La concurrence de la vente par internet est féroce, à tel point que l’on peut s’interroger sur l’avenir des réseaux de distribution classiques. Si la demande des consommateurs évolue, le commerce traditionnel peut trouver sa place… à condition de faire preuve de créativité ! Par Sophie Bienenstock, avocate à la Cour et Maître de Conférences à Paris 1.
La vente sur Internet est en plein essor et touche de nombreux secteurs d’activité. En 2018,
le e-commerce a cru de 13,4 % selon la fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad). Face à l’explosion de la vente à distance, les réseaux de franchise sont confrontés à une double problématique : la concurrence faite par les opérateurs en ligne à l’ensemble du réseau d’une part ; la concurrence faite par le franchiseur aux membres de son propre réseau, d’autre part.
La concurrence des places de marché
Dans de nombreux secteurs d’activité,
la vente sur Internet représente une concurrence féroce face aux formes de commerce plus traditionnelles. Si l’ensemble de secteurs sont touchés, certains se prêtent particulièrement à la vente à distance : le prêt-à-porter, les nouvelles technologies, l’électro-ménager ou encore les articles de sports sont les secteurs dans lesquels
le e-commerce connaît la plus forte croissance.
La vente à distance présente des avantages évidents pour les deux côtés du marché : en ce qui concerne l’offreur, la vente à distance permet une réduction drastique des coûts (économie de loyer, diminution des charges d’exploitation, réduction de la masse salariale etc.). On songe moins souvent aux avantages pour le consommateur. La vente par Internet offre une grande flexibilité dans le mode de consommation, puisqu’il est dorénavant possible de faire ses achats dans les transports, à la pause déjeuner, au bureau, dans un café etc. Il est révélateur sur ce point qu’un site tel que Vente-privée réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires grâce à des achats réalisés sur mobile.
La concurrence du franchiseur aux membres de son réseau
De nombreux réseaux de franchise proposent à leur clientèle la vente de leurs produits par Internet. En général, c’est via le site du franchiseur que de telles transactions ont lieu, quand bien même le client serait situé dans la zone de chalandise d’un franchisé. L’existence d’un site centralisé pour l’ensemble du réseau permet certes de répondre à une attente légitime des consommateurs, mais aboutit à détourner une partie de la clientèle des franchisés vers la tête de réseau.
La Cour de cassation a validé la possibilité pour le franchiseur de livrer sur le territoire de l’un de ses franchisés.
Face à cette double concurrence des ventes sur Internet (au sein et hors réseaux) les franchisés doivent être prudents dans le choix de leur secteur d’activité et de leur enseigne. Certains secteurs tels que le prêt-à-porter sont à soumis à une concurrence de plus en plus accrue. La seule façon de limiter le risque consiste à choisir un réseau qui accepte de reverser une partie du prix de vente à ses franchisés.
Les réseaux de distribution ont-ils encore de l’avenir ?
Malgré cette concurrence féroce, les réseaux de distribution ont encore de beaux jours devant eux… à condition d’être capable de s’adapter aux évolutions du marché et de la demande. