Si le secteur a souffert en 2020, la filière cherche aujourd’hui d’autres leviers de développement et de croissance. Le digital ne s’impose pas naturellement mais les acteurs voient l’apparition de nouveaux besoins chez les consommateurs.
Force est de constater que la crise sanitaire aura fortement impacté la filière. Les différents acteurs interrogés pour cet article ont ainsi constaté une forte baisse de leur chiffre d’affaires sur l’année écoulée. “L’absence totale de festivité et le recours massif au télétravail, ont engendré, depuis le début de la crise sanitaire, une baisse de notre chiffre d’affaires de l’ordre de 30 %”, explique Nicolas de Bronac, fondateur du pressing écoresponsable Sequoia. Même constat du côté de chez Koala Pressing. En fonction des magasins de l’enseigne, les chiffres se sont effondrés de 35 à 60 % selon les périodes (confinement ou pas). Pour Guillaume Bouché, gérant fondateur, le constat est le même que celui évoqué, un peu plus haut, par son concurrent :
“Cela s’explique très simplement par le télétravail, les établissements fermés (restaurants, bars, discothèques). Lorsque vous dînez en couple chez vous en pyjama, c’est pour nous peut-être une chemise plus une veste, une robe/chemisier et un pantalon de perdu.”
Et ce dernier d’ajouter : “Les cérémonies sont également impossibles (mariages, cérémonies religieuses, évènements divers). De même, pas ou peu de voyages d’affaires, de week-end en province, pas de réunion entre amis ou d’évènements sportifs. Tout cela explique, selon nous, la perte de notre chiffre d’affaires.”
D’autant que contrairement à d’autres filières, le digital ne peut s’imposer naturellement. Les acteurs ne s’en cachent pas. “Nous ne croyons absolument pas au digital dans le pressing, c’est-à-dire aux applis de livraison dédiées. D’ailleurs, ces dernières années nous ont donné raison. On ne compte plus les start-up ayant été créées pour faire du pressing à domicile. Elles ont levé des sommes importantes, souvent bien trop facilement auprès de fonds d’investissements, elles ont fait un maximum de cash-burning et ont fermé”, note Guillaume Bouché. Pour ce dernier, le pressing, s’apparente à la baguette de pain que l’on achète en boulangerie ou le steak choisi chez le boucher : “On veut voir sur place, échanger avec l’artisan en boutique, contrôler le vêtement lors du dépôt et de la reprise.”
Une analyse partagée en partie par Sequoia Pressing pour qui le digital n’est pas un support clé dans le secteur, le métier ne s’y prêtant pas vraiment. L’enseigne n’utilise d’ailleurs le digital que pour deux raisons : “Pour notre communication, d’abord, puisque nous sommes très présents sur les réseaux sociaux, ensuite, parce que nous travaillons actuellement sur un service de livraison à domicile”, note Nicolas de Bronac. Des réseaux sociaux (Facebook, Instagram, LinkedIn, Google post) au cœur de la stratégie de communication de la marque Baleo Pressing. “Avec la crise sanitaire, nous avons continué à utiliser ces différents outils numériques pour notamment préserver notre lien avec notre clientèle. Pour les pressings qui le souhaitaient, la communication sur les réseaux a été complétée par des campagnes SMS”, précise-t-on au sein de l’enseigne.
Il semblerait qu’une véritable mutation est en train de s’opérer au sein de la filière. Les habitudes de consommation changent. Si la clientèle urbaine a déserté le pressing sur l’année écoulée, d’autres régions, notamment les zones touristiques, ont réussi à clôturer 2020 en positif. C’est du moins ce qu’explique l’enseigne Baleo Pressing. “La profession est entrée dans une mutation qui tendait déjà à s’amorcer lentement. La crise sanitaire a accentué le mouvement et l’a propulsé pour constater une très forte demande de la clientèle pour la blanchisserie ; un besoin de propreté tant dans l’habitat (couettes, linge de lit, tentures,…) que dans les armoires”, explique le réseau. Une observation partagée par l’enseigne Sequoia Pressing qui voit également de plus en plus arriver en nettoyage les tissus d’ameublement (couettes, tapis, rideaux, etc.) des consommateurs.
“Les clients ont toujours autant besoin de nous si ce n’est même plus, la notion d’hygiène étant probablement plus prépondérante aujourd’hui qu’elle ne l’était avant la crise sanitaire”, estime, confiant, Guillaume Bouché.
En termes d’implantation, si les enseignes expliquent ne pas vouloir revoir leur copie à cause de la crise sanitaire, elles continuent à accélérer leur présence en centre-ville ou dans de petits centres commerciaux de proximité. D’autres acteurs essaient d’explorer également de nouveaux territoires. “Nous souhaitons accentuer notre développement sur des zones touristiques qui sont très propices à notre activité”, conclut ainsi Nicolas de Bronac.