Malgré un contexte économique morose, la franchise continue d’attirer des candidats et notamment des cadres qui souhaitent se reconvertir. Ces profils, qui ont beaucoup d’atouts, plaisent aux enseignes. Même s’ils doivent aussi faire face à des difficultés dans leur activité, leur choix de se lancer en franchise est souvent mûrement réfléchi et leur capacité d’adaptation leur permet de relever le défi.“Dans nos effectifs, nous comptons une ancienne directrice adjointe d’une clinique, un ex-responsable de rayon frais chez Casino ou un ancien responsable marketing dans l’univers de la pharmaceutique”. Bruno Pain, fondateur et gérant du réseau de fleuristes Carrément Fleurs, l’assure, les profils cadres sont recherchés par les réseaux de franchise. “Ils sont réellement courtisés”, confirme de son côté Arnaud Bruillon, président de Finsbury, un réseau de vente de chaussures pour hommes moyen-haut de gamme, qui explique que ces ex-salariés du privé décident parfois de se tourner vers la franchise à un moment clé de leur parcours professionnel. “Il y a beaucoup de cadres en mal de reconversion. Souvent ils ont entre 40 et 50 ans et ils ont fait le tour de leur carrière, ils sont arrivés au top et ont le désir de terminer sur une carrière entrepreneuriale, précise-t-il. Il y a un vrai challenge pour eux, ils arrivent très motivés avec leurs expériences diverses et variées.”
Des franchisés managers
Et c’est justement parce qu’ils ont eu une carrière professionnelle avant de rejoindre un réseau que les cadres intéressent les enseignes. “Pour se lancer en franchise, ils ont les moyens de leurs ambitions. En général,ils partent de leur entreprise avec des indemnités qui vont les aider à s’installer et à démarrer”, précise Arnaud Bruillon dont le réseau demande 100 000 euros d’apport personnel minimum. Et ces franchisés ont souvent envie d’entreprendre tout en restant prudents. “Ceux qui investissent dans une franchise tardivement sont audacieux mais très vigilants, ils veulent minimiser les risques, explique encore Arnaud Bruillon. Quand ils viennent nous voir, ils arrivent avec un projet plus mature.” Et pour lui, comme pour de nombreux franchiseurs, les cadres ont plus d’un atout à faire valoir. Ils apprécient notamment le fait qu’ils possèdent une expérience de management. “Un cadre par essence est quelqu’un qui a encadré des salariés et nous recherchons justement des chefs d’entreprise qui peuvent manager une équipe de 5 à 10 personnes, explique Didier Cotte, PDG de L’Eau Vive, une enseigne spécialisée dans la distribution de produits biologiques et naturels. Quand on leur parle de recruter, de manager, c’est quelque chose qu’ils ont déjà fait alors que quelqu’un qui n’a pas eu ce type de responsabilités peut rencontrer des difficultés dans son activité de franchisé, explique-t-il. Bien sûr, il y a des formations en management mais cette compétence s’acquiert surtout au fil du temps.”
La difficulté de devenir chef d’entreprise
Au cours de leur carrière, ces profils touche-à-tout ont eu à gérer des équipes mais aussi des budgets, une mission qu’ils assument dans leur quotidien de franchisé. “Les cadres ont moins de difficulté dans la gestion/comptabilité car ils ont a eu à s’occuper des frais généraux dans leur activité précédente”, résume Bruno Pain. Un constat partagé par Jonathan Dahan, chargé de développement chez Carlance, une enseigne d’Instituts de beauté. “Ils sont capables de prévoir des budgets et ils ont une vision de leur business sur le long terme”, précise-t-il. Très motivés, prêts à s’investir, ils s’engagent souvent dans un secteur de la franchise qui leur plaît. Cependant, ces anciens cadres rencontrent aussi parfois des difficultés dans leur nouvelle vie professionnelle. “Être chef d’entreprise implique de nombreuses démarches comme déposer des statuts puis gérer la trésorerie, faire ses bilans… Et dans les entreprises, ce n’est pas le problème des cadres”, précise Didier Cotte assurant que ceux qui ont déjà monté leur société avant de rejoindre une franchise s’organisent généralement mieux. Cependant, ces derniers peuvent être aussi un peu trop “pro-actifs” ou “autonomes”, selon lui.
