À la faveur du télétravail, les comportements des particuliers comme des professionnels ont évolué tandis que la digitalisation s’est imposée également chez la plupart des enseignes. Comme dans beaucoup d’autres marchés, les acteurs de la filière font face à une pénurie sur les matières premières.
Dans l’une de ses récentes études, Xerfi estimait à 3 % le rebond du marché des articles de papeterie pour l’année 2021. “L’ensemble du marché des fournitures de bureau sera concerné par une dynamique similaire en raison des mutations profondes des pratiques des particuliers comme des professionnels en lien avec la crise sanitaire”, précisait alors le cabinet d’étude qui expliquait que les frais généraux des entreprises devraient repartir à la hausse avec la fin des confinements. Quoi qu’il en soit, les “superstores” ont globalement pu tirer les marrons du feu en cette période de crise.
Ces derniers ont ainsi vu venir de nouveaux clients dans leurs magasins. Si les télétravailleurs, durant le premier confinement, étaient tous globalement équipés, le second confinement de novembre a permis de renouveler le matériel pour rendre le travail plus confortable.
Comme le souligne GfK, les ventes d’articles de papeterie et de fournitures de bureau ont ainsi progressé de 3 % en 2020 dans les “superstores”. “Bureau Vallée a par exemple vu ses revenus bondir de 12 % en 2020 et a poursuivi l’extension de son réseau en 2020, avec l’ouverture de 15 nouveaux magasins malgré la crise. Le chiffre d’affaires de l’enseigne Hyperburo a quant à lui progressé de 5 % en 2020”, précise le cabinet Xerfi.
Avec le télétravail, difficile aujourd’hui de savoir si l’activité relève du BtoC ou du BtoB. Au sein de l’enseigne Bureau Vallée, 70 % du chiffre d’affaires est lié à l’activité professionnelle, le solde revenant aux particuliers. En revanche, en matière de flux dans les magasins, c’est l’inverse. Le gros des clients, (70 %) se déplaçant dans les points de vente, sont des consommateurs particuliers. “Il est vrai que le télétravail a changé la donne”, explique Adrien Peyroles, directeur général de l’enseigne Bureau Vallée. Digitalisation toujours. “Toutefois, les besoins en papiers, enveloppes et consommables (dont font partie les cartouches d’encre) ne retrouveront pas leur niveau d’avant-crise. De fait, ceux-ci seront tirés vers le bas par la numérisation des correspondances et documents”, poursuit Xerfi. Au sein de Bureau Vallée, on a vu la part du digital passer de 7 % à 14 %. Pas de quoi effrayer les franchisés de l’enseigne puisque 100 % du CA réalisé sur Internet est reversé au magasin qui gère la partie click and collect ou bien la livraison. D’autres acteurs soulignent des difficultés plus conjoncturelles en phase avec l’actualité dans d’autres secteurs. “Les niveaux d’approvisionnement ne sont pas bons. Il existe, vous le savez, une véritable pénurie de matière première. Y compris dans notre secteur. Une tension, par exemple, sur les cartouches d’encre”, explique Adrien Peyroles.
Concentration du marché
Force est de constater que ce marché des fournitures de bureau se consolide de plus en plus au gré des rachats. Le groupe Adveo, par exemple, exploitant à lui seul les enseignes Calipage, Plein Ciel ou encore Buro+. Un marché qui a vu récemment l’enseigne Office Depot France être placée en liquidation judiciaire. Certes, à l’été 2021, une partie du groupe avait été partiellement reprise par la coopérative Alkor. Tombée, on s’en souvient, en 2017, dans les griffes d’Aurelius, un fonds vautour allemand, Office Depot Europe a été, selon le CSE français, victime d’une mauvaise gouvernance.
“Alkor est le contraire de votre ancien actionnaire. C’est une coopérative solide qui existe depuis plus de 60 ans et dont les membres vivent de leur travail et privilégient une vision long terme”, expliquait la coopérative aux salariés dans une lettre ouverte pour les rassurer.
Par ailleurs, le groupe Raja a fait l’acquisition, en 2019, des enseignes JPG, Bernard, Mondoffice et Kalamozoo. De même, Bruneau s’est emparé des filiales étrangères du groupe Office Depot, Viking Spain (2020) et Office Depot Italia (mars 2021).
Mais outre les fournitures de bureau, les services aux entreprises, comme par exemple, l’expédition ou l’impression apparaissent comme un vrai relai de croissance. Dans le cas de l’enseigne Mail Boxes Etc., si les dirigeants proposent une offre de fournitures de bureau assez basique (plutôt à destinations des commerces, professions libérales et TPE), tout est axé sur les solutions d’expédition, d’emballage et d’impression. Si durant les trois confinements, les centres ont été fermés au public, l’activité impression a souffert mais l’enseigne a compensé par le segment des expéditions. D’ailleurs, en 2020, la filiale française aura enregistré une croissance d’activité de 20 %. “En 2021, nous devrions atteindre une croissance de 45 %”, explique d’ailleurs Lionel Dindjian, directeur général France Mail Boxes Etc. Et ce dernier d’ajouter : “J’ai le sentiment que beaucoup d’acteurs positionnés sur le seul segment de la fourniture de bureau veulent désormais aller vers le service aux entreprises pour compléter leur offre.”