Si Carvrac, le concept d’épicerie itinérante et locale d’Annabel Chevillard, a vu le jour en 2010 en Anjou bleu et dessert les communes situées entre Nantes et Angers, sa fondatrice entend désormais faire rayonner son idée à toute la France, en étoffant son réseau de partenaires franchisés.
“Un jour, il y a 13 ans, j’ai vu une femme se débarrasser de tous les emballages superflus à la caisse du supermarché. La même semaine, comme si les planètes s’étaient alignées, j’ai vu quelqu’un d’autre en faire de même à la benne, sur le parking de ce même supermarché, avant de refermer son coffre de voiture. Et de ne partir qu’avec le strict nécessaire. Cela été le premier déclic ! J’ai compris qu’il fallait réinventer la vente en vrac. Quand l’entreprise dans laquelle je travaillais a commencé a avoir des difficultés financières, je me suis petit à petit préparée pour me lancer à mon compte. Carvrac a vu le jour pour devenir un magasin itinérant de denrées sèches, puisque faciles à transporter”, raconte Annabel Chevillard.
Après une étude de marché et une première année d’activité en tant qu’auto-entrepreneur à sillonner les communes situées entre Nantes et Angers, en Anjou Bleu, pour tester le concept auprès de ses premiers clients, cette dernière décide finalement d’en franchiser le concept.
Une épicerie locale, sociale, conviviale et itinérante
“Ce n’était pas évident au départ ! J’évolue dans des communes à seulement 25 kilomètres de chez moi, mais qui ne recensent parfois que 1 000 habitants ! Aujourd’hui, je draine 20 à 25 communes sur 5 jours et la demande est forte !”, assure la dirigeante, dont le concept a entre-temps convaincu une première franchisée en mars 2020.
Épices, fruits et légumes secs, huile, vinaigre, aides à la pâtisserie (farines, levures)… Ce sont en moyenne 250 à 300 références disposées sur un comptoir mobile (et pas nécessairement bio), que propose Carvrac, aussi bien via la vente physique qu’au travers un site de vente en ligne, pour approvisionner les riverains et leur permettre de récupérer leur commande (en point relais ou à domicile). À Bécon-les-Granits (49) par exemple, ou encore à Saint-Georges-sur-Loire (49).
L’objectif de la démarche ? Soutenir les producteurs locaux, éloigner tous les intermédiaires possibles, habituellement présents dans l’alimentaire et la grande distribution, entre le vendeur et le client, mais aussi créer du lien social avec les habitants n’ayant pas toujours accès aux commerces de proximité. Comme les personnes âgées ou isolées, par exemples. “Et limiter l’usage du plastique, quand la clientèle peut apporter ses propres contenants, à raison d’une tournée une fois tous les quinze jours sur le lieu-dit”, renchérit Annabel Chevillard. “Tout en sachant que 70 % achètent directement au camion et 30 % par internet, où dans ce cas, il n’est pas rare de laisser la commande sous un préau ou dans un abri de jardin”. Et que le ticket moyen au camion oscille entre 25 et 28 euros, contre 35 et 38 sur Internet.
Si pour l’heure le concept se développe dans le Maine-et-Loire, deux autres contrats de franchise seraient également en réflexion pour étendre le réseau, selon la dirigeante.
Etendre le réseau pas à pas
“Pour l’instant, j’aimerais surtout me déployer en marguerite sur la zone où je travaille déjà, pour rester à proximité de mes futurs partenaires. Disons, pour schématiser, que j’en suis en quelque sorte, le centre et eux les pétales ! Parce qu’on reste sur une offre de produits locaux et que j’en assure entièrement le stockage et les achats. Et que je ne peux pas référencer des produits ici, pour les envoyer à l’autre bout de la France”, complète cette dernière. “Et puis, je ne sais pas si un tel concept serait duplicable dans une grande ville…”
De ce fait, Annabel Chevillard s’apprête à “créer une marguerite de 5 franchisés”, avant d’aller plus loin encore dans l’Hexagone, quand son assortiment actuel est “composé à 70 à 80 % de produits issus du Grand Ouest, y compris des produits localement transformés”. Et que l’activité nécessite tout de même aux vendeurs et aux vendeuses du réseau de pouvoir se reposer sur un local à proximité du lieu d’activité pour le stockage.
Mais si ce concept itinérant inspire et promet une vie au grand air, il ne conviendra qu’aux profils d’entrepreneurs pro-actifs, capables de faire des concessions au quotidien, prévient sa dirigeante. “Non seulement vous êtes seul à bord, mais vous devrez aller au-devant de vos clients, contrairement au commerçant classique qui lui, attend sa clientèle en boutique. Alors, nouer des liens avec le tissu associatif est un plus ! Comme aller sur des marchés de producteurs locaux pour se faire connaître au démarrage de l’activité”.
Des graines et des épices pour 5 ans
Quant aux modalités d’accès au réseau, il faudra consentir à une enveloppe comprise entre 40 000 et 45 000 euros avec des droits d’entrée fixés à 10 000 euros hors taxes, pour adhérer au concept. “Tout en devenant propriétaire du véhicule, à la signature du contrat”, précise la fondatrice de Carvrac.
Côté redevances, ces dernières évolueront en fonction du chiffre d’affaires du franchisé, qui en sera exempté durant la première année.“Elles évolueront ensuite progressivement pour atteindre les 5% à partir d’un chiffre d’affaires annuel de 80 000 euros”, complète Annabel Chevillard chez qui il faudra se former un mois (ou plus si nécessaire) avant de pouvoir lancer son épicerie mobile, sous contrat pendant 5 ans. “Ensuite, en matière de communication print, le partenaire paiera ses impressions s’il souhaite faire de la communication pour son propre camion, en local. Mais les frais de création de ces éléments seront pris en charge par le franchiseur”.