Connaître un échec quand on lance son entreprise est malheureusement monnaie courante : selon l’Insee (avril 2021), seules 61 % des entreprises seraient pérennes après 5 ans d’existence. Pourquoi ne pas se relancer en franchise ? Cela permet de rompre la solitude et de bénéficier d’un accompagnement… À condition d’appliquer la recette du franchiseur.
Comme de nombreux chefs d’entreprise, Maxime Gérard a connu un échec entrepreneurial : à la tête d’un magasin de cuisines traditionnel, il a fait la douloureuse expérience d’un dépôt de bilan. Une épreuve difficile qu’il a réussi à transformer en succès : il est aujourd’hui à la tête du réseau Cuisines Venidom.
“Dans ma première expérience, le magasin et les salariés représentaient des charges trop importantes, analyse-t-il.
J’ai donc réfléchi à un concept qui permette d’optimiser la rentabilité”. Après un an de réflexion naît l’idée d’un magasin de cuisines roulant, via un camion équipé qui permet de présenter les produits aux clients mais aussi et surtout de réduire les charges. Lancé en 2011, ce concept s’est ouvert à la franchise en 2015. Au-delà de faire profiter ses franchisés de son concept innovant, Maxime Gérard partage avec eux ses échecs… afin qu’ils bénéficient de son expérience, bonne comme mauvaise.
“Les entrepreneurs qui se lancent seuls manquent de conseils, de suivi, d’aide au démarrage, etc.”, avance-t-il, insistant sur l’aide que son réseau apporte à ses franchisés, que ce soit au niveau de la communication, de la gestion, de la technique, du juridique ou encore des prix négociés avec les fournisseurs. C’est d’ailleurs cet accompagnement qui a motivé Wilfried Corneau à rejoindre le réseau Cuisines Venidom, après une première expérience comme indépendant dans la décoration et l’aménagement intérieur.
“Lorsque j’étais seul à la tête de mon entreprise, je devais tout faire, de l’alimentation du site Internet à la participation à des salons en passant par le référencement. Toute cette partie non visible prend du temps. Du temps que l’on ne consacre pas à la prospection”, indique-t-il.
En s’affiliant à une enseigne, Wilfried Corneau n’a plus besoin de s’occuper ni de l’aspect communication ni de l’aspect administratif et peut se consacrer pleinement au développement de son entreprise. Il vient de débuter mais sait déjà qu’il a bien fait de ne pas se relancer seul dans l’aventure entrepreneuriale.
“Trouver un franchiseur qui avait une bonne idée était moins compliqué que de repartir seul”, conclut-il.
Prise en charge des fonctions “support”
Un des avantages de rejoindre une franchise c’est en effet de simplifier son métier de chef d’entreprise.
“Beaucoup de décisions sont déjà prises comme le choix d’un logiciel de gestion, la PLV, etc., énumère Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé de Franchise Management.
Il ne reste plus qu’à les installer”. Surtout, le franchiseur prend généralement en charge de nombreuses fonctions dites “support” comme la communication ou le juridique. Chez Répar’Stores, la tête de réseau répond même au téléphone et aux e-mails à la place de ses franchisés. “
Nous nous occupons de toutes ces activités chronophages, les pans de l’activité sur lesquels les franchisés n’apportent pas de valeur ajoutée. Cela leur permet de se concentrer sur leur activité commerciale et leur relation client”, indique Guillaume Varobieff, directeur général de Répar’Stores. Et donc d’être plus efficace. Entreprendre en franchise c’est aussi s’offrir une méthode, un concept qui a normalement été testé et éprouvé par le franchiseur.
“On ne se lance pas dans une activité non rentable comme cela peut être le cas lorsqu’on entreprend seul. Cela permet de limiter les échecs”, souligne Guillaume Varobieff.
Et d’entreprendre sereinement après avoir, justement, connu des déboires en tant que chef d’entreprise. “
Toutes les fausses bonnes idées ont déjà été tentées”, ajoute Sylvain Bartolomeu. De plus, le concept est souvent connu des consommateurs et certains clients sont ainsi déjà acquis sans avoir aucun effort de communication à fournir, la renommée de la marque agissant seule. “
Une marque forte et reconnue génère des flux. Et une grande enseigne peut investir en TV ou radio, ce qui n’est jamais le cas quand on se lance seul. C’est l’une des grandes différences”, souligne Jean-François Auclair, directeur général de O
2 Care Services. Non seulement on accède à un concept éprouvé, à des services support mais aussi à une réelle force de frappe et à de la notoriété. Autant d’éléments qui permettent d’aller à l’encontre d’un nouvel échec entrepreneurial.
Halte à la solitude de l’entrepreneur !
Autre élément intéressant à souligner si l’on décide de se lancer en franchise après un premier échec en tant que chef d’entreprise : cela permet de faire partie d’un réseau et donc de bénéficier non seulement des conseils et de l’aide de son franchiseur mais aussi des autres franchisés.
“L’animateur est là pour vous aider à donner le meilleur de vous-même mais, surtout, on peut facilement appeler un franchisé qui a rencontré les mêmes problèmes. Il y a moins de solitude en franchise”, observe Sylvain Bartolomeu.
“Quand on entreprend seul, on fait face à ses problèmes seul. En franchise, on peut appeler un animateur, un collègue franchisé… On est entrepreneur mais pas isolé”, poursuit Laurent Delafontaine, dirigeant et co-fondateur du cabinet Axe Réseaux.
