Célèbre pour son fameux “coiffé-décoiffé”, coiffeur des stars, Jacques Dessange, décédé mardi 7 janvier, est aussi l’un des inventeurs des salons de coiffure franchisés, avec Jean-Louis David.
Le monde de la coiffure franchisée est à nouveau en deuil. Le 7 janvier 2020, neuf mois après le décès de Jean-Louis David, un autre monstre sacré du domaine s’est éteint. Le créateur du “coiffé-décoiffé”, connu en tant que “coiffeur des stars”, Jacques Dessange, nous a quitté à l’âge de 94 ans.
Le groupe international de coiffure dont il est à l’origine compte aujourd’hui près de 1 600 salons dans le monde (la plupart en réseau), dont 347 franchisés sous l’enseigne Dessange (188 en France, 159 à l’étranger), et 180 sous l’enseigne Camille Albane. Car le coiffeur innovant était aussi un homme d’affaires et l’un des inventeurs de la coiffure franchisée.
En 1947, il exerce ses premières armes pour un coiffeur réputé, Louis Gervais. Dans son salon de Trouville, en Normandie, il invente le “coiffé-décoiffé”. À Paris, où il rêve de se faire un nom, le bouche-à-oreille fonctionne et en 1954, il inaugure son premier salon sur l’avenue Franklin-Roosevelt, près des Champs-Elysées, avant d’en lancer un second à Saint-Tropez. Il se met à coiffer des stars de France Gall à Sheila, en passant par Liz Taylor, Jeanne Moreau, Marlene Dietrich et Brigitte Bardot.
L’un des inventeurs des salons franchisés
Dès 1955, il s’associe avec ses principaux collaborateurs pour développer des salons estampillés “Jacques Dessange”. (1) Puis en 1958, il ouvre son premier salon à l’étranger, en Tunisie. Son affaire prospérant, celui qui est désormais surnommé le “coiffeur officiel du Festival de Cannes” recherche une façon efficace de s’étendre : en 1966, il lance sa marque à son nom en s’associant à de jeunes et prometteurs coiffeurs. Puis, entre 1975 et 1978, il crée plusieurs dizaines de salons de coiffure en franchise – les tout premiers, avec ceux de Jean-Louis David, lancés à la même époque.
En échange d’un droit d’entrée et d’un pourcentage de leur chiffre d’affaires, des coiffeurs déjà aguerris bénéficient de campagnes de publicité, d’une formation réactualisée, et surtout du prestige et de la notoriété de la marque. “Ce système a été suivi et, au bout de quelques mois, une cinquantaine de salons s’appelaient Jacques Dessange. La redevance était modique, cela a marché très vite”, expliquait-il en 2008 dans Les Echos.
Jacques Dessange devient alors un véritable homme d’affaires. Il crée des écoles de formation en 1979, avant de lancer deux nouvelles enseignes (fonctionnant également en franchises), plus grand public : Camille Albane en 1996 et Frédéric Moreno en 2002. Il diversifie les activités de son groupe en vendant des produits capillaires, mais aussi des gammes de maquillage, des accessoires et des soins pour le visage et le corps au sein d’instituts de beauté et de “Spas du cheveu”.
En 2004, à l’âge de 79 ans, l’entrepreneur se retire et confie les rênes de son groupe à son fils, Benjamin. Par la suite, en 2018, c’est Emmanuel Gasnot (passé par Wella et Eugène Perma) qui devient président du directoire de Dessange International. Dans un communiqué, ce dernier a rendu hommage à “un grand monsieur de la coiffure qui a su faire rayonner dans le monde entier l’élégance parisienne”. Il salue aussi “l’esprit pionnier et le génie créatif” d’un “artiste visionnaire ambassadeur du glamour à la française”, qui a donné “ses lettres de noblesse à toute une profession”.
(1) Jean Watin-Augouard, Marques de toujours, Larousse, 2003.