Si Teract confirme avoir engagé avec Casino des “discussions exploratoires”, la naissance d’un prochain super groupe semble laisser dubitatif certains experts. Le projet serait aujourd’hui plus cohérent d’un point de vue financier qu’industriel. Explications avec Clément Genelot, président equity research – retail et commerce chez Bryan, Garnier & Co.
Que vous inspire l’annonce d’un éventuel rapprochement entre Teract et le groupe Casino ?
C’est une vaste question. Pour le moment, nous ne savons pas encore quelle forme prendra cette éventuelle fusion. Ce que je pense surtout, c’est que les actionnaires de Teract, avec à leur tête Moez-Alexandre Zouari n’ont pas digéré d’avoir raté le rachat de l’enseigne Grand Frais qui a fermé finalement les portes des négociations.
À vous écouter, nous avons le sentiment que ce serait plus une opération financière que réellement industrielle ?
Oui, en effet ! Jean-Charles Naouri [Président-directeur général et actionnaire majoritaire du groupe Casino] sait qu’il devra partager le pouvoir. Nous avons estimé la dette de Casino France, fin 2022, à 3,9 milliards d’euros. En faisant rentrer Teract, actif encore assez petit, Jean-Charles Naouri sait que les actionnaires de Teract devront remettre au pot. J’ai le sentiment que l’homme fort du groupe Casino prépare sa succession au profit de Moez-Alexandre Zouari.
Et d’un point de vue industriel ?
Comme vous le savez, les actionnaires de 2MX Organic [Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari] et InVivo Retail, la branche distribution du groupe InViVo (jardinerie, animalerie et alimentaire) ont donné naissance à Teract. Un groupe qui comprend plusieurs enseignes de jardinerie (Gamm vert, Jardiland, Delbard et Jardineries du Terroir), de la distribution alimentaire (Boulangerie Louise, Frais d’Ici et Bio&Co) et de l’animalerie (Noa). D’un point de vue jardinerie, je ne vois pas les synergies avec Casino. Du côté alimentaire, à part la boulangerie, peut-être en termes d’approvisionnement, mais rien de plus. Comme je vous le disais, l’opération est clairement financière.
Cette fusion a-t-elle alors la chance de voir le jour ?
On ne peut jamais savoir mais, à mon sens, il y a plus de chance que cela se fasse que l’inverse. Les discussions semblent déjà assez avancées.
