La région Alsace semble accueillante pour les candidats à la franchise. Le commerce y est dynamique et développé autant en centres-villes que dans les zones commerciales. La population est plutôt aisée et le territoire dispose d’une situation géographique favorable au cœur de l’Europe. L’essentiel reste de se faire accepter des locaux si vous n’êtes pas originaire de la région*.
Malgré une situation économique dégradée, on peut dire que l’Alsace reste prospère. Le commerce y est bien installé et ne semble pas souffrir des effets de la crise. “Il y a une véritable volonté de la région d’attirer de nouveaux commerces pour dynamiser les centres-villes mais aussi établir un équilibre avec les périphéries”, explique Valérie Guillevic, dirigeante d’Amplitude Réso.
4 700 établissements créés en 2013
Pourtant, le territoire dispose déjà d’un maillage commercial important. Selon les chiffres publiés par la CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin, au 1er janvier 2013, 21 700 commerces étaient recensés en Alsace pour un effectif global de plus de 82 500 salariés. En termes de formes de vente, les commerces sédentaires demeurent majoritaires avec 50,8 % des établissements et 66 % des salariés du secteur dans la région. Parmi eux, plus de la moitié des magasins est spécialisée dans l’alimentaire (29,6 %) et l’équipement de la personne (24 %). La deuxième forme de vente la plus importante est représentée par les commerces de services, santé et de table, soit 41 % des établissements, reléguant les commerces non sédentaires en troisième position à 8,2 %. La CCI nous apprend également que 4 700 établissements, tous secteurs confondus, ont été créés en 2013, ce qui démontre un bon dynamisme. “En termes de potentiel commercial, trois pôles sont clairement identifiés : Strasbourg, Colmar et Mulhouse”, ajoute Charlotte Boisson directrice du développement de Territoires et Marketing.
Le centre-ville de Strasbourg reste une locomotive
Au niveau régional, la ville de Strasbourg demeure le point stratégique en termes de dynamisme. “L’agglomération de la ville concentre plus de la moitié des surfaces commerciales du département, souligne Valérie Guillevic. La communauté urbaine représente à elle seule plus de 650 000 mètres carrés de surfaces de vente ce qui lui permet d’accueillir les enseignes majeures du commerce organisé français.” Contrairement à de nombreuses régions, l’Alsace conserve une véritable dynamique de centre-ville toujours très actif et animé, en plus de tenir la route économiquement. “Le centre-ville est le premier pôle de l’agglomération en termes de chiffre d’affaires, poursuit Valérie Guillevic. C’est le deuxième en matière de surfaces de vente avec 135 000 mètres carrés.” La zone est particulièrement équipée en commerces liés à l’équipement de la personne comme le prêt-à-porter. Un secteur qui pourtant souffre beaucoup mais “qui propose encore aujourd’hui un vrai potentiel d’installation dans la ville”, constate Valérie Giullevic.
Selon les spécialistes interrogés, la volonté de Strasbourg pour son centre-ville est de permettre à des enseignes qui ont une vraie originalité de pouvoir encore s’implanter et garantir une offre adaptée aux besoins des consommateurs. “Les responsables, et notamment la mairie, partent du principe qu’en favorisant la concurrence, ils pourront maintenir un niveau de prix cohérent pour le consommateur et proche de la moyenne nationale. Car il faut avoir en tête que Strasbourg est souvent considérée comme une ville chère”, ajoute Valérie Guillevic. Pour s’installer dans son centre-ville, il faut compter entre 1 000 et 2 200 euros par mètre carré et par an pour un emplacement numéro 1, selon la CCI. Dans le secteur proche de la rue des Grandes Arcades, il faut compter entre 1 500 et 2 000 euros. “Le centre reste incontournable, constate également Charlotte Boisson. D’ailleurs, les centres commerciaux implantés à proximité pour profiter des flux peinent à attirer la clientèle et ne fonctionnent pas très bien.”
Un pouvoir d’achat élevé
Face à ce poids lourd, les centres-villes de Colmar et Mulhouse sont également des valeurs sûres. De la même manière, la zone commerciale Nord Vendenheim, l’une des plus anciennes zones commerciales en France, reste une locomotive non négligeable. “Avec 150 000 mètres carrés de surface de vente, elle rassemble de nombreuses enseignes importantes comme Castorama ou Fly et rayonne sur 25 % de l’agglomération strasbourgeoise”, ajoute Charlotte Boisson.
