À l’occasion de la prochaine édition de la manifestation dédiée à la franchise, qui se déroulera du 20 au 23 mars, nous avons voulu savoir ce que les enseignes attendaient des candidats se rendant dans les allées du salon. Comment bien se préparer et ne pas perdre son temps au regard du nombre impressionnant de marques présentes sur place. Porteurs de projet et enseignes témoignent en expliquant ce qui a fait la différence dans le choix d’un réseau ou d’un futur partenaire.
Du 20 au 23 mars prochain se tiendra la 40e édition du salon de la franchise organisé porte de Versailles à Paris. L’occasion, après l’édition de septembre 2021, de retrouver la manifestation qui se tient, depuis sa création, à cette période habituelle. Lors de la précédente manifestation, l’événement avait attiré plus de 25 000 participants et quelques 513 exposants. Pour les candidats, l’occasion d’aller à la rencontre de tout un pan de l’économie représentant pas moins de 90 activités. Parmi les visiteurs, selon les derniers chiffres de RX France (anciennement Reed Expositions France), 79 % des participants viennent au salon pour créer ou développer leur entreprise en franchise tandis que 6 % ont l’objectif de devenir franchiseur.
Dans ses statistiques, l’organisateur révèle également que 51 % des visiteurs ont un apport de plus de 50 000 euros et près de 37 % détiennent plus de 75 000 euros d’apport personnel.
Dans le profil des personnes venant au salon, 93 % d’entre eux déclarent avoir une expérience en management, vente ou bien déjà dans l’entrepreneuriat. Signe que ces derniers se sentent prêts, ils sont ainsi 80 % à se déclarer aptes à se lancer d’ici un an et 36 % d’ici six mois. Si l’événement se tient à Paris, porte de Versailles, la part des visiteurs se répartit à l’équilibre entre les visiteurs venant de l’Île-de-France (50,30 %) et ceux issus de la province (49,7 %). Parmi les régions venant en masse au salon, on retrouve en tête l’Auvergne-Rhône Alpes, les Hauts-de-France, la Nouvelle Aquitaine, les Pays de la Loire et le Grand Est.
Le bon candidat de salon
Dans ce contexte, nous avons voulu savoir comment les participants, candidats et enseignes, se préparaient à cette quarantième mouture. Ce que les marques attendaient des visiteurs, porteurs de projet, venant sur le salon. Pour les enseignes, il est bon de le rappeler même si cela tombe sous le sens, il est impératif que le candidat sache à minima où il veut aller.
“Est-ce que le candidat souhaite se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ? La réponse à cette question marque le début de la réflexion car elle va engager une réelle modification professionnelle mais aussi personnelle. En effet, ce changement de statut peut engendrer un déménagement, une modification du rythme et de l’organisation familiale, et aussi avoir des conséquences financières. Tous ces paramètres sont à prendre en compte et font partie intégrante de la réflexion”,
explique Prisca Ingremeau.
Et la directrice développement chez Bagel Corner d’ajouter :
“L’autre point très important c’est l’appétence pour le secteur d’activité. Il est primordial que le candidat aime le domaine d’activité dans lequel il se lance, la majeure partie des contrats de franchise ont une durée de 7 ans, et en investissant parfois les économies d’une vie, il vaut mieux aimer ce que l’on fait ! »
Volonté d’entreprendre
Un constat partagé par Jean-Francois Auclair, directeur général de l’enseigne O2. Ce dernier voit passer trois types de profil sur le stand Oui Care
(Apef Services, O2, Nounou Expert, etc) au moment du salon. Des premiers visiteurs qui veulent créer une entreprise mais ne savent pas dans quel secteur. Des seconds qui ont choisi le secteur mais pas l’enseigne. Avec eux il est possible d’avancer plus vite car ils ont déjà creusé un peu plus le sujet. Et enfin, les troisièmes qui hésitent entre deux ou trois secteurs radicalement différents.
“Il est important que les candidats se soient renseignés en amont, en ayant visité le site web des enseignes, qu’ils aient lu des articles sur les réseaux et même réfléchi sur d’éventuels plans de financement. Il ne faut pas arriver sans rien”, explique Jean-Francois Auclair.
