Se lancer avec son époux (ou épouse) dans la création d’entreprise et donc dans l’ouverture d’une franchise est souvent un facteur de succès. Mais les aléas de la vie peuvent faire que vous et votre moitié ne vous entendiez plus. Quel que soit votre différend, il est nécessaire de trouver un terrain d’entente pour préserver votre société. L’Officiel de la Franchise fait le point.
S’associer à quelqu’un est souvent considéré comme un mariage. C’est d’autant plus à propos quand la personne avec qui vous souhaitez monter votre entreprise est votre époux ou épouse. Si s’unir professionnellement à son conjoint peut être une bonne idée voire un facteur de succès, cela peut également s’avérer être un (très) mauvais calcul.
“C’est une situation délicate, concède Caroline Morizot, fondatrice du cabinet CM Franchise.
Car quand on lance une affaire on est souvent tout feu tout flamme et on n’anticipe pas forcément les potentielles difficultés. Cela peut en effet devenir très compliqué en cas de séparation et de divorce. Surtout qu’en France, 80 % des unions se font sans contrat de mariage, ce qui complexifie encore plus la chose.”
Pacte d’associés
Ainsi, il est donc primordial d’être vigilant dès le début de votre association et de bien définir les rôles de chacun dans l’entreprise. Dans ce cadre, n’hésitez pas, par exemple, à conclure un pacte d’associés avec votre moitié. Celui-ci permet de définir les rôles (administratif, opérationnel, etc.) mais aussi les missions de chacun.
“Surtout qu’aujourd’hui, la place des femmes a évolué. Quand avant l’épouse n’avait qu’une fonction basique de salariée dans l’entreprise du mari, aujourd’hui elle est de plus en plus impliquée et considérée comme un associé à part entière”, explique Caroline Morizot.
Bannir le 50 / 50
Et pour éviter les problèmes en cas de séparation, l’un des conseils primordiaux reste d’éviter au maximum une répartition égalitaire dans les statuts mais également dans la détention des parts de la société.
“Quand on monte une affaire, que ce soit avec un membre de sa famille ou un ami, il faut éviter le 50 / 50. C’est encore plus conseillé quand il s’agit du conjoint”, insiste Caroline Morizot. L’objectif ? Faciliter le rachat des parts dans le cas où l’un des deux associés souhaite partir.
“Car si les deux conjoints possèdent chacun 50 % de l’entreprise cela peut véritablement bloquer les choses et impacter l’activité”, soulève la dirigeante du cabinet CM Franchise.Le rachat des parts reste en effet LE point de crispation entre deux associés et encore plus quand ces derniers sont des conjoints. Car quand un conflit éclate et que l’un d’entre eux souhaite quitter le navire, l’autre doit pouvoir racheter ses parts ou faire entrer un nouveau partenaire, le tout à un prix raisonnable. Dans ce contexte, il peut être très compliqué de trouver un terrain d’entente.
“Le risque c’est que le conflit s’éternise. Car celui qui vend voudra un prix élevé tandis que celui qui rachète souhaitera le montant le plus bas possible”, détaille Caroline Morizot.
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Demander de l’aide
Un bras de fer qui peut durer longtemps et bloquer la vente. Dans cette situation, n’hésitez pas à faire appel à des personnes extérieures au conflit. Comme la tête de réseau qui peut peut-être vous aider.
“Après tout dépend aussi de son expérience en la matière. Mais il faut la solliciter ! Il est important de s’appuyer sur des tiers. Votre avocat et votre expert-comptable peuvent aussi être de très bon conseil”, insiste Caroline Morizot. Toutefois, attendez-vous à ce que les retours faits par ces personnes extérieures à votre conflit ne vous conviennent pas totalement. Leur but n’étant pas de prendre parti mais de rester le plus neutre possible et de vous aider à trouver des solutions pérennes.
“L’objectif est de parvenir à un accord pour que la séparation puisse se faire le plus intelligemment possible”, souligne la dirigeante du cabinet CM Franchise.
Prévenir ses salariés
Si un divorce n’est jamais une chose simple à gérer sur le plan personnel, il peut arriver que sur le plan professionnel cela n’ait aucun impact et que les conjoints restent associés, le tout dans une entente parfaite. Des situations rares mais qui existent.
“Il y a des personnes qui continuent à travailler ensemble même après leur rupture. J’ai le cas d’un couple autour de moi : les conjoints ont monté leur entreprise ensemble et se sont séparés…il y a sept ans. Aujourd’hui, ils poursuivent leur partenariat”, confie Caroline Morizot. Une situation idyllique qui dépend, en grande partie, de la manière dont se déroule la procédure de divorce. En effet, si la séparation se fait à l’amiable et que tout est bien cadré dès le départ, aucun nuage ne se manifestera. Vous devrez juste prévenir vos salariés, histoire d’éviter tout quiproquo ou réflexion maladroite.
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Repartir sur des bases saines
En revanche, quand les relations entre les époux se détériorent et que le conflit perdure, bien souvent pour des raisons financières, les équipes et l’activité risquent d’en être grandement impactés.
“C’est pour cela, qu’à un moment donné, il vaut mieux se séparer de l’affaire que vous aviez en commun et repartir sur des bases plus saines en créant une entreprise chacun de son côté, estime Caroline Morizot.
Vendre et se partager la somme entre époux, à hauteur de la participation initiale, est vraiment une solution à ne pas négliger.” Une décision qui n’est toutefois pas simple à prendre. Mais anticiper ou craindre une séparation signifie-t-il qu’il faut éviter de s’associer à son conjoint ?
“Pas du tout, répond Caroline Morizot.
Car généralement il existe une vraie complémentarité dans un couple et cela est bien souvent positif pour l’entreprise. Mais il faut être très vigilant dès le départ et bien baliser les choses !”