Croissance à deux chiffres, relocalisation de certaines filières, ouverture de nouveaux points de vente, Biocoop a détaillé ses chiffres de l’année écoulée et les projets pour 2021.
Pied de nez à la financiarisation, selon elle, de la distribution alimentaire, l’enseigne Biocoop avait organisé ce matin sa conférence de presse annuelle au Palais Brongniart, ancien siège de la Bourse de Paris. L’occasion pour Pierrick de Ronne, président de Biocoop, de rappeler qu’il n’avait pas vocation
“à nourrir les actionnaires”. Sur l’année 2020, le spécialiste du bio a réalisé un CA de 1,62 milliard d’euros, en progression de 16,6 % (CA comprenant les nouvelles ouvertures de magasins). Et de + 9 % à périmètre constant. Si l’enseigne compte aujourd’hui 700 points de vente, Sylvain Ferry, le nouveau directeur général du groupe, entré en fonction en janvier dernier, a rappelé que sur 2020 le groupe avait ouvert 60 points de vente. Chiffre en peu en-deçà des performances de Biocoop que les dirigeants justifient par la crise sanitaire. En 2021, le nombre d’ouverture devrait être de 80 nouveaux points de vente.
“36 % de notre réseau a aujourd’hui le statut d’ESS [économie sociale et solidaire].
C’est évidemment un chiffre que j’aimerais voir augmenter”, a précisé Pierrick de Ronne. Et ce dernier de relever l’effet d’accélérateur provoqué par la crise sanitaire.
“En dépit de cette nouvelle quête de sens, notamment chez les consommateurs, je constate encore beaucoup de résistance au changement. J’entends des voix reprochant trop de conversion en bio. C’est faux. Chez Biocoop, en tous les cas, l’offre a toujours été tirée par la demande.”
Parmi les autres chiffres notables, les dirigeants ont rappelé que 25 % de leur CA est issu du commerce équitable. Côté circuits courts, ces derniers notent que 14 % de leurs revenus proviennent de producteurs locaux situés à moins de 150 km des magasins. Un chiffre qui tombe à moins de 2 % dans l’alimentation classique selon les dirigeants. Parmi les points à relever, Pierrick de Ronne a précisé que les fournisseurs de l’enseigne représentent, pour 93 % d’entre eux, des petites et moyennes entreprises.
“Un modèle qui n’existe pas dans l’alimentation conventionnelle. Nous avons toujours eu une démarche de radicalité. C’est l’alternative que nous proposons aux consommateurs”, note le président de la coopérative. Ce dernier a remarqué que les produits Biocoop ne s’adressent pas à toutes les bourses.
“Certes, mais c’est pour moi, un prix juste. En tous les cas, Biocoop n’est en aucun cas un vecteur de précarité. Les paysans, nos fournisseurs, vivent de leur travail. Nos salariés sont en CDI. Il n’y a aucun travailleur détaché. Et en magasin, les écarts de salaires sont de 1 à 5.”
Côté digital, l’enseigne précise que le CA 2020 s’est élevé à 1 million d’euros. En clic and collect uniquement. Sur les 700 points de vente que compte l’enseigne, 180 proposent d’ores et déjà ce service. D’ici 2024, 100 % du réseau devrait pouvoir être en mesure de s’appuyer sur cette offre. Sur ce segment d’activité, 25 % du CA est issu du vrac.
“Nous regardons à essayer de développer un service de livraison. Mais encore une fois. Le digital n’est pas pour nous qu’un canal de vente supplémentaire. Le lien social est primordial. Voilà pourquoi nous réfléchissons à peut-être nous associer à des coopératives de livreurs”, poursuit Pierrick de Ronne. Parmi les autres projets évoqués pour l’année en cours, les dirigeants comptent relocaliser une partie des filières proposées dans leurs magasins. Quelques exemples, la graine de courge, les cornichons, le sarrasin, le maïs doux, la sauce de soja, la grenade, la moutarde, etc. Autre piste évoquée et soumise au vote des sociétaires, la création d’une section transformateur. Activité qui manque à l’enseigne et qui se placerait entre la production et la distribution.