L’Officiel de la Franchise a interrogé Roland Heguy, président confédéral de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) au sujet de la crise sanitaire impactant toute la filière.
Comment a été vécue cette interruption brutale de l’activité pour l’ensemble du secteur ?
Nos établissements ont été les premiers à fermer sur décision du Président de la République le 14 mars dernier. La décision annoncée à 20h pour une mise en application à minuit a été un grand choc pour nos entreprises. Pour nos restaurants, cafés, brasseries, cette nouvelle inattendue les a obligés à s’adapter dans l’urgence, notamment avec les stocks de nourriture. Des initiatives solidaires sont nées, certains ont vendu à prix coûtant à leurs voisins, d’autres ont donné et enfin certains ont cuisiné pour les personnels soignants quand ils étaient situés à proximité d’un hôpital.
Quand publierez-vous les premiers résultats de votre enquête nationale à ce sujet ?
Il s’agit de la 2
e enquête que nous lançons auprès de nos adhérents. La première, tout début mars, nous montrait que les départements “clusters” étaient très touchés mais dans le reste de la France l’activité continuait. La 2
e enquête intervient maintenant que nos établissements sont fermés. Nous voulons mesurer les effets des mesures prises par le gouvernement (activité partielle, report de charges, prêt garanti par l’Etat) et savoir si elles se mettent facilement en place. 93 % de nos entreprises sont fermées et l’enquête vient confirmer le total désengagement des assurances auprès de leurs assurés. 98 % des entreprises disent avoir reçu une réponse négative de leurs assureurs pour une prise en charge de perte d’exploitation liée à la fermeture administrative. C’est inadmissible ! Nous publierons les résultats complets avant mi-avril.
Estimez-vous que le gouvernement va assez loin pour préserver et essayer de réduire la chute brutale d’activité dans ce secteur déjà fragilisé ?
L’UMIH a salué les mesures prises par le gouvernement en faveur de nos entreprises. Nous demandions à frapper vite et fort pour aider notre secteur qui est le premier touché par les mesures de confinement depuis le 14 mars. L’urgence de la situation économique nécessitait une mobilisation générale de tous : acteurs publics et acteurs du monde économique. Comme nous le disions, plus haut, nous pouvons déplorer l’attitude des assurances. Nos professionnels se retrouvent face à des murs quand ils sollicitent leurs assurances pour faire assurer les préjudices de la crise. Nous demandons donc, la reconnaissance par les pouvoirs publics d’un ”état de catastrophe sanitaire” ou un autre dispositif qui permettrait de débloquer la situation pour nos entreprises. On a aussi des remontées de nos entreprises qui déplorent de nombreux problèmes sur les demandes d’activité partielle et des réponses négatives de la part de la Direccte [directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi] qui ne se justifient pas. Nous faisons le lien avec les services du ministère pour que des solutions soient trouvées.
Le secteur doit-il être déclaré grande cause nationale en sortie de crise ?
Sans préjuger de la date de la reprise, l’objectif est d’être prêt le plus vite possible pour faire face à toute forme de concurrence. Quand nos terrasses de cafés,
nos restaurants, nos hôtels seront à nouveau plein de vie, ce sera le signe que ce cauchemar est fini et que la vraie vie a repris. Nous sommes dans un moment qui n’a pas de précédent. C’est ce qui crée tant d’inquiétude sur ce que sera l’avenir. Nous devons en prendre conscience, nous allons devoir repenser notre façon de vivre et redonner du sens à la vie de nos entreprises.