Aujourd’hui les nouveaux entrepreneurs optent massivement pour la création plutôt que pour la reprise d’un fonds de commerce existant. Et les futurs franchisés ne font pas exception à cette règle ! En France, on dénombre un peu moins de 60 000 transactions de reprises d’entreprises* contre plus de 800 000 créations par an* ! Existe-t-il des arguments objectifs à cette tendance ? Quels sont les avantages et les inconvénients de chaque situation ? Olga Romulus, Expert-comptable chez Fiducial.
La création d’entreprise franchisée parait plus simple et moins coûteuse. Un futur franchisé a souvent tendance à aborder son projet par la création d’un point de vente sur un territoire à conquérir en imaginant le déploiement de sa stratégie. Les réseaux de franchise sont d’ailleurs bien organisés en ce sens et proposent souvent spontanément les zones libres où peut s’installer un futur franchisé afin d’augmenter le maillage du territoire de l’enseigne. Par contre, la prise de risques semble plus importante. En franchise, on va certes bénéficier des effets de levier de la marque, du savoir-faire, du concept et de l’assistance au démarrage mais beaucoup de choses restent à construire !
Être sécurisé par un existant
La notoriété locale, la conquête de parts de marché, la concurrence sont autant de challenges à relever pour le nouveau franchisé. Et le banquier peut se montrer parfois plus difficile à convaincre s’agissant d’un nouveau point de vente dont le potentiel existant reste à démontrer. La reprise du fonds d’un franchisé permet d’être sécurisé par un existant. L’existence du fonds de commerce sous enseigne sur la zone est clairement un élément qui permet de rassurer les partenaires financiers en présentant des données historiques ainsi qu’un éventuel accompagnement temporaire par le cédant (crédit-vendeur, location-gérance).
Néanmoins, le nouveau franchisé va devoir reprendre l’intégralité des éléments qui composent le fonds de commerce (clientèle, emplacement, droit au bail, etc.) ainsi que les équipes en place avec qui il devra faire preuve de pédagogie pour imposer son style de management. Par ailleurs, la valorisation du fonds de commerce va devoir faire l’objet d’une attention particulière pour en estimer le juste prix. Se porter acquéreur d’un outil de travail en état de marche est plus onéreux, mais permet souvent un retour sur investissement plus rapide. En règle générale, le financement de ce type de projet va donc nécessiter un apport personnel plus conséquent.
Création ou reprise, n’oublions pas l’essentiel !
Le choix entre la création ou la reprise est souvent une discussion de spécialistes financiers ou fiscalistes mais, ce qui compte vraiment, c’est que la cible visée corresponde au projet personnel du porteur de projet en franchise.
Les caractéristiques de l’emplacement peuvent aussi privilégier la reprise à la création, ou inversement, selon les circonstances liées à l’évolution de la zone de chalandise ou la réglementation du bail commercial (activités autorisées, règlement de copropriété, révision du loyer). L’essentiel n’est pas forcément ce qui a été fait mais le réel potentiel de la zone et les facteurs clés de succès liés à l’adéquation du profil du nouvel entrepreneur avec le projet.
Enfin, reprendre un point de vente existant ne dispense pas le futur franchisé de passer toutes les étapes de sélection de l’enseigne. En effet, un droit d’agrément est demandé au franchiseur et parfois celui-ci peut également faire jouer son droit de préemption. D’autre part, dans la majorité des cas, un nouveau contrat de franchise est également signé. n
* Source statistiques INSEE – Février 2021