Digital, recrutement des candidats et éco-responsabilité sont autant d’enjeux pour les enseignes. Si certains secteurs ont inévitablement tiré leur épingle du jeu en 2021, de nouvelles tensions vont très probablement apparaître liées au contexte géopolitique actuel.
C’est une traditionnelle conférence de presse qui donne le “la” sur ce qu’a été l’année passée. La dernière enquête annuelle 2021 de la franchise réalisée par la FFF, Banque Populaire et Kantar est un bon indicateur du moral des enseignes. Elle n’échappe pas une nouvelle fois à la règle. Tout d’abord, quelques chiffres sur le profil des franchiseurs : ils sont 46 % à proposer une activité dans le commerce et 54 % dans les services. La moyenne d’âge des enseignes se situe autour de 23 ans et le nombre de points de vente se situe, en moyenne, autour de 143 dont 102 en franchise. Côté chiffre d’affaires,
l’alimentaire pèse encore 24,13 milliards d’euros (-3,5 % VS 2020, +0,3 % vs 2019), une vraie locomotive, très loin devant
l’équipement de la maison (8,9 milliards d’euros, +11,8 % vs 2020, +14,2 % vs 2019), l’activité
commerces divers (6,75 milliards d’euros, +11,2 % vs 2020, +4,9 % vs 2019),
la restauration rapide (6,39 milliards d’euros, +17,9 % vs 2020, -1,4 % vs 2019) et enfin
l’équipement de la personne (5,5 milliards d’euros, +17,9 % vs 2020, -8 % vs 2019).
Avec la crise sanitaire, en 2021, force est de constater que l’accompagnement a été au cœur des solutions proposées aux franchisés. Si 88 % des enseignes ont mis en place des initiatives pour renforcer l’animation du réseau, près de 83 % d’entre elles ont cherché à faire évoluer leur concept pendant cette période délicate. Parmi ces évolutions, de nouveaux process de vente, l’évolution de la gamme ou encore la rénovation du concept architectural. Les franchiseurs ont aussi cherché à renforcer les formations (81 % d’entre eux) à destination de leurs gérants. Autre enseignement : avec la pandémie, l’éco-responsabilité semble s’imposer de plus en plus au sein des enseignes. Ainsi, 15 % des franchiseurs envisagent de développer une offre de seconde main.
“C’est très nouveau. Auparavant, pour les enseignes, leur marque n’était pas compatible avec la notion de seconde main”, explique Florence Soubeyran, responsable des marchés commerce et franchise au sein de la Banque Populaire.
Et cette dernière d’ajouter :
“Dans les prochaines années, la notion d’éco-responsabilité sera peut-être dans le trio de têtes des conditions choisies par les futurs franchisés avant de se lancer avec tel ou tel réseau.” Les enseignes ne s’y trompent pas (pour 84 % d’entre elles) qui ont observé que la crise sanitaire à créé de nouvelles attentes chez leurs clients. Ils sont d’ailleurs 9 franchiseurs sur 10 à juger qu’il est important de s’engager activement en faveur de l’éco-responsabilité.
Bien évidemment, le grand gagnant de la crise reste incontestablement l’explosion du digital. Ainsi, l’enquête nous apprend que 2 franchiseurs sur 3 ont mis en place de nouveaux canaux de vente. Parmi les fonctions les plus avancées développées par les enseignes, on peut noter l’implantation de la prise de rendez-vous online (50 %), la vente en ligne (48 %) et le click and collect (39 %). À noter, en revanche, que le recours aux marketplaces reste encore peu utilisé par les marques. Seuls 23 % des franchiseurs y sont présents (+6 points par rapport à 2019). Outre le digital, la sélection des franchisés apparaît désormais comme un enjeu de développement majeur. Pour près de 83 % des franchiseurs, loin même devant l’animation du réseau (69 %).
“Un tiers des franchisés ne trouve pas le bon candidat et le bon emplacement au bon moment”, explique l’enquête qui révèle également
“qu’un autre tiers juge ne pas avoir assez de candidats.” Partant de ce constat, la moitié des enseignes favorisent donc l’émergence de candidats au sein même de leur propre réseau.
Parmi les autres sujets d’actualité soulevés à l’occasion de cette conférence, les conclusions attendues sur les premières Assises du Commerce qui se sont tenues en décembre dernier. La déléguée générale de la Fédération française de la franchise, Véronique Discours-Buhot, s’en est d’ailleurs émue auprès des journalistes présents.
“Nous n’avons toujours pas les résultats de ces Assises. J’ai assisté à une partie des tables rondes. Les échanges ont été pertinents et riches d’enseignements. Il faut alerter le gouvernement pour qu’il fasse remonter rapidement les conclusions et que ces dernières ne soient pas condamnées à dormir dans une armoire. Nous attendons beaucoup de choses, notamment sur le gel de la hausse de l’indexation des loyers commerciaux.” Réalisée en 2021, cette étude ne prend pas évidemment pas en compte le contexte géopolitique très tendu. Durant l’année écoulée, ils étaient près de 98 % de franchiseurs à être confiants quant à l’avenir de leur réseau.
“Il est évident que la crise en Ukraine aura des conséquences. Les incidences seront fortes même si nous encore incapables d’en mesurer à l’heure actuelle les conséquences”, explique Bertrand Magnin, directeur du développement chez Banque Populaire.
Par ailleurs, alors que la fédération Procos s’était récemment émue de la prolifération des “dark stores” ou autres “dark kitchens” dans les centres-villes des métropoles, la déléguée générale de la FFF a été plus mesurée dans son approche.
“J’estime que nous ne pouvons pas aller à l’encontre de ce que veut le consommateur. Il y a encore trop d’achats plaisirs qui ne sont aujourd’hui pas captés. Il faut libérer l’utilisateur des contraintes liées aux achats chronophages et travailler à le faire revenir en magasin justement pour se faire plaisir”, estime Véronique Discours-Buhot.