Lancé le 5 décembre, le mouvement de contestation contre la réforme des retraites entame sa quatrième semaine et est désormais plus long que celui de 1995. Une durée qui n’est pas sans conséquences pour les commerçants qui enregistrent une forte baisse de la fréquentation en magasin et donc de leur chiffre d’affaires.
Entamée le 5 décembre, la grève contre la réforme des retraite avait déjà eu un impact significatif sur les commerçants dès le premier jour. Quatre semaines plus tard, la situation ne semble pas s’améliorer, au contraire. Les chiffres dévoilés par l’Alliance du Commerce montrent que,
depuis le début du mouvement, l’activité a chuté en moyenne de 30 % pour les commerçants situés en Île-de-France et de 15 % pour ceux implantés dans les grandes villes. Selon les données de la Chambre de commerces et d’industrie (CCI) de Paris, 96 % des commerçants parisiens accusent une baisse de leur chiffre d’affaires.
“S’ajoute à cela le bouleversement de leur organisation, nombreux sont les employés qui ne parviennent pas à rejoindre leur lieu de travail. Les commerçants doivent faire face à d’importants retards voire des cas d’absentéisme. De plus, les embouteillages entraînent des retards de livraison voire des annulation”, décrypte la CCI.
Centre-ville et périphérie impactés
Selon la Fédération du commerce associé, les commerçants implantés en centre-ville souffrent particulièrement et enregistrent de forte baisse de leur activité.
“Sans surprise, ce sont les secteurs les plus sensibles à la période des fêtes qui sont les plus impactés”, précise la FCA. Ainsi, les domaines de la bijouterie, du jouet ou encore de la puériculture enregistrent une perte de chiffre d’affaires de 15 %. De son côté, le Conseil National des centres commerciaux (CNCC), indique que le visitorat en centre commercial a enregistré une baisse de 4 % depuis le 5 décembre, par rapport à la même période l’année dernière.
“En cette période compliquée pour le commerce, les équipements structurés tels que les centres commerciaux, les retail parks et les villages de marques ont fait preuve de résilience. Il faut également souligner que les consommateurs avaient anticipé les grèves en effectuant leurs achats lors du week-end du Black Friday qui avait enregistré une croissance de 20 % par rapport à la fréquentation de 2018”, nuance Gontran Thüring, délégué général du CNCC.
Mesures de soutien
Face à une situation exceptionnelle, le gouvernement a décidé, le 11 décembre, de réactiver le plan de soutien qui avait été déployé
lors de la crise des Gilets Jaunes. Ainsi, comme le rappelle l’Alliance du Commerce, plusieurs mesures ont été décidées comme le remboursement accéléré des crédits d’impôts (TVA), le report des échéances sociales ou fiscales ou encore le financement des salariés par le mécanisme de chômage partiel.
“Des autorisations exceptionnelles d’ouverture dominicale devraient également être facilitées pour le mois de janvier. Celles-ci devraient s’appliquer au minimum à Paris et en Île—de France. Nous avons également demandé à ce que d’autres villes puissent en bénéficier”, détaille l’Alliance du Commerce. À l’approche des soldes d’hiver, nombreuses sont les fédérations ou les chambres de commerce à s’inquiéter de l’impact qu’aura cette grève dans la durée. Ainsi, la CCI de Paris indique que
“la situation deviendra difficile pour l’activité économique et la question de la survie de nombreux commerces se posera en particulier”.