Ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises, il souhaite, avec le gouvernement, accompagner 1 million d’entreprises en 2021 dans leur démarche de numérisation. Alain Griset nous a accordé un entretien exclusif pour nous détailler son plan de bataille.
Comment agir pour une meilleure digitalisation du tissu économique français ?
On essaie aujourd’hui de toucher la totalité des entreprises, quels que soient leur taille ou leur secteur d’activité. En ayant une approche multicanale. Nous souhaitons agir au plus près des chefs d’entreprise sans avoir de posture jacobine. En effet, nous nous appuyons sur les collectivités territoriales, les chambres consulaires (chambres de commerce et chambres de métiers et de l’artisanat) mais également sur les branches professionnelles, qui sont les plus à même de cerner les besoins. A ce jour nous avons réalisé 10 000 diagnostics qui permettent aux entreprises de mieux comprendre leur maturité numérique et d’établir des plans d’action concrets.
Quel est votre sentiment dans ce domaine ?
C’est un constat, très peu de TPE/PME sont aujourd’hui numérisées. La technologie avance. Il faut pouvoir l’utiliser et se saisir de ces opportunités. Certains patrons peuvent avoir des blocages. C’est bien compréhensible. Mais on l’a vu, les entreprises qui, pendant cette crise ont su s’adapter, sont celles qui ont réussi à limiter la casse. De même, il m’apparaît indispensable que les grands groupes aient un rôle à jouer avec leurs sous-traitants sur les bonnes pratiques à avoir. En évangélisant leurs méthodes de travail, ils permettent d’accélérer la numérisation des plus petits.
Où en êtes-vous aujourd’hui sur ces aides ?
Aujourd’hui, près de 20 000 bénéficiaires ont reçu une aide de 500 euros destinée à financer des dépenses permettant de numériser leur activité, pour un montant moyen de facture avoisinant 800 euros. Je vous rappelle que cette aide est destinée à tous les commerces, de moins de 11 salariés, fermés pendant le second confinement, et aux professionnels du secteur de l’hôtellerie. Nous souhaitons prolonger cette aide, disponible sur présentation de factures à l’adresse suivante :
www.cheque.francenum.gouv.fr, jusqu’au 30 juin 2021. Notre plan d’accompagnement pour la numérisation des TPE comprend aussi 20 millions d’euros attribués aux collectivités territoriales, 10 millions aux réseaux consulaires et enfin 30 millions aux actions menées par France Num.
Inscrire le territoire dans une démarche numérique peut être une solution ?
On le voit, c’est un phénomène qui s’accélère. Le consommateur veut acheter local. Il veut savoir ce qu’il achète. Le succès réel d’une place de marché comme angersshopping.com, lesvitrinesdevreux.fr, nice-shopping.fr en sont les témoins. Comme je vous le disais, le multicanal est l’avenir. Le territoire fait partie de cela. Je salue d’ailleurs le travail de Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, via notamment les programmes Action cœur de ville et Petites villes de demain.
C’est un sujet qui semble vous tenir à cœur ?
La fracture numérique peut être territoriale. Il faut donc avancer sur ces sujets. Un territoire rural isolé n’aura pas forcément la même densité économique que Paris. Mais des actions sont à mettre à place à la fois ciblées et réfléchies. Plus de 200 communes ou EPCI ont déjà créé des marketplaces. Nos 36 000 communes françaises n’ont pas toute besoin de ce type de place de marché. Mais nous souhaitons avant tout sensibiliser, former et accompagner les villes qui le souhaiteraient via un panel d’actions le plus large possible. On l’a vu. Durant, ces confinements, les commerces ont gagné une clientèle nouvelle. La crise a fait évoluer les comportements des consommateurs. Il faut que les entreprises où qu’elles soient puissent s’adapter à ces changements.