Certains chefs d’entreprise jouent une partie de leur bilan sur les trois derniers mois de l’année. Avec les fêtes de fin d’année, les enseignes de jouet, d’épicerie fine ou bien encore de la high-tech sont dans l’œil du cyclone. Nous avons voulu savoir comment les gérants faisaient face cette période stressante. Entre anticipation sur d’éventuelles ruptures de stock et embauches supplémentaires pour épauler les équipes en place.
En pleine période de fêtes de fin d’année, en forte tension, les problématiques de recrutement sont dans toutes les têtes. Sans surprise, avec l’intensification de l’activité, les besoins se font ressentir pour épauler les équipes en place. Cette année, Thierry Neyret, franchisé de Neuville à Toulouse a fait appel à une personne supplémentaire.
“Notre travail de préparation des paniers commence dès le mois d’octobre. Ce renfort est indispensable”, explique ce dernier. Même constat pour les magasins King Jouet d’Annecy (Haute-Savoie) et d’Albertville (Savoie). Là aussi, si l’équipe est composée en temps normal de 13 personnes, Yannick Papetti, le franchisé des magasins va devoir recruter entre 6 et 8 salariés supplémentaires.
“Dans notre activité, l’humain reste la base du métier. Face à l’affluence, ces personnes vont permettre de compléter l’accueil et le service. C’est impératif. Nous essayons de les former en amont d’autant qu’ils nous rejoignent dès la fin du mois d’octobre”, précise le gérant.
Étoffer les équipes
En revanche, force est de constater que les difficultés de recrutement se font sentir. Gaëlle Faye, qui possède 15 magasins, dont six boutiques Les Comptoirs de Mathilde en Bourgogne-Franche-Comté et dans le département du Rhône, peut en témoigner :
“Chaque année, à cette période, pour embauchons du personnel en renfort. Normalement, nous doublons nos effectifs à cette période sur l’ensemble de nos magasins. Mais cette année 2021 est particulière car nous avons énormément de mal à recruter. On recherche en permanence de nouveaux collaborateurs.” Et cette dernière d’ajouter : “Face au manque de main d’œuvre, nous allons tous nous retrousser les manches et allons être sur le terrain tous les jours pour absorber la demande.” Sans surprise, les gérants vont devoir augmenter drastiquement l’amplitude horaire de leur point de vente.
“Durant ce mois de décembre, nous allons être ouverts 7j/7”, explique Yannick Papetti de King Jouet.
Même plan d’action pour les magasins Cash Express à Alésia (paris) et Fresnes (Val-de-Marne) qui seront ouverts tous les dimanches du mois de décembre. “Cela va monter crescendo. Les clients pourront également venir le lundi matin ce qui n’est pas le cas en temps ordinaire”, précise Guillaume Bertinet, gérant Cash Express.
Des risques de pénurie ?
Bien évidemment, tous ont en tête les problématiques d’aprovisionnement et les risques de ruptures de stock face notamment aux difficultés d’acheminement. Pour Guillaume Bertinet, gérant Cash Express, l’inquiétude ne se fait pas, pour le moment, sentir.
“Les ruptures concernant les produits reconditionnés ne nous impactent pas encore. Les clients continuent de toujours vendre leurs articles. Notre espace de reprise enregistre de bons taux de fréquentation. Seuls, nos fournisseurs d’articles neufs commencent à répercuter des hausses de prix.” Pour Jean-Pierre Galera, directeur général de l’enseigne multimédias Hubside Stores, les problèmes de stocks, dans le reconditionné, peuvent être rencontrés par ceux qui commandent des lots de produits aux USA ou en Asie.
“Nous avons notre propre circuit et nous auto-alimentons nos magasins grâce aux produits que nous reconditionnons via nos clients assurés mais aussi par les rachats directement effectués en magasins auprès des clients.”
Plus généralement, face aux risques éventuels, les têtes de réseau ont vivement encouragé leurs franchisés à bien anticiper en amont leurs commandes pour éviter les mauvaises surprises et autres déconvenues.
“Nous avons commencé tôt la mise en place des références dédiées à la fin de l’année. Cela nous a permis de livrer les magasins et de suivre la montée en charge au fil de la saison. On pense que c’est une stratégie qui va rester. Car on voit que l’on gagne tous en agilité. Le franchisé a ainsi le temps de se préparer, de ranger la marchandise et de préparer ses équipes de vente avant le rush de novembre”, remarque Philippe Kratz, directeur général de l’enseigne Le Comptoir de Mathilde. Pourtant, ce dernier constate, qu’avec l’effet Covid, l’enseigne commence à ressentir les répercussions des fermetures des fournisseurs durant les confinements. Avec comme conséquence un décalage de livraison sur les packagings.
“C’est essentiellement sur ces produits que nous sommes impactés car nous produisons plus de 80 % de nos références. Mais les retards sur les packagings entraînent forcément des problématiques de composition des panières, coffrets cadeaux, etc.”
