Depuis des semaines, l’enseigne Conforama était suspendue à l’obtention d’un PGE ou à une potentielle reprise de son activité par un nouvel actionnaire. Le dénouement serait proche. En effet, comme nous le confirme la CFE-CGC, un accord entre l’Autrichien Lutz et Conforama aurait été trouvé. La signature devrait avoir lieu d’ici le 1er juillet. Explications.
La crise du Covid-19 a accéléré les difficultés financières de l’enseigne Conforama. Depuis plusieurs semaines, le réseau spécialisé dans la vente de meubles est dans l’attente d’une solution viable. D’abord conditionnée à l’obtention d’un Prêt garanti par l’État (PGE), la survie de Conforama dépendrait aujourd’hui de la reprise par le groupe autrichien Lutz, propriétaire notamment du réseau But, par sa filiale Mobilux. Mi-mai, Mohammed Chadli, délégué syndical centre CFE-CGC, nous confiait que la meilleure solution pour Conforama était d’obtenir le PGE et se disait frileux face à l’idée d’une cession des 165 magasins au concurrent But, déjà intéressé par l’enseigne.
“Nous étions très prudents, en effet. Notre priorité était de sauvegarder l’emploi. Mobilux avait fait une première offre de reprise le 14 avril, mais celle-ci n’était pas du tout acceptable puisqu’il ne s’agissait que d’une reprise partielle. Elle n’était soutenue ni par la direction de Conforama ni par Bercy”, insiste Mohammed Chadli.
Reprise totale
La donne semble avoir changé et un accord de reprise totale des activités de Conforama en France serait sur le point d’être signé.
“Nous restons prudents tant que rien n’est signé. Mais les choses avancent bien”, explique le délégué syndical. Concrètement, via sa filiale Mobilux, actionnaire de But, Lutz serait en mesure de reprendre les 165 magasins Conforama en France ainsi que les 8 000 salariés.
“Les emplois seraient tous maintenus et en parallèle, Mobilux nous a présenté un plan d’investissement sur 4 ans afin de permettre à Conforama de reprendre et d’accélérer son activité”, précise Mohammed Chadli. Ne seront pas concernés par cette reprise les magasins étrangers (environ 150 unités) et les 32 boutiques Conforama et 10 Maison Dépôt dont la fermeture a été actée
par le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de novembre 2019.
“Toutefois, les 1 500 salariés concernés par ce PSE verront leurs indemnités maintenues grâce à cette reprise, ce qui n’aurait pas été le cas si l’enseigne déposait le bilan”, assure Mohammed Chadli.
Cohabitation
Quand nous l’avions interrogé mi-mai, Mohammed Chadli craignait une fusion avec But qui aurait été, selon lui, fatale aux deux enseignes.
“Notre crainte était en effet que nous fusionnons avec But et que la marque Conforama disparaisse. Cette peur a été levée quand Mobilux est venu présenter son projet. L’entreprise s’est engagée à maintenir l’emploi et les magasins existants”, explique Mohammed Chadli. Concernant la potentielle fusion, au long terme, des deux enseignes, le délégué syndical se veut également rassurant.
“Je ne vois pas l’intérêt de fusionner les deux enseignes. Chacune d’elle réalise 2 milliards de chiffre d’affaires. Le marché du meuble dans son ensemble, représente 13,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. 40 % sont réalisés par trois enseignes : Ikéa, But et Conforama. Ce serait une énorme erreur et un risque inutile pour l’actionnaire de fusionner les deux marques”, explique Mohammed Chadli.
Peu de concurrence frontale
Le délégué syndical précise également que, contrairement aux craintes que les salariés avaient, il n’y a pas beaucoup de magasins But et Conforama qui sont en concurrence frontale.
“Nous avons mandaté un expert qui a analysé les choses sur le terrain. Une dizaine d’unités, au maximum, se trouvent sur les mêmes emplacements et pourraient être retoqués par l’Autorité de la Concurrence, explique Mohammed Chadli.
Mobilux a assuré qu’il ferait les ajustements nécessaires en matière d’offres si cela lui était demandé mais s’est engagé à ce qu’aucune fermeture n’ait lieu. Cette reprise est la meilleure solution pour la pérennité de Conforama. Avec le recul, le PGE n’aurait été qu’une solution à court terme et il n’était pas impossible que dans 18 mois l’enseigne soit à nouveau en difficultés.” La signature de l’accord définitif entre la direction de Conforama et Mobilux devrait intervenir d’ici le 1er juillet.
“Nous sommes satisfaits et soulagés mais nous attendons que la signature officielle soit faite”, conclut Mohammed Chadli.