Les discussions amicales ont été confirmées par les deux enseignes. Canadienne comme Française. Analyse de cet éventuel rapprochement avec Olivier Dauvers, éditeur spécialisé dans la grande distribution.
Cette annonce a eu l’effet d’une bombe. Comment l’expliquez-vous ?
Tout d’abord, il apparaît que cette discussion a été amorcée par Couche-Tard. Cet acteur canadien est à un tournant stratégique à moyen et long terme. Je m’explique : 70 % de ses revenus sont issus du carburant. Ce qui représente 40 % de sa marge. Autant dire qu’avec l’évolution de la transition énergétique, Couche-Tard doit trouver un moyen de faire pivoter sa base. Attention, il n’y a pas d’urgence. Mais d’ici vingt ans, une compagnie aussi carburant- dépendante pourra être problématique.
Pourquoi avoir choisi le groupe dirigé par Alexandre Bompard ?
Carrefour possède aujourd’hui une base suffisamment large dans le retail. Dans l’univers de la grande distribution, sa valorisation est presque gratuite. Je mets cela bien entendu entre guillemets mais le groupe français reste l’un des moins chers chez les grands distributeurs.
Et pour Carrefour, quel intérêt d’un tel rapprochement ?
Pour l’enseigne, quel plaisir d’être désirée ! Même si Carrefour risque d’être avalé par le groupe canadien (rien n’est fait, entendons-nous bien), il retrouve enfin de la désirabilité. Après avoir été mal-aimée, l’enseigne est de nouveau convoitée. Regardez simplement l’action Carrefour qui s’envole à la bourse [+ 14 % à l’heure où nous avons réalisé cet entretien].
Couche-Tard reste totalement inconnu en France ?
Ce n’est en rien un problème. Les magasins Carrefour n’ont pas vocation, si rapprochement il y a, à passer sous pavillon canadien. Couche-Tard est plus petit et plus rentable que Carrefour. Sa capitalisation boursière avoisine les 46 milliards de dollars canadiens contre 14,5 milliards d’euros pour Carrefour.