Ce dernier remarque aussi que dans son domaine d’activité, celui du service à la personne, la dimension humaine est primordiale.
“Nous ne vendons pas de produits. Il est impératif que les candidats réfléchissent bien à leur futur épanouissement dans ce métier-là.” Un avis partagé par Delphine Tusseau, directrice marketing, R&D et communication chez Memphis, enseigne de restauration d’inspiration américaine :
“Un candidat idéal doit être convaincu de sa volonté d’entreprendre et doit avoir préparer consciencieusement sa visite du salon. Il doit connaître les bases de la franchise, avoir une idée précise du secteur visé sur lequel il se sera renseigné, ainsi qu’une sélection d’enseignes établie en amont.” Même son de cloche pour Arnaud Le Coz, candidat et futur franchisé Babychou à Rouen venu au salon en septembre dernier. Après 13 ans chez Kiabi, ce dernier avait la volonté de changer d’orientation et de se lancer, comme le reste de sa famille, dans l’entrepreneuriat.
“Il est impératif, en amont, de sélectionner quelques enseignes que l’on souhaite adresser. Si l’on veut que cela avance, il faut obligatoirement faire cela à moins de passer les quatre jours sur le salon. Avec une idée du secteur, cela facilite bien évidemment la tâche.”
ChezMédor et Compagnie, enseigne animalière, les dirigeants expliquent que les candidats peuvent venir au salon avec une feuille blanche mais il est nécessaire de se renseigner sur la concurrence. En un mot comme en cent, voir ce que font les autres.
Rassurer les candidats
Pour faciliter la tâche des candidats, les enseignes font ainsi régulièrement appel à des franchisés historiques pour permettre aux porteurs de projet d’avoir une vision relativement claire de la vie de chef d’entreprise.
“Je viens avec mes propres mots pas ceux d’O2. Mon rôle est de permettre aux candidats d’éviter les désillusions. Car certains pensent qu’il n’y a qu’à s’assoir devant son bureau et que le business va se faire tout seul après avoir fait un chèque à la tête de réseau. Ce n’est pas le cas”, explique Thierry Duclos, multi franchisé O2 à Auray, Vannes et Ploërmel en Bretagne.
Et ce dernier d’ajouter :
“Il s’agit donc pour moi de réconforter les entrepreneurs qui savent que le développement ne va se faire tout seul. Et pour les autres, les éclairer sur la solitude du patron”. On le voit, toutes les enseignes, le disent. Pour que le salon soit le plus efficient et pour éviter de se balader dans les allées, il faut impérativement que le porteur de projet fasse preuve de curiosité. On ne saurait s’attendre à moins pour un futur gérant. Certains ne peuvent pas être prêts à un moment et avec la maturité déclencher leur activité. C’est le cas du couple Defache candidat pour un format de proximité Carrefour dans les régions des Hauts-de-France/Normandie. Après avoir passé vingt ans dans la grande distribution puis dans l’ameublement, il souhaitait, lui, se lancer, avec son épouse, dans un magasin de proximité. N’étant pas prêt et pas mobile, il y a trois ans, le couple a finalement enclenché sa décision il y a quelques mois.
“Il faut avoir un but, avant d’aller sur le salon, et pas se dire, je verrais directement sur place. Cela sans but ni idée. C’est contre-productif, d’autant qu’il y a tellement d’enseignes présentes”, explique Laurent Defache.
Sur place, en rencontrant les équipes de chez Carrefour, le couple a vraiment pu se rendre compte de ce qui était réellement possible de faire.
“Nous avons ainsi pu prendre plus d’informations sur le salon et nouer un premier contact concluant. Mais en amont, je conseillerai vraiment aux futurs candidats de se renseigner sur les réseaux, de lire la presse spécialisée, etc.”, poursuit le futur locataire gérant. Dans les prochains mois, le couple attend que se libère un magasin de proximité Carrefour (City, Contact ou Express), idéalement situé en zone rurale.
Un recrutement à deux niveaux
Côté enseigne, si certaines ne seront pas à cette édition, on pense à Babychou, d’autres y auront installé leur stand. C’est le cas du groupe Bertrand et de ses quatre enseignes (Au Bureau, Léon, Hippopotamus et Volfoni). Et là, les attentes sont bien réelles pour que le salon ne soit pas déceptif!
“Bien évidemment, nous serons présents sur cette nouvelle édition. Nous avons élargi notre stand et pour la première fois, Le Fournil de Pierre sera présent. C’est la première fois que nous présenterons, en réel, le concept à des potentiels candidats”, s’enthousiasme Régis Halbert, directeur du développement et de la franchise Brioche Dorée et Le Fournil de Pierre, avant d’ajouter :
“De manière générale, nous étions très contents de l’édition qui s’est tenue en septembre dernier. Nous avions eu des bons candidats. Globalement, nous avions reçu plus de candidats en 2021 que sur l’édition de 2019. Les porteurs de projets cherchaient véritablement à se lancer. Nous sommes déjà en train d’accompagner certains d’entre eux.”
De nombreuses enseignes vont profiter de Franchise Expo Paris pour présenter leur nouveau concept. C’est le cas par exemple de Cash Express, par exemple, qui comptent sur cette édition pour recruter de nouveaux candidats.
“Le dernier salon s’est très bien passé. Il y avait peut-être moins de visiteurs de manière globale. Mais nous avons, sur notre stand, constaté une hausse de prospects. Ce que l’on remarque, c’est la qualité des candidats qui s’étaient déplacés. Les profils étaient prêts, avaient déjà repérés les enseignes qui les intéressaient et allaient droit au but”, remarque Arnaud Guérin, directeur réseau et développement pour Cash Express.
Si le réseau Pomme de Pain présentera son nouveau concept en août prochain, l’enseigne sera bien présente au prochain salon.
“Il n’y a pas de mauvais candidats. Tout ce que l’on recherche ce sont des futurs gérants qui ont un projet et une motivation à rejoindre notre marque. Nous ne recherchons pas franchiser à outrance !”, note Nicolas Papageorgopoulos, CEO de l’enseigne.
Ne pas être déceptif
En effet, si les enseignes attendent beaucoup de cette manifestation, c’est aussi le cas des candidats qui souhaitent voir des réseaux très réactifs. Certains futurs chefs d’entreprises n’ont, certaines fois, pas la qualité de réponse attendue. D’autant que des porteurs de projets peuvent avoir une vision assez claire de ce qu’ils veulent faire.
“J’ai noué plusieurs échanges mais le réseau Babychou a été le premier à me recontacter. D’autres enseignes ne m’ont redonné signe de vie que presque un mois après la fin du salon”, observe Arnaud Le Coz. Même son de cloche pour Laurent Defache, futur locataire gérant Carrefour :
“Nous attendions vraiment, mon épouse et moi, des explications concrètes par rapport à ce que le réseau pouvait nous proposer. Mais c’est une prise de contact qui marche dans les deus sens. Côté enseigne mais également côté candidats! ”
Il faut également faire confiance à son futur franchiseur. Comme le souligne Thierry Duclos, multi franchisé O2 en Bretagne :
“Il ne sert à rien, pour le candidat, de vouloir tout réinventer. Une enseigne, ce sont des process qui ont été éprouvés avec les années et qui marchent.” On le voit, l’édition du salon de septembre dernier a peut-être fait naître des vocations chez nos concitoyens. Rappelons-le, et c’est important, qu’en dépit de la pandémie et du contexte économique actuel, jamais autant de Français n’auront, en 2021, créé d’entreprises.
Selon les derniers chiffres de l’Insee, sur l’année écoulée, 996 000 sociétés ont été immatriculées, soit une hausse de 17,4 %. Un nouveau record qui rappelle déjà les très bons chiffres de 2020.
Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, s’est d’ailleurs félicité, lundi 17 janvier, du nombre d’entreprises créées via son compte Twitter :
“Un record tout simplement historique.” De quoi donner des envies aux futurs visiteurs qui se rendront en mars prochain à la porte de Versailles.