Des perspectives de développement existent dans le secteur de la location de véhicules. Pour faire face à la concurrence, les loueurs s’adaptent à la clientèle et proposent toujours plus de services. Ceux qui sont proches du client et offrent des prestations de qualité parviennent à avoir de bons résultats*.
L’année 2014 s’est ouverte sous les meilleurs auspices pour la location de voitures. Au deuxième trimestre 2014, la location courte durée a enregistré une augmentation du nombre de contrats de 1,5 % par rapport au même trimestre l’année dernière, selon le dernier baromètre du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA)**. La croissance de l’activité des agences de locations de voitures (hors aéroports) reste marquée au deuxième trimestre 2014 (+ 3 %) par rapport à la même période l’année dernière. Et selon l’organisation, on ne comptait pas moins de 18 millions de locations de voiture en France en 2013 et 6,6 millions de locataires cette même année. De l’avis des professionnels, le secteur de la location de voitures est en effet porteur. “On observe un très bon dynamisme sur le marché de la location de véhicules pour les particuliers. Notre chiffre d’affaires global est en progression de 4 % sur la période de janvier à septembre 2014”, précise Denis Hercule, responsable du développement chez Rent a Car. Aujourd’hui, le marché se divise en effet en plusieurs segments. D’un côté, celui du développement qui propose des locations de voiture pour les clients qui souhaitent aller d’un point A à un point B. Les contrats types sont, par exemple, ceux auxquels on peut souscrire à l’issue d’un voyage en train ou en avion pour se rendre à l’endroit souhaité. “Ce marché s’adresse davantage à une clientèle d’affaires qui voyage et on retrouve sur ce créneau beaucoup d’enseignes anglo-saxonnes”, détaille Jean-François Charvat directeur de la franchise chez ADA. À l’opposé, le marché de proximité (constitué par les clients qui souhaitent se rendre à un point A et qui reviennent au point de départ) cible une clientèle diverse : les sociétés d’assistance, type Mondial Assistance, qui proposent des véhicules à leurs clients dans le besoin, les professionnels qui utilisent des véhicules pour leurs activités et les particuliers qui veulent une voiture pour leurs déplacements personnels (vacances ou déménagement, par exemple). Selon une étude GMV Conseil/CNPA***, les locations pour motifs privés, avec 62 % des contrats, devancent désormais nettement les motifs professionnels qui ne concernent plus que 27 % des locations. Les loueurs professionnels se développent aujourd’hui beaucoup sur le créneau de la proximité et notamment en ciblant les particuliers. “Nous implantons nos agences proches des clients notamment dans des zones de passages du centre-ville ou dans les zones d’activités industrielles en périphérie”, précise encore Denis Hercule.
Les nouvelles technologies au service de la location
La raison de ce développement : les Français font en effet particulièrement attention à leurs dépenses dans un contexte économique morose. “Le coût de détention d’un véhicule particulier tourne autour de 8 000 euros par an. Avec la baisse du pouvoir d’achat, les Français tentent d’économiser sur ce budget”, précise le directeur de la franchise chez ADA. Il rappelle que la voiture est le deuxième poste de dépenses des ménages français après l’immobilier. Pas étonnant donc que ces derniers réfléchissent à deux fois avant d’investir dans un véhicule. Pour faire des économies, un grand nombre d’entre eux se tournent vers la location. “On constate que certaines catégories de la population qui avaient deux ou trois véhicules s’en séparent notamment dans les milieux urbanisés, explique Jean-François Charvat. Dans les grandes villes, les gens utilisent les transports en commun ou des déplacements alternatifs.” Il précise d’ailleurs que posséder une voiture était une fierté pour les générations précédentes mais qu’aujourd’hui, ce n’est plus le cas. “Les 18-25 ans ne souhaitent pas détenir absolument un véhicule même s’ils bougent beaucoup. Les gens cherchent seulement le moyen le plus pratique et économique de se déplacer”, complète-t-il.
Et pour répondre à la demande, le secteur de la location de voiture est en pleine évolution depuis une dizaine d’années. Les acteurs sur le marché se sont diversifiés. À côté des loueurs traditionnels, Avis, Europcar ou Hertz pour ne citer qu’eux, de nouveaux acteurs ont fait leur apparition. “Les enseignes de la grande distribution se sont lancées sur le créneau. Carrefour, E-Leclerc ou Super U proposent désormais la location de voitures, principalement utilitaires mais pas uniquement, à des prix compétitifs. C’est un développement qui s’est fait sur la proximité car les grandes surfaces sont à côté des habitants”, explique André Gallin, président de la branche loueurs du CNPA et directeur de la franchise chez Hertz.
Autres acteurs qui ont fait leur apparition depuis quelques années en ville : les voitures électriques en libre-service. À Paris, les véhicules Autolib ont envahi la métropole depuis 2011 et à Lyon il est possible de louer une voiture Bluely depuis octobre 2013. “Ce système s’est développé dans toutes les grandes villes françaises. Les voitures électriques sont utilisées pour des trajets courts, détaille André Gallin. La location moyenne d’une Autolib’ dure 30 minutes.”
Sans oublier qu’il faut aujourd’hui compter également avec de nouveaux modes de location de véhicules entre particuliers. “Depuis quelques années, il est possible de louer sa voiture sur Internet quand on n’en a pas l’utilité, précise le président de la branche loueurs du CNPA. Les jeunes de 25-35 ans utilisent également le co-voiturage pour se déplacer pour des raisons de coût mais aussi pour le côté social car cela leur permet de rencontrer de nouvelles personnes.” Blablacar, Carpooling ou encore Karzoo proposent en effet aux Internautes des solutions de déplacement dans l’Europe entière à des prix défiants toute concurrence. À titre d’exemple, sur Carpooling, le trajet Paris-Toulouse se monnaye autour de 40 euros.
