La franchise compte un grand nombre de succès commerciaux incontestables mais également quelques râtés. Si le système doit permettre à ses adhérents de gagner leur vie ou même de se constituer un patrimoine, mieux vaut bien se renseigner sur les taux de rentabilité moyens des enseignes pour avoir une idée plus précise de ce qui vous attend. Que vous ayez le souhait de vous verser un salaire rapidement ou que l’ouverture de votre franchise soit plutôt un placement, la rentabilité est un élément essentiel de votre réussite. Il est pourtant difficile de la mesurer de manière certaine. Voici quelques conseils pour vous approcher au plus près de la réalité.
La rentabilité de la franchise pourrait faire l’objet d’un vaste débat. D’ailleurs qui interroger pour répondre objectivement à cette question ? Car l’objet du commerce et a fortiori de la franchise n’est-il pas uniquement d’être rentable ? C’est pourtant l’une des informations les plus recherchées par les candidats à la franchise au moment du choix de leur réseau. 78 % d’entre eux se penchent sur la rentabilité de l’enseigne au moment de la création de leur projet. Ils analysent également l’antériorité du réseau dans 79 % des cas et s’intéressent davantage à la vie de l’enseigne et plus particulièrement à la satisfaction des franchisés pour 71 %.
Les points comptables à ne pas négliger
Le système de la franchise est, par ailleurs, souvent préféré par les créateurs d’entreprise car la notoriété de la marque, des produits ou services leur permet bien souvent d’atteindre une rentabilité plus rapide. “Même s’il paie une redevance, le franchisé a un certain nombre d’atouts au départ, confirme Jean-Luc Scemama, expert-comptable, commissaire aux comptes et fondateur du cabinet Expertise & Conseil. Les franchises qui durent ont compris l’intérêt du gagnant-gagnant. Les informations sur la rentabilité des réseaux sont de plus en plus nombreuses et accessibles, mais il est essentiel d’aller directement à la rencontre des franchisés déjà installés.”
Pour évaluer la rentabilité d’une enseigne, il faut déjà examiner les informations apportées dans le contrat et dans la mesure du possible se faire accompagner par des professionnels avocats et comptables qui seront les plus à même de repérer les éventuelles incohérences. “Ce qui n’empêche qu’il est essentiel pour le franchisé d’avoir un minimum de formation à la gestion, glisse cependant Jean-Luc Scemama. C’est primordial pour avoir une idée précise des performances qu’il est possible de réaliser à court et à long terme.”
La rentabilité d’une affaire tiendra, par la suite, à la qualité du business plan et des simulations effectuées concernant l’activité notamment sur les premiers temps. “L’affaire doit rapidement générer une rentabilité, c’est important pour qu’elle soit viable, rappelle Jean-Luc Scemama. Dans certains cas de figure, il faudra attendre deux ou trois mois, d’où l’importance du budget et de l’exactitude du business plan”. Dans ce cadre, il est important de rappeler que chiffre d’affaires et rentabilité ne vont pas nécessairement de pair. Une augmentation du chiffre d’affaires ne se traduit pas forcément par une augmentation des bénéfices et une entreprise qui enregistre un CA élevé peut n’en réaliser aucun. Selon un article publié par le cabinet Progressium sur le sujet, deux situations peuvent se présenter. Soit le chiffre d’affaires et les bénéfices suivent la même courbe, et donc l’entreprise est en bonne santé économique, soit le chiffre d’affaires augmente, mais les seconds diminuent, l’optimum du modèle est dépassé.
Les secteurs porteurs
Dans un premier temps si la rentabilité n’est pas au rendez-vous, le problème peut se trouver ailleurs que dans les tableaux comptables. Mauvais emplacement ou mauvais recrutement peuvent aussi être incriminés.
Si la plupart des domaines d’activité connaissent de beaux succès en franchise, certains secteurs ont la réputation d’être plus rentables que d’autres. “Mais un domaine porteur peut également comprendre quelques enseignes qui ont des résultats catastrophiques, tempère Jean-Paul Zeitline, directeur associé de Progressium. La restauration rapide peut citer des exemples de très grosses réussites avec des franchisés qui ont gagné beaucoup d’argent, mais il existe aussi des concepts où les partenaires gagnent mal leur vie. L’image de Mc Donald’s a bénéficié à tout le secteur.”
Parmi les domaines porteurs actuellement, on peut citer les agences immobilières et les courtiers en crédit financier, la restauration, l’équipement de la maison et aussi le service à la personne. “C’est un secteur jeune mais aujourd’hui certains franchisés gagnent très bien leur vie, assure Jean-Paul Zeitline. Les besoins sont grandissants et les réseaux sont bien organisés.”
Des lunettes de financiers
Il faut également savoir que la rentabilité peut recouvrir des réalités différentes. Un franchisé peut raisonner en tant que salarié et rechercher l’enseigne qui pourrait lui permettre de se payer le plus rapidement possible. Un autre, qui pensera plus en matière d’investissement, peut accepter un faible revenu pendant un moment, investir dans un point de vente et le revendre au bout de 5 ans. “Dans ce deuxième cas de figure, l’opération peut dégager beaucoup plus de résultats que s’il s’était versé un salaire, assure Jean-Paul Zeitline. Je conseillerai à un candidat à la franchise de regarder la rentabilité d’une enseigne en calculant sa rémunération et d’inclure dans son raisonnement la revente de son affaire au bout de 5 ans si tout se passe comme prévu. Cela peut complètement changer la phase de l’analyse.” À titre de repère, il faut qu’à la sortie, l’entreprise ait dégagé une rentabilité d’au moins 5 % par an pour que l’opération soit réellement intéressante.
Dans cette perspective, Jean-Paul Zeitline conseille de prêter une oreille attentive aux réseaux de petite taille qui, a priori, “ne payent pas de mine”, mais qui peuvent à la sortie dégager des taux de rentabilité de l’ordre de 20 %. D’une manière globale, il conseille de ne pas s’arrêter à la rémunération. “Le franchisé doit avoir une vision patrimoniale, sinon mieux vaut qu’il reste salarié”. Il y a d’ailleurs de nombreux concepts de franchise pour lesquels le franchisé ne peut pas se rémunérer la première année, ce n’est absolument pas anormal. “Une franchise, c’est un peu un placement, poursuit Jean-Paul Zeitline. Au-delà du bilan des franchisés, le franchiseur doit pouvoir vous donner les marges brutes moyennes ou encore les frais de personnel. Des indicateurs économiques supplémentaires qui permettent réellement de baliser le terrain.” Si le franchiseur n’est pas en mesure de vous apporter ce type d’informations ou ne le souhaite pas, cela doit éveiller les soupçons.