Pour un franchisé satisfait, difficile de gérer d’éventuels échos négatifs émanant d’autres membres du réseau. Quelle importance faut-il leur accorder et faut-il s’inquiéter ? Par Serge Méresse, cabinet Thréard-Bourgeon-Méresse & associés.
Un réseau de franchise est une entité composée d’unités différentes qui ont en commun l’enseigne, l’usage du savoir-faire et le concept commercial. Mais d’une ville à l’autre ou d’un emplacement à l’autre la situation, les conditions commerciales et les besoins de chaque franchisé seront différents car les investissements ne seront pas les mêmes, les financements non plus, les seuils de rentabilité, les points morts et les chiffres d’affaires également. À cela s’ajoute le fait que chaque franchisé gère son entreprise en fonction de sa personnalité, même si le franchiseur impose l’essentiel à savoir les charges de sa franchise (redevances, investissements) et les ressources du franchisé (marges et commissions par le contrôle des prix d’achat et de vente), sachant que le chiffre d’affaires du franchisé dépend aussi pour beaucoup des produits et de la politique commerciale définie par le franchiseur.
Analyser l’information
En cas d’écho négatif, si celui-ci vient d’un seul franchisé, la difficulté sera souvent spécifique (mauvais emplacement, étude de marché inexacte, tension personnelle avec le franchiseur, difficulté personnelle du franchisé). Mais si l’écho négatif vient de plusieurs franchisés, la difficulté devient collective parce qu’elle affecte tout ou partie du réseau (manque de savoir-faire, mauvais concept, augmentation des charges, diminution des marges, changement de stratégie du franchiseur, modification des contrats, cession du réseau, défaillance dans le devoir de conseil ou d’assistance, etc.). S’il est saisi d’une difficulté spécifique, le franchisé pour qui les choses vont bien pourra aider l’autre par ses conseils, sans se substituer au franchiseur qui reste débiteur de l’obligation de conseil et d’assistance inhérente au contrat de franchise. Mais s’il est saisi d’une difficulté collective, même s’il n’en perçoit pas encore les effets pour lui, son intérêt sera d’en traiter la cause pour ne pas en être victime plus tard. Faire l’autruche n’est pas responsable.
Comment procéder ? En analysant l’information qu’il reçoit, en la vérifiant, en se rapprochant des autres franchisés pour évaluer ensemble les effets des mesures critiquées, en informant le franchiseur des problèmes, en proposant des aménagements, en demandant de changer ce qui ne va pas, bref en faisant son travail d’entrepreneur qui participe à l’entreprise commune qu’est le réseau dont le franchiseur est certes responsable, mais pas propriétaire.
Rappelons que le réseau est une copropriété. Le franchisé qui réussit contribue à la notoriété du réseau. Il est donc légitime à défendre les intérêts du réseau et à remonter au franchiseur les difficultés spécifiques ou collectives dont il entend parler. Ce franchisé doit mettre ses compétences et son expérience au service du collectif y compris en agissant vers le franchiseur. C’est cela faire vivre l’intérêt commun.L’union des franchisés prend ici tout son sens pour défendre l’intérêt collectif du réseau ou l’intérêt d’un franchisé en difficulté. Union ou association, le regroupement des franchisés permet de canaliser les difficultés et de négocier leurs solutions dans un rapport de force qui est plus équilibré.