La fédération du commerce spécialisé a dressé un nouveau bilan, ce mardi 26 octobre. Si la situation se redresse petit à petit, Procos alerte sur les différents enjeux qui attendent les commerçants dans les mois à venir.
De nombreux défis attendent les commerçants ces prochains mois. C’est l’enseignement principal de la conférence de presse organisée, mardi 26 octobre, par Procos. La fédération du commerce spécialisé a dressé un nouveau bilan et a fait part de sa vision pour les mois à venir.
“Ces 18 derniers mois ont été très chahutés, annonce d’emblée Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos
. Ce que nous remarquons reste qu’au fil des confinements, l’impact a été de moins en moins forts. Surtout, à chaque réouverture, les consommateurs sont revenus dans les magasins, ce qui est très rassurant. Même si le pass sanitaire a eu son impact, surtout sur les centres commerciaux.” En effet, la période estivale pour le commerce spécialisé s’est déroulée en demi-teinte. Si l’alimentaire spécialisé a continué de performer (+12,5 %), d’autres secteurs comme la beauté/santé ou l’équipement de la personne sont en souffrance. En septembre, l’évolution du CA en magasins est en progression de 3,4 % comparé à 2020 et de 1,3 % par rapport à 2019. Sur octobre, Emmanuel Le Roch précise : “
Il est encore trop tôt pour donner des chiffres. En moyenne, je pense qu’on sera sur une légère hausse de 1 % avec toutefois un sentiment de baisse de fréquentation à la fin du mois.”
Report de consommation
Plus globalement, sur la période de janvier à septembre 2021, Procos constate de véritables changements d’habitudes de la part des consommateurs. Des évolutions qui se ressentent particulièrement sur certains secteur d’activité. L’alimentaire spécialisé continue de progresser (13,1 % vs 2019) tandis que les marchés de la beauté / santé (-25,3 % vs 2019) et de l’équipement de la personne (- 20 % vs 2019) sont en forte baisse.
“Il y a clairement eu un changement des habitudes liées au télétravail et à l’épidémie. Par exemple, avec le masque, les consommateurs ont eu moins besoin de maquillage”, illustre Emmanuel Le Roch. Et le travail à distance a aussi impacté les flux de fréquentation.
“Sur les métropoles, c’est une inquiétude. Car l’effet de la pérennisation du télétravail va se faire sentir sur les lieux de commerce. Mathématiquement, il y a aura un report de la consommation au profit des lieux de vie des consommateurs”, insiste Emmanuel Le Roch. Et plusieurs éléments font que Procos reste plutôt optimiste pour les mois à venir : la situation sanitaire s’est fortement améliorée grâce à la vaccination, les consommateurs ont retrouvé confiance et on envie de consommer.
“Les Français disposent d’une épargne disponible importante, estimée à plus de 150 milliards d’euros, et souhaitent se faire plaisir. On pourrait tout à imaginer que cette épargne soit utilisée et dépensée au profit du commerce spécialisé”, souligne Laurence Paganini, présidente de Procos et directrice générale de l’enseigne Kaporal.
Des pénuries à prévoir
Malgré ces signaux positifs, la fédération se veut toutefois prudente pour le long terme.
“Il y a quelques nuages tout de même, affirme Laurence Paganini.
Nous rentrons dans une période présidentielle qui n’est jamais propice à la consommation. Et l’inflation repart à la hausse, notamment sur l’énergie.” D’autres ombres au tableau risquent de venir assombrir l’activité des commerçants. L’une des craintes les plus fortes reste les problèmes d’approvisionnement et les risques de rupture de stock. Selon les chiffres de Procos, seulement 13 % des commerçants estiment que les problèmes d’approvisionnement n’impacteront pas leur activité en cette fin d’année.
“Il y a un fort niveau d’inquiétude, notamment sur des secteurs clés comme le jouet. On constate aussi une hausse des coûts de fabrication des produits de 5 % à 15 % (hors transport). Des hausses qui sont impossibles à répercuter sur les prix finaux et qui risquent de provoquer un écrasement des marges pour les commerçants. Clairement, 2022 risque d’être une équation difficile à résoudre à ce niveau-là”, insiste Laurence Paganini.