Le président de l’Union des entreprises de proximité (U2P) revient sur la situation actuelle des commerçants. Il nous donne son sentiment sur les hypermarchés et le dossier sensible Amazon.
Quel est votre sentiment sur le souhait de plusieurs fédérations d’empêcher la tenue du Black Friday ?
Je peux comprendre que les acteurs de ces filières veuillent une équité à tout prix. Les commerces de proximité sont fermés alors que les sites en ligne vont démarrer ces opérations promotionnelles. Je pense néanmoins qu’il ne faut pas chercher de boucs émissaires à tout prix. Nous pouvons voir que les courbes de propagation du virus commencent à s’infléchir. Certes, cela ne nous permettra pas de rouvrir le 12 novembre. Une réunion est prévue ce matin (9 novembre), à laquelle je participe avec les ministres Bruno Le Maire et Alain Griset. Nous devons impérativement pouvoir être en mesure de rouvrir complètement le 1
er décembre prochain. Les réouvertures partielles, impliquant des mesures sanitaires renforcées parmi lesquelles l’activité sur rendez-vous ou encore les jauges à redéfinir, sont assez problématiques. Ce qui est valable pour un coiffeur ou une esthéticienne l’est moins, à mes yeux, pour un libraire où une parfumerie.
Que pensez-vous justement de ces réouvertures partielles ?
Il va nécessairement se poser des questions de rentabilité. Est-ce que des règles désavantageuses pour les commerces de proximité ne les inciteront pas à rester fermés au regard des charges et autres coûts fixes ? C’est une vraie question. Globalement, il y des vraies notions d’équité à soulever notamment entre les hypermarchés et ces commerces locaux. Je ne suis pas convaincu, d’autre part, que les centres-villes et les commerces de proximité, soient de plus grands vecteurs de propagation du virus qu’un hypermarché. J’ai peur également que cela change les habitudes des consommateurs qui passent désormais plus de temps à aller au drive que dans leurs points de vente habituels.
Certains tombent à bras raccourcis sur Amazon. Quelle est votre position sur ce dossier sensible ?
C’est un autre dossier. J’estime que les mêmes règles de la concurrence doivent s’appliquer entre tous les acteurs. Il est nécessaire de pouvoir taxer de la même manière une surface commerciale qu’elle soit physique ou numérique. Mais encore une fois ! Inutile de rechercher des boucs émissaires, c’est un juste équilibre à trouver. Pour l’instant, tout le monde doit pouvoir travailler normalement et le plus rapidement possible.