Dans un contexte tendu et compliqué lié à la crise de la Covid-19, certains acteurs du commerce déploient des initiatives pour accompagner les réseaux dans leur développement. Carmila, entreprise spécialisée dans la gestion des centres commerciaux Carrefour lance ainsi une nouvelle entité baptisée Carmila Franchise & Développement. L’objectif ? Accompagner les têtes de réseau dans leur déploiement en centre commercial. Explications avec Éric Robert, directeur de la commercialisation.
Pouvez-vous nous présenter Carmila et son maillage territorial ?
Carmila est la troisième société cotée de centres commerciaux en Europe continentale, derrière Unibail-Rodamco-Westfield et Klépierre. Nous sommes présents dans trois pays (France, Italie et Espagne) avec 215 sites. En France, nous avons 129 centres commerciaux, implantés dans des agglomérations de taille moyenne comme Biarritz, Nice, Rennes, Calais ou encore Thionville. Notre particularité reste que tous nos centres sont adossés à des hypermarchés Carrefour. Cela s’explique : Carmila a été créée par Carrefour en 2014. Nous ne sommes toutefois pas une filiale mais une entreprise indépendante, dont Carrefour est actionnaire à hauteur de 35 %.
Comment se composent vos centres commerciaux ?
Généralement, nos centres commerciaux possèdent une soixantaine de boutiques et sont souvent leader dans leur zone de chalandise. 88 % de nos sites sont numéro 1 ou 2. C’est historique puisque les hypermarchés auxquels sont adossés nos centres commerciaux sont souvent leader sur leur territoire. Notre spécificité reste que nous n’effectuons jamais de création de centres commerciaux. Nous préférons rénover, restructurer ou encore agrandir nos sites existants afin d’améliorer le parcours clients. Nous sommes généralement sur des projets assez mesurés, ce qui n’est pas le cas de tous les acteurs car nous souhaitons rester des centres commerciaux à taille humaine.
Dans ce contexte, pourquoi avoir voulu dédier une entité au développement en franchise ?
Cela coulait un peu de source. Les enseignes se développent de plus en plus via ce modèle et depuis maintenant deux ans, 40 % des nouveaux locataires que nous accueillons sont des franchisés ou des indépendants. Sur l’ensemble de nos sites, nous avons 717 commerçants franchisés et 952 commerçants indépendants, ce qui représente plus de 50 % de notre parc. Carmila Franchise & Développement était donc une évidence et répond à plusieurs demandes. D’abord, à celles des enseignes qui souhaitent intensifier leur déploiement en franchise. Concrètement, nous rencontrons les réseaux qui ont un plan de développement et si cela colle avec les villes dans lesquelles nous sommes présents nous travaillons avec eux sur les opportunités qui peuvent exister tant en matière de local que de candidats. D’autre part, cette entité s’adresse également aux candidats à la franchise, aux franchisés ou aux commerçants indépendants déjà établis en centre-ville ou dans d’autres centres et qui souhaitent se développer. Nous avons des équipes de prospection qui se rendent quotidiennement sur le terrain et qui échangent avec les commerçants locaux. Cela permet à Carmila d’avoir un vivier de candidats potentiels pouvant intéresser les enseignes.
Prévoyez-vous d’autres services via l’entité Carmila franchise & développement ?
En effet, nous proposons un panel de services. Par exemple, nous sommes en mesure d’accompagner les enseignes et leurs franchisés dans les démarches administratives concernant l’implantation dans le centre commercial. Des équipes locales sont dédiées à cela. Nous sommes également capables d’aiguiller ceux qui le souhaitent vers des solutions de financement. Nous agirons comme des facilitateurs pour aider à l’installation des futurs franchisés.
N’avez-vous pas peur d’empiéter sur le rôle ou le métier du franchiseur ?
C’est une question que nous nous sommes posée. Mais clairement, nous nous apercevons que les développeurs et les franchiseurs sont très demandeurs de ce soutien ou de cet appui. Car ce sont des tâches très souvent chronophages et la tête de réseau n’a pas forcément beaucoup de temps à consacrer sur ces aspects-là. Quand vous avez un franchisé installé en centre-ville et qui va faire sa première implantation en centre commercial, il y a une découverte de nouveaux termes et des spécificités qu’il faut connaître. Le franchiseur possède cette expertise mais n’a pas forcément le temps de tout détailler et d’accompagner au mieux son partenaire. Nous proposons de faire ce travail-là et de les accompagner. Toutes les enseignes que nous avons rencontrées ces dernières semaines sont très demandeuses et apprécient ces nouveaux services.
Quels coûts cela représentent pour le franchiseur et/ou le franchisé ?
Nous avons pris la décision d’offrir tous ces services car notre objectif est avant tout d’être proche des enseignes, de leurs franchisés et d’alléger au maximum leur business model pour que cela soit compatible avec le nôtre. Dans la même optique, nous proposons d’accompagner les franchisés dans le marketing local et dans le montage d’opérations commerciales d’ouverture notamment grâce à nos bases de données clients régionalisées.
Cette entité a été inaugurée il y a quelques semaines. A-t-elle vocation à être déployée dans les autres pays où vous êtes présent ?
Pour le moment, c’est une démarche 100 % française. En revanche, nous échangeons régulièrement avec nos homologues italiens et espagnols pour voir si cela pourrait fonctionner. Mais ce sont deux marchés différents. En Italie, nous n’avons que 8 centres commerciaux, donc l’impact ne sera pas le même. En Espagne, nous avons 78 sites mais historiquement il y a plus de commerçants indépendants. Donc pour le moment, nous nous focalisons sur la France.