Quand on devient franchisé, les envies de se développer et de passer à l’étape supérieure en devenant multi, pluri voire master-franchisé peuvent se manifester. Si les têtes de réseau sont globalement ouvertes aux velléités de développement de leurs partenaires, elles sont toutefois attentives aux profils et aux futures implantations. Ce mois-ci, nous avons dévoilons les principaux conseils avant de décider de passer à la vitesse supérieure. Découvrez la première partie de notre enquête.
Ne pas se cantonner à un seul point de vente est une volonté affichée par de plus en plus de candidats à la franchise qui, dès le départ de leur projet, souhaitent ouvrir et gérer plusieurs unités. Pour ces profils, de nombreux formats existent : la multi-franchise, qui consiste à gérer au moins deux points de vente sous la même enseigne ; la pluri-franchise, qui implique d’ouvrir des entreprises sous différents concepts souvent dans divers secteurs d’activité et, enfin, la master-franchise, qui est un statut proche de celui du franchiseur permettant de développer une enseigne, notamment étrangère, sur un territoire donné.
“Il s’agit de trois situations variées qui ne s’adressent pas aux même profils, insiste Olga Romulus, expert-comptable chez Fiducial et membre du Collège des Experts de la Fédération française de la franchise.
La multi-franchise, par exemple, va s’adresser à n’importe quel candidat, qui se posera la question dès le départ de son projet ou au cours de son développement.” La pluri-franchise, quant à elle, se destine davantage à des profils d’investisseurs et des candidats qui ne seront pas forcément opérationnels dans leurs points de vente. Enfin, la master-franchise est véritablement tournée vers des candidats qui ont des capacités de recrutement, de communication, de conviction et ont un profil de développeur/animateur.
“Ces différents formats nécessitent d’avoir les épaules et le financement pour effectuer plusieurs projets d’ouverture. Cela ne convient pas forcément à un candidat au profil classique”, ajoute Cécile Peskine, avocat au sein du cabinet Link&a et membre du Collège des Experts de la Fédération française de la franchise.
Bien se renseigner
Avant de passer le cap de la multi ou de la pluri-franchise, il est essentiel d’interroger la tête de réseau sur sa politique de développement.
“Certaines enseignes sont encore frileuses face à ce type situation. Sur de la pluri-franchise, notamment, les réseaux ont peur que leur franchisé leur échappe ou ne soit plus assez opérationnel. Alors qu’au contraire, cela apporte une réelle richesse et une valeur ajoutée dans la gestion et le développement de leur affaire”, estime Emmanuel Jury, directeur général du cabinet Progressium et membre du Collège des Experts de la Fédération française de la franchise. Dès la signature de votre premier contrat de franchise, regardez de près ce qui est prévu en matière de développement.
“Souvent, il est précisé ce qui est autorisé ou non pour le franchisé, insiste Olga Romulus. Ainsi, des clauses peuvent interdire la pluri-franchise.
Les têtes de réseaux qui font ce choix n’ont pas forcément peur de la concurrence mais veulent surtout des franchisés opérationnels.” Du côté de la multi-franchise, certains réseaux vont préciser dès le départ dans le contrat un nombre minimum ou maximum de points de vente à ouvrir. Globalement, la multi-franchise est un véritable axe de développement pour les enseignes.
“Nous privilégions évidemment la multi-franchise quand il y a le potentiel de faire plusieurs magasins. C’est mieux pour tout le monde. En tant que tête de réseau, c’est véritablement un plus car nous savons que le profil connaît l’enseigne, le secteur et les process”, confie Daniel Boussira, directeur général de l’enseigne Carrément Fleurs.
Attention à la distance
Toutefois, avant de se lancer dans la gestion de plusieurs sites, les franchisés doivent être vigilants à certains points. Notamment à la distance entre vos futures unités. En effet, généralement, la tête de réseau vous confiera l’exclusivité sur une zone géographique par point de vente. Ces territoires, en fonction des régions et des unités déjà opérationnelles dans le réseau, peuvent être éloignées les unes des autres.
“Il faut se fixer une distance de bon sens à ne pas dépasser. Clairement, vous devez vous dire qu’en cas d’urgence vous devez être capable d’intervenir sur le point de vente dans la journée, conseille Olga Romulus.
Dans la plupart des cas, les franchisés ont des territoires qui se jouxtent mais quand cela n’est pas possible et qu’on se voit proposer des zones éloignées les unes des autres il faut faire attention et être en mesure de pouvoir se rendre régulièrement sur chacun des points de vente.” Chez Carrément Fleurs, pour que la gestion des points de vente et des équipes se fassent de manière optimale, les franchisés ne doivent pas ouvrir plus de 4 unités.
“Nous n’excluons pas un franchisé qui aurait davantage d’ambition. Mais nous estimons que c’est un seuil à ne pas dépasser. Tout simplement parce qu’il ne faut pas que les magasins soient à plus de trois quart d’heure de distance du point de base du franchisé. C’est essentiel pour qu’il puisse bien gérer les choses. Nous recherchons des exploitants qui soient présents régulièrement. La distance a donc son importance”, analyse Daniel Boussira.
Retrouvez la suite de cette enquête la semaine prochaine.