Louer son véhicule depuis son smartphone
Mais ces nouveaux acteurs sont-ils pour autant une menace pour les loueurs traditionnels ? Non, répondent en chœur les professionnels. “Ces nouveaux modes de déplacement ont créé un appel d’air mais ils ne ciblent pas la même clientèle que les loueurs, explique André Gallin. Ceux qui réservent une voiture dans un supermarché pour un déménagement demandent d’habitude à des amis de les aider. Au même titre, ceux qui utilisent le co-voiturage allaient peu dans les agences de locations.” Un sentiment partagé par Denis Hercule chez Rent a Car. “Quand un client a un besoin, il continue de se tourner vers une agence de location de voitures qui lui offre des garanties et une qualité de services. Les familles qui veulent faire 300 kilomètres pour partir en vacances louent un véhicule chez un professionnel.” Selon lui, la concurrence ne se joue pas avec les nouveaux acteurs du marché mais en réalité entre les différents loueurs professionnels déjà présents.
Pour se démarquer de la concurrence, les loueurs misent donc sur la qualité de leurs prestations et des véhicules mais aussi sur d’autres leviers, comme les prix afin de proposer des offres accessibles au plus grand nombre. Il est notamment possible de louer une voiture à partir de 19 euros la journée chez Hertz tandis que Sixt propose ses tarifs low cost à 29 euros par jour. Les loueurs développent aussi leurs réservations en ligne pour proposer à leurs clients plus de souplesse. 34,5 % des réservations s’effectuent désormais sur Internet et 35,5 % en agence, selon l’étude du CNPA. “Aujourd’hui, toutes les grandes enseignes proposent la réservation d’un véhicule depuis un smartphone. Une solution pratique et rapide qui correspond aux nouveaux modes de consommation”, explique André Gallin. Grâce à cela, le client peut désormais louer un véhicule sans être soumis aux horaires d’ouverture et de fermeture d’une agence de location. Pour encore plus de flexibilité, les loueurs proposent aussi des locations courte durée pour une heure, une journée ou même une semaine. “Aujourd’hui dans les grandes enseignes de location, il est possible de louer une voiture pour une heure alors que cela n’existait pas il y a encore quelques années”, note d’ailleurs le directeur de la franchise chez Hertz. Les clients n’en oublient pas pour autant le véhicule qu’ils souhaitent confortable et sécurisé. “La qualité du réseau et le choix des voitures à une importance. La clientèle jeune veut conduire le dernier modèle équipé avec les nouvelles technologies. La location rime avec plaisir et loisir pour eux”, détaille-t-il.
Des opportunités d’implantations en franchise
Pour se lancer sur le créneau de la location de voitures, le professionnel devra en effet se constituer un parc automobile qui représente un coût important. “Se lancer en indépendant est quasiment mission impossible, explique Jean-François Charvat chez ADA. Pour acheter un véhicule, il faut compter 18 000 euros hors taxes et pour démarrer, le professionnel doit avoir au minimum un parc de 20 voitures ce qui représente environ 360 000 euros.” Pour ceux qui n’ont pas les fonds, se tourner vers la franchise semble donc être la solution la plus avantageuse. Les réseaux mettent en effet à disposition des franchisés des facilités pour s’installer. “Notre centrale d’achat fournit les véhicules au franchisé. Cela lui permet de démarrer son activité sans avoir à disposer de fonds trop importants, détaille encore le directeur de la franchise chez ADA. Nous étudions les dossiers des candidats qui disposent au minimum de 50 000 euros.” Chez Rent a Car, les candidats à la franchise doivent posséder environ 80 000 euros de fonds propres. “Nous recherchons des profils d’entrepreneurs investisseurs qui ont des capitaux de départ pour financer le parc automobile. Le candidat à la franchise doit également avoir un bon sens commercial et le sens du client”, précise Denis Hercule.
Adhérer à un réseau de franchise permet en outre de bénéficier de la notoriété d’un réseau et de son savoir-faire. “Nos franchisés suivent des formations (accueil, développement commercial, gestion, etc.) et sont accompagnés au quotidien”, explique le directeur de la franchise chez Rent a Car. Il précise que les franchisés qui souhaitent rejoindre le réseau, qui compte 381 points de vente, ont des possibilités d’implantation dans le centre de la France, entre Blois et Clermont-Ferrand, dans le Nord de la Bretagne et dans certaines villes comme Amiens, Auxerre ou Angoulême. Le réseau ADA, avec ses 450 agences de location de voitures, continue lui aussi de mailler le territoire. “En France, il y encore des opportunités pour les franchisés de s’installer notamment en Île-de-France (Antony, Saint-Denis ou Créteil) et en province dans des villes comme Quimper, Besançon ou Blois”, explique le directeur de la franchise de l’enseigne. De l’avis des professionnels, il reste donc encore des possibilités de développement dans les zones où il n’y a pas encore d’agences de location de voitures et l’avantage du secteur est que les besoins de déplacements ne vont pas s’arrêter d’ici demain. “Les gens auront toujours besoin d’un véhicule pour aller d’un point à un autre ou pour transporter de la marchandise”, conclut Denis Hercule.
* Article publié dans le numéro de décembre-janvier 2015 de L’Officiel de la Franchise.
** Baromètre CNPA (n°21), les chiffres clés du commerce et de la réparation automobile. Juillet 2014.
*** Étude GMV Conseil/CNPA branche loueurs pour le marché des locations de véhicules courte durée (cumul de janvier à août 2014).