Si le marché est porteur, la consolidation du secteur rend difficile le maintien de l’activité en tant qu’indépendants. Ces derniers étant progressivement absorbés par les leaders de la filière. Dans ce contexte, la force du réseau et le maillage territorial sont des éléments de différenciation.
La Covid-19 n’aura qu’un effet très mesuré sur la mortalité française cette année et par conséquent sur l’activité des professionnels du secteur funéraire. “Si le vieillissement attendu de la population et l’augmentation structurelle des décès laissent entrevoir un avenir prometteur pour les entreprises de pompes funèbres, le chiffre d’affaires de ces dernières progressera de 4 % en 2020 tandis que la hausse de la mortalité devrait rester contenue à 3 % sur l’exercice”, d’après les prévisions des experts de Xerfi. Selon ce même cabinet, le taux de résultat net des pompes funèbres sera d’environ 6,5 % à l’horizon 2023. “Le marché funéraire est estimé à 2,5 milliards d’euros en France, il est toujours en croissance. Il y a eu plus de 600 000 décès fin 2019, et d’après l’Insee il y aura 630 000 décès en 2030 et 750 000 décès en 2045”, précise Sandrine Thiéfine, PDG de la société Pompes funèbres de France.
Si OGF et Funecap trustent plus de 30 % des parts de marché du funéraire en France, selon Xerfi, les indépendants [au moins 40 % du secteur] ne manquent pas d’atouts entre leur proximité avec leur connaissance locale et leur relation client personnalisée. Mais dans un marché consolidé, la marque est importante. “Plus cette dernière sera connue nationalement, plus la notoriété du franchisé sera grandissante”, explique Sandrine Thiéfine. Même constant du côté de l’Autre Rive : “Dans ce contexte, les réseaux de franchise peuvent se développer et récupérer des parts de marché laissées vacantes par ces concentrations”, note Franck Vasseur. Et le président de L’Autre Rive de poursuivre :
“Face aux grands groupes, il est primordial de pouvoir accompagner nos clients (familles en deuil) par une proposition de services et de produits innovants. Nous sommes force de proposition pour la co-création des cérémonies funéraires et assurons la tenue de ces dernières.”
Bien évidemment, le maillage territorial doit être affiné et particulièrement développé. “Le maillage total du territoire dans notre secteur funéraire est avantageux pour passer des accords-cadres avec des compagnies d’assurances et des mutuelles qui souhaitent s’appuyer sur un unique acteur pour réaliser les prestations de leurs contrats capital décès ou de prévoyance obsèques”, remarque Florian Leclerc, fondateur du groupe Sublimatorium Florian Leclerc. Un constat partagé par Sandrine Thiéfine : “Le franchiseur doit parfaitement bien mailler le territoire national. Le franchisé doit, de son côté, bien mailler, quant à lui, sa zone de développement et penser à sa croissance avant que l’ensemble des territoires ne soient distribués.”
Le marché du funéraire accueille beaucoup de personnes en reconversion professionnelle. Difficile d’écrire ici que l’on y va par vocation. “Nous recherchons des personnes en reconversion professionnelle en quête de sens, voulant s’accomplir dans un métier utile, gratifiant et valorisant. Nos futurs franchisés seront des hommes ou des femmes ayant un sens aigu du contact, créatifs, à l’aise dans l’expression écrite et orale, polyvalents et rigoureux”, précise Florian Leclerc. Le franchisé participe à une mission de service public. Il est soumis au secret professionnel. “Dans notre réseau, il y a une parité quasi-parfaite (56 % d’hommes et 44 % de femmes), la moyenne d’âge est de 42 ans, nous allons sur du long terme avec nos franchisés. Pour exercer ce métier de dirigeant d’entreprise funéraire, il faut suivre une formation diplômante de 350 heures (dont 140 heures en agence)”, explique Sandrine Thiéfine. Du côté de chez Sublimatorium Florian Leclerc, le profil des franchisés se divise en trois catégories : “Notre groupement est constitué d’entrepreneurs funéraires de longue date, de nouveaux entrepreneurs travaillant dans le secteur funéraire depuis de nombreuses années et enfin de jeunes chefs d’entreprises en reconversion dans le secteur”, remarque Florian Leclerc.
À l’avenir, les professionnels devront de plus en plus composer avec le développement de la crémation qui représente 40 % des funérailles contre 30 % en 2010. “Moins génératrice de chiffre d’affaires (cercueils moins coûteux et moins de produits vendus comme la marbrerie) et marges potentiellement rognées, la montée en puissance de la crémation devrait contraindre les pompes funèbres à se déployer dans les services connexes et/ou à se positionner plus franchement dans l’exploitation de crématoriums”, analyse Xerfi. De même, la part des services va aller grandissante (60 % du CA des pompes funèbres en 2020) au détriment de la seule vente de produits. Ainsi, Xerfi souligne les pistes explorées par les acteurs de cette filière. Parmi lesquelles, la retransmission vidéo, le mémorial en ligne, la personnalisation des monuments ou encore l’aide aux démarches administratives.