Entre le conflit en Ukraine, les répercussions énergétiques et l’inflation galopante, la question du pouvoir d’achat est sur toutes les bouches. En dépit de cette période chaotique, les porteurs de projet continuent de lancer leur activité. Nous avons voulu savoir ce qui les motivait et quels conseils pouvaient-ils donner à celles et ceux qui hésiteraient encore.
En dépit du contexte actuel, les chiffres publiés le 19 juillet dernier par l’Insee sont assez éloquents :
“En juin 2022, le nombre total de créations d’entreprises tous types confondus rebondit : + 4 % après une baisse de 4,5 % en mai 2022”, précise l’institut. Ce dernier remarque également que les créations d’entreprises classiques se redressent plus fortement
(+ 8,2 % après une baisse de 6,8 %) que les immatriculations de micro-entrepreneurs (+ 1,3 % après – 3 %). Si l’Insee ne détaille pas ce qui concerne les seules créations en franchise, force est de constater que les concitoyens n’ont pas hésité à se lancer. À l’occasion de ce dossier, nous avons voulu savoir ce qui les motivait et sur quels points il fallait être particulièrement vigilant. Force est de constater que, sans surprise, la question de l’approvisionnement revenait régulièrement. À l’image de
Guillaume Lefebvre, adhérent BigMat qui vient de reprendre un point de vente en Normandie :
“Ce n’est pas la première fois que nous créons, avec mon frère, des entreprises en période de crise. Nous nous sommes déjà lancés en 2008 en pleine crise des subprimes !, avoue ce dernier. Sur la question de l’approvisionnement, nous avons aujourd’hui trois millions d’euros de stock en plus. Mais il faut acheter au prix, sinon on ne vous livre pas. Nous parvenons à gérer ces problématiques avec du paiement comptant et des engagements de volume à six mois sur certaines familles de produits.”
Anticiper au maximum
Guillaume Lefebvre n’a d’ailleurs pas hésité à
se servir de son PGE (prêt garanti par l’État) pour acheter du stock et recruter dans son entreprise. Une stratégie d’anticipation qui est véritablement la pierre angulaire de ces chefs d’entreprise. Un constat ainsi partagé par Enric Lelong, ancien animateur Bureau Vallée et nouveau franchisé de l’enseigne depuis juin 2022 dans la ville du Mans (Sarthe). Là aussi, tout repose sur l’anticipation des commandes de fournitures.
“Nous favorisons les circuits courts pour limiter les impacts et anticipons jusqu’à trois mois à l’avance les volumes pour tenir les prix et pouvoir concurrencer la papeterie.” Un cercle vertueux pour tous les maillons de la chaîne, lorsque le réseau garantit des volumes conséquents à ses fournisseurs et assure aux franchisés Bureau Vallée
“une centaine de produits à prix bloqués en 2022 pour les clients.” Le commerçant est donc mis au défi d’avoir du stock en continu.
“Surtout que pour la maroquinerie, tout est quasiment commandé un an à l’avance avec l’appui de la centrale de référencement”, remarque Enric Lelong. À des kilomètres de là, le discours de Cédric Robillard, ancien responsable de centre-automobile Point S et nouveau adhérent de l’enseigne depuis le mois de mai à Montmélian (Savoie), va dans le même sens. Le gérant a déjà passé commande pour l’hiver et constate que la chaîne d’approvisionnement se tend en matière de pneumatiques.
“Depuis la crise de la Covid, les clients sont plus regardants sur les prix et sur les marques au dépourvu de la qualité. Surtout pour les pneus. Or, le choix se restreint. Certaines marques seront indisponibles durant tout l’hiver puisque fabriquées en Chine. Je dois me tourner vers d’autres marques pour m’assurer d’avoir toujours du stock. Et les pneus ont pris au moins 20 % avec l’inflation”, développe-t-il.
Enfin, Rémi Boglio, cofondateur des restaurants Bohébon et multi-franchisé sous d’autres enseignes,
veut limiter ses frais supplémentaires.
“Cela commence par réduire le coût des emballages par de la vaisselle. Et à privilégier des recettes plus rapides à réaliser par souci d’originalité, de goût et de coût, donc. Hors de question de recevoir du tout prêt, sauf s’il n’y a pas de plus-value à le faire nous-mêmes. Le rapport coût /main d’œuvre est tout vu ! Nous évitons un intermédiaire et les industriels”, précise ce gérant. Il a également mis en place une borne électronique de commandes pour économiser un poste, en termes de masse salariale. Anticipation toujours : il peut faire appel au réseau en cas de manque de personnel en salle.
“Nous nous attendons à de nouvelles restrictions avec la période actuelle, mais il faudra de nouveau s’adapter. Nous avons mis en place des managers itinérants pour les équipes.C’est une logistique différente, mais nous y arrivons.” De quoi se parer pour l’avenir, puisque l’entrepreneur envisage en plus de la franchise, 50 ouvertures en propre prévues d’ici trois ans avec Carrefour-Carmila.
Article réalisé en collaboration avec
Valentine Puaux.
Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro 223 de septembre 2022 de l’Officiel de la Franchise, actuellement en kiosques.