Dans une toute récente étude CNCC, réalisée en partenariat avec Kantar, les enseignes donnent leur sentiment sur les centres commerciaux. Les constats et les tendances à venir.
“Quels centres commerciaux pour répondre demain aux enjeux des enseignes ?” Voilà la thématique abordée par la dernière étude du CNCC (Conseil national des centres commerciaux), réalisée en partenariat avec Kantar. L’originalité de cette dernière est qu’elle interroge non pas les consommateurs mais les enseignes sur le regard qu’elles portent sur les centres commerciaux et leurs évolutions. Un des constats reste d’emblée l’opposition un peu systématique
entre centre-ville historique et centre commerciaux.
“Le centre commercial se développe très bien quand le centre-ville va bien. Plus vous avez de commerces, plus le centre se porte bien. Ce n’est pas l’un à la place de l’autre, ce sont des dynamiques collectives plutôt que le contraire”, remarque l’étude. Pour Christophe Meuter, managing partner Kantar France, l’équation est assez complexe :
“Pour plusieurs enseignes interrogées, si le centre-ville est plaisant, il comporte également plusieurs contraintes : les rues sont piétonnes. Donc le stationnement y est difficile. De plus, les places y sont chères.”
Certaines enseignes estiment également que les centres commerciaux dit “stars” demeurent incontournables. Elles ne se posent pas la question de savoir si elles doivent s’y implanter ou pas. La réponse est oui. Parmi un autre des constats tirés, celui de la relation bailleur/enseigne. Une relation rendue encore plus difficile par la crise sanitaire. Un manque de transparence des deux côtés semble parasiter les bonnes relations.
“J’ai le sentiment, au regard des différents échanges, que les deux parties ne comprennent pas forcément le business model de l’autre”, remarque Christophe Meuter.
Une fois ces constats tirés, l’étude dresse quelques tendances futures. Sans surprise, l’omnicanalité s’impose chez la majorité des enseignes interrogées.
“Les centres commerciaux ont encore une grande peur du e-commerce, ils le considèrent comme de la concurrence frontale. C’est un mauvais combat, ils sont persuadés qu’ils ont une perte de volumétrie à cause du e-commerce”, précise l’étude. Dans des centres commerciaux moins prestigieux, l’enseigne peut voir également son emplacement transformé aussi en une plate-forme logistique permettant la livraison au dernier kilomètre. Pour l’institut d’études :
“Mutualisation des zones logistiques, services transversaux comme des lockers multi-enseignes, hub pour le dernier kilomètre […] autant d’initiatives envisageables pour améliorer l’expérience client et redynamiser le centre commercial.”
Parmi les tendances évoquées, celles de l’avenir du retail park. Les enseignes y voient un lieu plus libre avec bien moins de contraintes logistiques que dans un centre commercial classique. Néanmoins, un bémol.
“C’est un concept intéressant mais les enseignes ne sont pas convaincues par sa durabilité. Certes, c’est une tendance dans l’ère du temps. Des retails à la marge des agglomérations. Mais quid de l’avenir ? Les nouvelles générations, moins enclines à se servir de voitures, iront-elles aussi loin ? Rien n’est moins sûr”, explique Christophe Meuter. Par ailleurs, et c’est une tendance qui s’installe peu à peu, l’hypermarché, locomotive historique du centre commercial, est remis en question. Avec le recours de plus en plus massif à l’e-commerce ainsi que les nouveaux besoins de proximité exprimés par les consommateurs, la perte d’attractivité de l’hypermarché s’installe peu à peu.