Des commandes en amont
L’anticipation, cela semble être la nouvelle règle actuelle. La boutique de Neuville tenue par le franchisé toulousain n’a pas échappé à la règle. Le dirigeant a passé ses commandes depuis presque huit mois. Les réceptions ont eu lieu en octobre pour bien préparer les emballages. Des réassorts sont possibles en cas de nécessité mais aucune difficulté majeure n’est encore à souligner. Anticipation encore et toujours pour le gérant King Jouet à Annecy et Albertville pour qui hausse du tarif des matières premières et explosion des coûts de transport sont une mauvaise équation.
“J’ai aujourd’hui entre 5 à 10 % de stock en plus par rapport à la même période l’année dernière. J’ai fait rentrer la marchandise beaucoup plus tôt que d’ordinaire. Depuis juillet/août alors qu’en temps normal, c’était plutôt en septembre/octobre”, explique Yannick Papetti.
Attention, pas de panique. Pour Philippe Gueydon, PDG de l’enseigne King Jouet, il ne faut pas parler de pénurie. Il y a, pour ce dernier, de la marchandise, du stock et de l’offre.
“Nous avons aidé nos affiliés pour qu’ils puissent anticiper leurs approvisionnements de manière à limiter les ruptures. Si c’est malheureusement le cas, nous essayons de communiquer des informations précises à nos chefs d’entreprise pour qu’ils aient l’information la plus pointue sur l’arrivée du produit. Afin qu’ils puissent avoir des réponses précises à donner à leurs clients.”
Une fin de saison déterminante
Au-delà de toutes ces considérations, on l’aura compris, pour les franchisés interrogés, il ne faut pas se louper durant cette période cruciale.
“Entre novembre et décembre, nous faisons entre 30 % à 40 % de CA en plus”, explique Guillaume Bertinet, franchisé Cash Express. Jean-Pierre Galera, directeur général de l’enseigne Hubside Stores abonde dans ce sens :
“La période de Noël est clé pour notre activité. Elle commence au Black Friday. Ce sont des semaines importantes pour le secteur high-tech. Le mois de décembre représente plus du double de l’activité d’un mois normal. Il est donc essentiel d’être au rendez-vous.”
Dans le secteur du jouet, même analyse. Chez King Jouet, le CA du secteur du jouet était à + 4 % à la fin du mois de septembre. Si les spécialistes sont à + 8 % sur le début de l’année, King Jouet performe plutôt bien car l’enseigne est à + 19 %.
“Je ne vois pas pourquoi ce marché en progression par rapport à l’année dernière s’inverserait du jour au lendemain”, remarque Philippe Gueydon. Le marché de l’épicerie fine joue gros également mais il y a fort à parier que les Français continueront à se faire plaisir et à faire plaisir
. “Le chiffre d’affaires de Noël représente 40 % de notre activité. Cette année, nous avons lancé la période de Noël dans nos boutiques dès le 11 octobre”, explique Philippe Kratz, directeur général de l’enseigne.
Une confiance de mise
Si ce dernier pensait que les consommateurs étaient en train d’anticiper, dès octobre dernier, leurs achats de Noël, il se rend compte finalement que la tendance ne s’arrête pas.
“On va largement dépasser les chiffres de 2020, qui étaient déjà bien meilleurs que 2019 car il y avait eu une vraie euphorie en novembre à la réouverture des magasins.” Sa multi-franchisée Gaëlle Faye ne dit d’ailleurs pas autre chose. Bien au contraire !
“La fin d’année est une période clé car les mois de novembre et décembre représentent plus d’un tiers de notre CA annuel. En matière de fréquentation, nous sommes plutôt confiants. Nous pensons que nous allons faire une bonne fin d’année. Nous avons l’impression que les consommateurs reviennent dans les magasins. Les flux dans les centres commerciaux repartent. Et nous constatons que le centre-ville est très dynamique”, note la gérante avant d’ajouter :
“Le Black Friday, qui se déroule le dernier vendredi de novembre va vraiment donner le ton de cette fin d’année. Même si l’opération va cannibaliser certaines ventes de Noël, les consommateurs anticipant de plus en plus leurs achats, on pense néanmoins que cela va donner un vrai coup d’accélérateur.”
Gourmandise toujours avec le chocolat. Pour Thierry Neyret, franchisé de Neuville à Toulouse, la confiance est de mise. Ce dernier a constaté un regain d’activité en octobre.
“Pâques est pour nous une période très courte contrairement à cette période de fête qui démarre traditionnellement en novembre pour s’achever en janvier. Pour l’instant, je suis optimiste sur le bon déroulement de l’activité.” Il faut rappeler, à ce sujet, comme le souligne le Syndicat du Chocolat, que Noël représente, en France, un chiffre d’affaires de 665 millions d’euros pour une consommation avoisinant les 30 000 tonnes.
Article réalisé avec Camille Boulate.