cette société, cofondée par Henri Capoul en 2021, après une levée de fonds de 40 millions de dollars, et 400 000 téléchargements de l’application depuis son lancement, modifie en effet ses perspectives d’avenir, en vue d’une fusion avec cette dernière. Flink, fondée en 2020, qui prévoyait déjà d’ouvrir, en mars 2021, une cinquantaine d’entrepôts en France, et qui pèse aujourd’hui 2,1 milliards de dollars en bourse, s’apprête en effet à intégrer des magasins, jusqu’alors gérés par Cajoo. Après une levée de fonds de 750 millions de dollars en décembre dernier, Flink cible, au travers ce rachat, la région parisienne ainsi que 8 autres villes avec 30 hubs pour toucher 6 millions de potentiels clients. Et ce, toujours autour de la livraison rapide de produits d’épicerie, aux côtés de son actionnaire Carrefour. Le distributeur lui fournira une grande partie de son assortiment, de ses marques propres et de ses produits bio, précise un communiqué. Changement de marque prévu dans le courant du deuxième trimestre 2022 : exit Cajoo dont l’intégration dans l’application Flink sera finalisée d’ici l’été. Ces applications de quick commerce sont de plus en plus nombreuses. Qu’est-ce qui a dynamisé la tendance ?  En passant du temps chez eux, les gens se sont davantage tournés vers la commande en ligne et l’aspect pratique. C’était déjà une tendance de fond, mais elle a été mise en exergue par le confinement. Aujourd’hui, aucun acteur historique, de la grande distribution donc, n’a de dark store avec ses propres livreurs. Pour un retailer classique, les courses urbaines sont adressés via des magasins de proximité. C’est ce qui les différencie. Et puis, elles n’ont aucun intérêt à faire ça par rapport à leur marge. Et n’ont pas assez de temps pour que l’actif devienne rentable. Et cela crée des conflits d’intérêt avec leurs franchiseurs. Enfin, gérer une flotte de livreurs nécessite une expérience et des algorithmes aboutis. Uber Eats et Deliveroo ont d’ailleurs mis un certain temps à les développer. Que vous inspire le positionnement de Carrefour ? Diriez-vous qu’il se détache de Cajoo ? Le groupe lui a tout de même apporté un soutien financier de 40 millions d’euros… Flink ayant racheté Cajoo, Carrefour a juste transposé son partenariat opérationnel et la participation capitalistique de Cajoo à Flink France. Est-ce que cela remet en cause le magasin de proximité ? Ces applications fonctionnent avec des commissions. C’est le cas avec Uber Eats, qui augmente ses prix par rapport à ceux affichés en magasins. Uber Eats n’a de plus, pas la vision des stocks de l’enseigne. Raison pour laquelle certains de vos produits, lorsque vous commandez via ce type d’applications, sont remplacés au moment de la préparation de commande, au profit d’un assortiment plus large en rayon magasin. De l’autre côté, certaines enseignes de proximité gonflent aussi les prix de 20 %, comme Franprix par exemple, à l’inverse de ces applications, qui en général, les proposeront à plus bas prix et dans un délai moindre au client. La seule force de ces enseignes de distribution, c’est d’avoir des marques propres et un bon maillage. Par conséquent, les partenariats entre magasins et applis de livraison sont peu efficients. Etes-vous inquiet pour la grande distribution alors ? Reste à savoir si les enseignes traditionnelles sauront faire preuve d’agilité face à l’arrivée, par vagues, de ces services de livraison partout en Europe et ailleurs , comme en Amérique du Nord, en Amérique Latine, ou encore en Turquie. Notamment à l’heure où ces acteurs du quick commerce pourraient à terme capturer entre 7 et 10% des parts du marché urbain. Ce qui pourrait faire 2,5 milliards d’euros pour la France, bien qu’en petit format à l’échelle nationale, en comparaison avec le drive. Le drive faisant entre 9 et 10 milliards d’euros. L’avenir n’est donc pas encore tracé, selon vous ?  Les enseignes de grande distribution vont devoir ajuster leurs méthodes de rétribution, sinon ce sera de la perte de ventes au profit des concurrents. C’est inquiétant pour les grands groupes de distribution. À voir avec l’inflation si cela change les positionnements. On assiste à une diminution des acteurs qui se rachètent les uns les autres. Va-t-on vers une consolidation du marché ? Clairement, oui. Il n’y aura certainement de la place que pour 3 acteurs par pays. La consolidation s’opère à un rythme un peu plus rapide que je ne l’avais prévu. C’est accéléré parce que l’environnement géopolitique et financier actuel rend les levées de fonds plus compliquées.  

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