À la faveur d’un arrêté pris le 30 décembre dernier, le gouvernement vient d’interdire à la vente la feuille de CBD. Une très mauvaise nouvelle pour les enseignes. Samuel Botton, porte-parole du producteur retailer suisse Phytocann, nous explique son incompréhension.
Comment avez-vous accueilli cet arrêté pris le 30 décembre dernier ?
Nous allons bien être obligés de composer avec ! Depuis 12 mois, au regard de ce qui se passe dans le reste de l’Europe où beaucoup de pays ont légalisé la vente des fleurs et feuilles séchées de CBD [cannabidiol, cannabis sans psychotrope], nous étions attentifs mais sereins. Avec cet arrêté qui interdit la vente des fleurs et feuilles séchées sur le sol français, la donne va changer. Nous avons jusqu’au 7 janvier pour écouler nos stocks et d’ores et déjà retirer les produits de nos vitrines.
Quelles actions sont prévues pour tenter d’inverser cet arrêté ?
Je sais que des recours juridiques se préparent avec les différents acteurs de la filière. Des échanges ont lieu avec plusieurs politiques. Je pense, par exemple, au député François-Michel Lambert qui a toujours été très actif sur ces questions-là. Il faut qu’il y ait un vrai front commun. Et que les professionnels prennent aussi en compte les producteurs et pas seulement les distributeurs. Je ne vous cache pas que depuis la prise de cet arrêté, c’est la vraie gestion de crise. La vente de fleurs de CBD représente quelque chose comme 70 % du chiffre d’affaires de la filière. Avec huit marques sous licences axées autour des huiles, des cosmétiques ou encore du food and beverage, nous avons essayé, de notre côté, de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier.
Est-ce un coup d’arrêt pour la profession ?
J’ai estimé à entre 1 800 et 2 000 le nombre de boutiques de CBD sur le sol français. Cela représente des dizaines de milliers d’emplois. En pleine année présidentielle, je trouve cette décision incompréhensible. Le gouvernement, par cette mesure, va seulement réussir à créer un marché parallèle du CBD. C’est tout ! Mais nous allons nous battre et déclencher tous les recours juridiques possibles. Tout cela me fait penser à la marque française de cartouches pour vapotage Kanavap qui a été l’une des pionnières sur le marché du CBD. Après une perquisition, plusieurs chefs d’inculpation, l’affaire a mis cinq ans à se résoudre. La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a été saisie et a finalement donné raison à la société Kanavap qui depuis s’est exilée en Tchéquie.