Gérer une équipe restreinte
Un cadre, comme n’importe quel candidat,doit en effet mettre en place le concept de son franchiseur. “Les franchisés sont des commerçants indépendants mais on leur demande d’appliquer la recette de l’enseigne. Il faut s’assurer que le cadre va pouvoir se conformer à cette façon de travailler, explique Arnaud Bruillon. Mais globalement il n’y a pas de réticences car ils comprennent bien cette obligation.” Difficile aussi parfois pour ces anciens salariés d’appréhender le métier de commerçant. “Quand un cadre a voyagé toute sa vie et se retrouve statique dans un magasin, cela peut être déstabilisant au début pour lui”,confirme Arnaud Bruillon. Même chose en ce qui concerne la façon de travailler. “Avant de rentrer dans notre réseau, les candidats participent à des journées découverte pendant lesquelles ils vont faire des bouquets. Ils doivent mettre les mains dans les fleurs car ce sera leur quotidien, précise Bruno Pain. À chaque fois ça n’a pas collé avec les profils de cadres supérieurs qui ont eu des postes de direction générale dans lesquels ils géraient cent personnes, par exemple. Ils sont un peu moins en adéquation dans une activité artisanale où ils doivent gérer 4/5salariés.” Jonathan Dahan, chez Carlance observe le même genre de difficultés. “Souvent les cadres viennent de grosses entreprises et méconnaissent la gestion de petites entreprises à taille humaine”, précise-t-il. Ils doivent donc s’adapter à leur nouveau quotidien de franchisés et bien souvent concéder une perte de salaire, au moins dans les premiers temps. Mais de l’avis des franchiseurs, ces profils parviennent à tirer leur épingle du jeu. Didier Cotte conclut :“Le fait d’avoir une expérience de cadre réussie est un facteur clé de succès.”
Témoignage
Thomas Bonnier, franchisé Chauffeur&Go à Paris (75)
“Aujourd’hui, mes horaires sont élastiques”
“J’ai toujours aimé les voitures. Quand j’étais étudiant, je faisais des livraisons de véhicules chez Europcar. Puis j’ai été journaliste chez M6 et l’Argus de l’auto. J’ai eu ensuite eu des expériences professionnelles diverses, notamment une au sein d’une association pour laquelle je m’occupais du site Internet de 2009 à 2012, puis j’ai décidé de revenir à mes premiers amours de journaliste automobile. Comme je ne trouvais pas de travail, je me suis dit “pourquoi ne pas me lancer en tant que chauffeur de direction ?”. En décembre 2012, je me suis donc mis en tant qu’auto-entrepreneur et parallèlement je me suis lancé en franchise chez Chauffeur&Go. J’ai choisi cette enseigne car je me voyais mal entreprendre tout seul. Je n’avais pas d’expérience en franchise ni dans l’auto-entrepreneuriat et c’est vraiment bien d’avoir un appui. De plus, c’est très facile car pour démarrer il faut juste avoir une carte de VTC et une formation aux premiers secours de la Croix Rouge. Bien sûr, c’est aussi le concept qui m’a plu. Nous conduisons les véhicules des clients qui ont parfois de très belles voitures. Ma clientèle est d’ailleurs principalement constituée d’hommes d’affaires. Depuis que je suis chez Chauffeur&Go, j’ai rencontré beaucoup de gens différents et des clients prestigieux font souvent appel à moi. Nous sommes là pour apporter un service et nous ne sommes pas censés lancer la conversation mais ils peuvent être disposés à discuter. J’ai eu la chance de pouvoir parler avec eux d’un tas de sujets. Je retrouve ce côté journalistique de la rencontre, c’est ce qui me plaît. Malgré tout, ce travail reste très différent de mes précédentes expériences. En tant qu’auto-entrepreneur, on est son propre patron et en termes de salaires, il y des périodes de vaches maigres. En ce moment c’est difficile, mon salaire fluctue, il n’y a pas de rémunération fixe. Même si je ne comptais pas mes heures quand j’étais journaliste, aujourd’hui mes horaires sont élastiques. Les journées peuvent être très courtes comme très très longues, il m’arrive de travailler 15 heures par jour. Mais je suis satisfait de mon activité et j’ai un réel intérêt pour mon travail.”
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