Maxime Gérard parle lui aussi du soutien que s’apportent mutuellement les franchisés de son réseau, via le partage de bonnes pratiques et de bons plans. “
On est plus fort ensemble”, résume-t-il. Cette communauté d’entrepreneurs que représente un réseau de franchise est encore plus intéressante si elle est organisée afin de permettre l’innovation. Certains réseaux constituent des comités qui réunissent des franchisés autour de sujets différents afin de permettre de faire émerger des idées innovantes. L’innovation est d’ailleurs également l’un des moteurs des franchises, qui peuvent intéresser tout entrepreneur, tant cela est difficile quand on est seul à la tête de son entreprise.
“Un chef d’entreprise a souvent la tête dans le guidon et n’a pas le temps de réfléchir, de projeter son activité dans le futur. La tête de réseau réfléchit en permanence et permet de se projeter à 5 voire 10 ans et donc de prendre les bonnes décisions pour le futur”, pense Guillaume Varobieff.
Tirer le bilan de son échec
Si la franchise semble être le moyen idéal pour rebondir après un premier échec entrepreneurial, il s’agit cependant de bien réfléchir avant de prendre sa décision. Sylvain Bartolomeu insiste sur la nécessité de tirer des leçons de son échec avant de se relancer, même en franchise. “
Un échec peut vouloir dire que la personne n’est tout simplement pas faite pour l’entrepreneuriat”, met-il en garde, soulignant que même en franchise un chef d’entreprise reste un chef d’entreprise qui doit accepter de prendre des risques.
“La franchise peut venir en aide à un chef d’entreprise qui fait face à des difficultés dans la gestion ou d’ordre technique ou qui éprouve un fort sentiment de solitude”, résume-t-il, avant d’insister : “
Il faut se poser des questions sur les raisons de son échec et les avantages que pourrait apporter une franchise.” Laurent Delafontaine invite aussi à se montrer honnête vis-à-vis de son état psychologique : il ne faut pas être ressorti trop meurtri de sa mauvaise expérience pour pouvoir de nouveau entreprendre.
Retrouver confiance
À noter que cette réflexion et analyse permettra, de plus, de rassurer les franchiseurs qui pourraient se montrer frileux face à un entrepreneur qui a connu un échec. “
Il va falloir expliquer au franchiseur les raisons de l’échec et les leçons qui en ont été tirées”, recommande Laurent Delafontaine. Même si les têtes de réseau que nous avons interrogées pensent que ce travail de digestion est nécessaire, elles ne se sont pas montrées réticentes à accueillir un entrepreneur qui aurait connu une première expérience non concluante. “
Connaître un échec lorsque l’on crée une entreprise est malheureusement un risque élevé”, reconnaît Jean-François Auclair.
“Un entrepreneur qui échoue une première fois et qui retente l’aventure c’est quelqu’un qui est fait pour entreprendre, considère Guillaume Varobieff. Nous prenons au contraire comme une belle reconnaissance de pouvoir accompagner dans leur réussite des chefs d’entreprise qui ont échoué seuls ou avec une autre enseigne”.
C’est d’ailleurs le cas de certains franchisés du réseau Repar’Stores. Le directeur général de l’enseigne pense qu’au-delà de ce travail de réflexion, la confiance est déterminante : l’entrepreneur doit retrouver confiance en lui mais aussi avoir confiance en l’enseigne qu’il rejoint.
“Nous incitons fortement les franchisés qui souhaitent nous rejoindre après un premier échec entrepreneurial à rencontrer des franchisés Répar’Stores pour s’assurer qu’ils font le bon choix”, rapporte Guillaume Varobieff. Ce qui permet de repartir dans l’aventure entrepreneuriale plus sereinement.
Accepter le principe de la franchise
Un chef d’entreprise qui s’est lancé seul et décide, dans un deuxième temps, de rejoindre une franchise doit aussi prendre conscience des grandes différences qui existent entre les deux modes d’entrepreneuriat. Certes, on bénéficie en rejoignant un réseau, d’un concept reconnu, d’un accompagnement, d’une communauté, d’une notoriété… Mais il faut accepter d’être aussi moins libre dans ses décisions et de suivre à la lettre le mode d’emploi donné par le franchiseur.
“Entreprendre en franchise c’est appliquer le savoir-faire de l’enseigne, adhérer à un état d’esprit. Il ne faut pas avoir une personnalité trop indépendante”, avance Jean-François Auclair.
Ce qui peut être difficile si l’on a connu une première expérience en étant seul à la tête de son entreprise. Sylvain Bartolomeu parle quant à lui d’humilité
. “Il faut accepter de repartir de zéro. Les franchisés les plus performants sont souvent ceux qui n’ont aucune expérience du métier”, remarque Sylvain Bartolomeu. Il s’agit donc de mettre son ego de côté et de faire confiance au franchiseur. Autre difficulté : le coût. Se lancer en franchise représente parfois un lourd investissement et il faut pouvoir réunir le montant de l’apport mais aussi verser la redevance, ce qui n’est pas forcément évident quand on a connu un dépôt de bilan. Mais cet effort financier peut valoir le coup. “
On peut préférer verser 5 % de son chiffre d’affaires et avoir plus de chance de réussite que de recommencer seul et échouer à nouveau”, argumente Laurent Delafontaine. À chacun de choisir la meilleure formule en fonction de sa personnalité et de ses moyens.