La transparence est de plus en plus érigée en vertu majeure par les chefs d’entreprise et les managers, pour fidéliser leurs collaborateurs. Mais un franchisé doit-il vraiment tout dire à ses équipes ?
Nombreuses sont les entreprises qui se targuent d’avoir inscrit la transparence dans leurs chartes de valeurs. Mais quel intérêt pour un dirigeant ou un manager de jouer cette carte ? Notamment dans des start-ups, ou dans de petits commerces faisant partie d’un réseau de franchise ?
“Quand on manage une équipe, il est important de créer une bonne cohésion, et une relation de confiance. Or, la transparence, au sein du groupe, mais aussi plus largement à propos de l’activité, est une porte ouverte sur la confiance et la loyauté. C’est aussi un moyen de motiver les salariés et de leur faire atteindre des objectifs : ils ont besoin de connaître l’évolution des projets”, explique Caroline Morizot, fondatrice du cabinet CM Franchise.
Dire ou ne pas dire ?
Ne pas être transparent peut facilement être perçu par un collaborateur comme de la malhonnêteté. Le risque de cacher des choses est d’autant plus grand qu’il est de plus en plus difficile, aujourd’hui, avec le Web, de garder certaines informations secrètes. Mais si communiquer avec les personnes avec qui l’on travaille est primordial, faut-il pour autant tout dire à ses équipes ?
“Le franchisé et son manager doivent essayer d’en dire un maximum, mais certains sujets nécessitent une certaine confidentialité. Il s’agit d’informations en rapport avec la gestion de l’activité, ou liées au franchiseur”, remarque Caroline Morizot.
Mieux vaut ainsi garder confidentiels des projets relatifs à de nouveaux marchés, à l’acquisition de nouveaux clients, ou encore à des prestations externes.
“Par contre, tout ce qui est lié au développement de la société, en particulier les chiffres, sont à partager, afin d’emmener les collaborateurs vers des objectifs”, ajoute la conseillère en franchise.
Dire ce qui va bien, mais aussi ce qui ne va pas
La transparence est du reste un moyen de souder une équipe.
“Il faut bien sûr garder une certaine discrétion par rapport à chaque collaborateur, par exemple s’il vous parle de ses problèmes personnels ou de ses difficultés : il y a un besoin chez le salarié d’être écouté, sans qu’il y ait de fuites. Mais malgré tout, le bon fonctionnement d’une équipe passe par la transmission d’informations régulières et par des points d’équipe, afin que chacun, quel que soit son poste, se sente motivé et responsable de sa mission”, explique Caroline Morizot.
Être transparent ne signifie pas pour autant transmettre uniquement les informations qui font plaisir à tous.
“Il faut dire ce qui va bien pour encourager les personnes, mais il faut aussi partager avec elles des mauvaises nouvelles, des messages difficiles, en assumant la prise de risques que cela comporte, car certains ne sont pas toujours prêts à tout entendre. Mais les individus préfèrent toujours la vérité à l’incertitude, et il n’est pas possible de garder une situation tendue qui pourrait en fin de compte nuire à l’activité. Dire les choses permet en outre d’impliquer les salariés, notamment pour trouver des solutions à un problème. Un franchisé trouvera plus facilement de bonnes idées à travers sa troupe”, remarque la consultante.
Se reposer sur ses managers ou son franchiseur
Au franchisé, donc, de tenir ses salariés informés, directement, ou à travers quelqu’un dont c’est le métier.
“Tout le monde n’est pas fait pour manager, et certains franchisés sont plus ou moins diplomates, ou mal à l’aise face à certains sujets : Il faut aussi savoir s’entourer, et apprendre à déléguer, quitte à se reposer sur des chefs d’équipe, si la taille de l’entreprise le permet”, indique Caroline Morizot.
Dans ce cas de figure, pour éviter les maladresses, il sera important de valider en amont la personne qui devra annoncer une nouvelle, le moment le plus approprié, et la manière de l’aborder.
Un franchisé hésitant face à la transparence ne doit pas non plus hésiter à demander conseil à d’autres personnes : “il peut s’agir de confrères, via des clubs d’entreprises et des pôles d’entrepreneurs locaux ; d’autres franchisés ; ou encore d’un animateur de réseau, qui peut être un vrai référent”, note Caroline Morizot.
“Faire partie d’un réseau est une chance, il faut l’exploiter, car vous êtes indépendant, mais jamais vraiment seul”, conclut-elle.