Si les centres-villes restent dynamiques en Alsace, c’est également parce que le pouvoir d’achat de la population reste élevé. Selon les chiffres publiés par la CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin, en 2009, l’Alsace représentait un marché potentiel de 18,2 milliards d’euros, soit plus de 772 800 ménages dépensant chacun, en moyenne, 23 610 euros par an pour leur consommation globale contre 21 902 euros pour la moyenne française. On apprend également que, comparativement au niveau national, les ménages de la région consacrent une part plus importante de leur budget aux produits liés à l’automobile, à l’équipement de la maison et aux repas et consommations extérieurs comme le tabac. Ils demeurent toutefois moins consommateurs de services à caractère commercial.
Ce pouvoir d’achat élevé s’explique aussi par la présence de nombreux groupes dans la région. “Adidas, Auchan, Cora, Mercedes, Mars ou encore Fossil ont des bureaux en Alsace, énumère Charlotte Boisson. Ces structures créent de l’emploi et donc du pouvoir d’achat.”
Un réseau de transports optimal
Autre argument de poids : la ville de Strasbourg est une ville d’institutions. Elle accueille le siège du Parlement Européen et le Conseil de l’Europe.“Elle vit constamment avec une clientèle privilégiée faite de chefs d’État, d’experts en tout genre, des staffs qui les accompagnent et qui ont un pouvoir d’achat très important”, analyse Valérie Giullevic. “Les Galeries Lafayette et le Printemps ont rénové leurs magasins en visant uniquement une clientèle très haut de gamme, ajoute un porte-parole de la CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin. Ils mettent en avant des marques qui correspondent aux besoins d’une clientèle de tourisme d’affaires.” Une situation qui permet à la ville de bénéficier d’un réseau de transports fourni avec le TGV qui dessert plusieurs grandes métropoles européennes, mais aussi un réseau urbain efficace avec le tramway qui a été récemment rénové. “Un million de personnes passent tous les ans par l’aéroport de Strasbourg”, ajoute également Charlotte Boisson. Autant d’éléments qui font de la ville et de sa région un territoire tout à fait stratégique.
La région Alsace en chiffres
Plus petite région française par la taille, soit 1,3 % de la surface nationale, mais à l’habitat particulièrement dense, deux fois plus forte que la moyenne nationale, l’Alsace s’étend sur 8 280 kilomètres carrés, répartis sur deux départements, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin. La région comprend également neuf zones d’emploi et totalise 904 communes, dont Strasbourg classée 7e ville la plus peuplée de France en 2010. À elle seule, elle concentre 14,7 % de la population alsacienne. Dans le classement des cinq communes les plus peuplées d’Alsace, suivent Mulhouse, Colmar, Haguenau et Schiltigheim.
Se créer un réseau en amont
Si ouvrir une franchise en Alsace présente de nombreux avantages, il faut savoir que l’opération se fait très rarement du jour au lendemain si vous n’êtes pas originaire de la région. “Les Alsaciens ont souvent tendance à travailler entre eux et ne voient pas toujours d’un bon œil l’arrivée de personnes d’autres régions, prévient Charlotte Boisson, directrice du développement de Territoires et Marketing. Il ne faut pas arriver en conquérant à grand renfort de communication nationale pour une enseigne. Cela ne marchera pas.” Cette spécialiste conseille de mener un travail de réseau en se rendant sur place directement ou en s’appuyant sur des connaissances déjà présentes en Alsace afin de gagner la confiance des locaux. “La première unité est toujours difficile à implanter, ensuite, si le franchisé est connu il n’aura aucun problème pour ouvrir les suivantes”, poursuit Charlotte Boisson.
Primark pourrait s’installer prochainement à Strasbourg
Après l’arrivée d’Uniqlo ou encore de l’Apple store, Strasbourg pourrait prochainement accueillir l’enseigne de prêt-à-porter irlandaise Primark. C’est du moins ce qu’a annoncé la radio locale NRJ Strasbourg sur sa page Facebook. Un post partagé plus de 200 fois et qui a recueilli plus de 1 000 likes.
Une annonce de poids pour la ville alsacienne quand on connaît la percée spectaculaire que Primark a effectué lors de son arrivée en France. Selon une enquête menée par Kantar Worldpanel, à travers ses cinq magasins implantés partout dans l’Hexagone, elle y vend déjà autant d’articles que la Redoute. Pour l’heure, l’information n’a pas été confirmée, pas plus que le lieu d’implantation éventuel. “Les grandes marques cherchent rapidement à s’implanter mais le centre-ville reste limité au niveau des mètres carrés disponibles, tient à préciser un porte-parole de la CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin. Les commerçants s’y accrochent et y restent.”
*Article publié dans le numéro de décembre-janvier de L’Officiel de la Franchise.