Avec l’épidémie de coronavirus qui s’intensifie sur le territoire, les commerçants, restaurateurs et autres chefs d’entreprise voient leur activité fortement impactée voire totalement à l’arrêt. En tant que tête de réseau, gardez le cap et ne vous laissez pas submerger par les émotions. Voici quelques conseils à appliquer pour rassurer et accompagner au mieux vos franchisés.
La situation en France est inédite. Depuis quatre jours, quasiment toute l’économie est à l’arrêt. Une grande majorité de commerçants, restaurateurs et autres chefs d’entreprise ont baissé leur rideau. Une situation qui devrait perdurer jusqu’au 15 avril au minimum. Au sein des enseignes, l’heure est à l’organisation pour tenter de rassurer au mieux les équipes ainsi que les franchisés.
“Toutes les enseignes sont en train de bâtir différents scénarios afin de faire face à la crise du mieux qu’elles peuvent”,
souligne Sylvain Bartolomeu, dirigeant associé du cabinet Franchise Management et membre du Collège des experts de la Fédération française de la franchise.
Gérer l’urgence
Dans cette période délicate, la première chose à faire est de pouvoir gérer l’urgence et prendre les décisions nécessaires concernant votre activité. Car dans le cadre d’une épidémie comme le Covid-19, certains commerces sont autorisés à ouvrir ou à conserver une partie de leurs services.
Comme la livraison ou la vente à emporter dans les restaurants. Toutefois, en tant que franchiseur, vous pouvez décider de fermer complètement vos points de vente tenus en propre et fortement recommander à vos franchisés de faire de même. C’est le choix effectué par Afflelou, Burger King ou encore Pizza Cosy.
“Nous avons pris la décision de fermer nos magasins dès dimanche 15 mars. Nous avons passé le message auprès de notre réseau en leur disant que nous leur conseillons fortement de faire la même chose. À ce jour, tous ont respecté ce conseil. Faire du chiffre d’affaires n’était plus le sujet”, confie Didier Pascual, président-directeur général du Groupe Afflelou. Même démarche du côté de Pizza Cosy.
“Il fallait que nous prenions la décision car nous ressentions l’inquiétude monter de la part des franchisés mais aussi de leurs salariés”, insiste Jonathan De Sanctis, co-dirigeant et directeur du réseau. Sylvain Bartolomeu estime que fermer les points de vente reste la bonne solution.
“Car les entreprises ont un devoir citoyen qui est de faire en sorte que le virus ne se propage pas davantage. C’est la première urgence à gérer notamment en aidant les franchisés à veiller à la sécurité de leurs équipes”, insiste-t-il. Bien entendu, vos franchisés étant indépendants, ils peuvent prendre la décision de continuer à exercer leur activité en respectant les règles sanitaires indiquées par le gouvernement. C’est notamment ce qu’a choisi un franchisé
du jeune réseau Bioburger.
“Nous avons fait le choix de fermer nos 4 succursales car nous estimions que certaines mesures barrière (comme les 1 mètres minimum de distanciation) étaient difficiles à maintenir. Nous avons exposé à nos franchisés notre position. Chacun était libre de prendre la décision qu’il voulait, nous la respectons. L’un de nos franchisés dont la disposition des cuisines et du restaurant permettait d’assurer toutes les mesures de sécurité nécessaire a fait le choix de continuer son activité”, explique Louis Frack, co-fontateur de Bioburger.
Faire un état des lieux
Si tous les membres de votre réseau décident de se plier à votre décision, accompagnez-les dans la sécurisation et la fermeture de leur point de vente. Ensuite, une fois cette phase d’urgence passée, le temps est venu, en tant que franchiseur, de faire un état des lieux de votre réseau. Quel est l’état de la trésorerie des franchisés ? Quels sont ceux qui ont besoin de plus d’accompagnement ? Quels sont les besoins spécifiques de vos partenaires ? Voici autant de questions auxquelles vous devez être en mesure de répondre.
“La question qui se pose est celle de la survie économique de certains franchisés. Il faut donc prendre le temps d’échanger avec chacun des membres du réseau pour déterminer leur état économique et faire le point sur leur capacité à tenir en matière de trésorerie. Dans ce genre de situation, les animateurs ont un rôle primordial et doivent être joignables constamment pour tenter de trouver des solutions à l’ensemble de leurs problématiques”, explique Sylvain Bartolomeu. Si vos marges de manœuvre sont faibles d’un point de vue financier pour accompagner vos franchisés, l’expert indique tout de même qu’il est possible de trouver des solutions. Par exemple, si votre contrat prévoit un seuil minimum de redevances, vous pouvez tout à fait décider de le supprimer temporairement.
“C’est en effet inenvisageable qu’un franchisé paye des redevances alors qu’il n’y a aucun chiffre d’affaires qui rentre”, insiste Sylvain Bartolomeu. Plusieurs réseaux que nous avons interrogés nous ont indiqué avoir fait le choix de suspendre les redevances.
“Nous avons tout gelé, précise Louis Frack
. Même pour les franchisés qui ont décidé de rester ouverts.” “J’ai demandé à nos licenciés de ne pas me payer les royalties de mars et avril. C’était indispensable”, ajoute de son côté Grégory Regouby, président et co-fondateur du réseau d’avis client Plus que Pro. Outre le soutien financier, n’hésitez pas à accompagner vos partenaires dans les démarches administratives,
comme la mise en place du chômage partiel, ou encore à adapter leur prévisionnel. Ainsi, demandez à vos animateurs de les aider à bâtir plusieurs scénarios, du plus pessimiste au plus optimiste, afin qu’ils ne soient pas pris au dépourvu quand l’activité reprendra.
Ne pas douter
Enfin, en tant que tête de réseau, il est primordial d’adopter une posture positive et de rester serein face à
cette situation inédite et compliquée. “C’est votre rôle de tempérer les choses et de calmer le jeu. L’émotion ne doit pas prendre le dessus, même si c’est très compliqué”, conseille Sylvain Bartolomeu.
“Il faut en effet garder la tête froide et ne pas céder à la panique, notamment pour continuer à fournir les bonnes informations aux franchisés”, abonde de son côté Guillaume Richard, président et fondateur de l’enseigne de services à la personne O2. Profitez de cette période de creux, notamment, pour proposer des formations à distance à vos franchisés. Un moyen qui peut s’avérer efficace pour conserver le lien avec vos partenaires.
“Depuis quelques jours, nous proposons à nos partenaires deux modules de formation par jour pour que nos franchisés gardent le rythme et puissent monter en compétences. C’est aussi important pour nous de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls dans ce moment compliqué”, insiste Grégory Regouby. Du côté de Pizza Cosy, la philosophie est la même. L’ensemble des franchisés devraient bénéficier d’outils et de formation à distance dans les prochains jours. “
Nous sommes en train de déployer les outils numériques. Proposer des formations est essentiel pour conserver le lien avec nos partenaires mais aussi les aider à prendre de la hauteur sur une situation compliquée. Nous organiserons également des sessions échanges entre les candidats qui souhaitent nous rejoindre et les franchisés”, explique Jonathan De Sanctis. Aussi, commencez dès maintenant à vous pencher sur un plan de relance. Même si l’avenir est encore flou, il peut être judicieux de penser d’ores et déjà à comment vous anticiperez la reprise d’activité.
“S’il est encore un peu tôt pour définir concrètement ce que vous mettrez en place, il faut bien se dire qu’il y aura une forte relance de l’activité. Les consommateurs vont être tellement frustrés les semaines qui viennent qu’ils auront besoin de beaucoup consommer en juillet et en août notamment. Il faut donc se préparer à cela”, conclut Sylvain Bartolomeu.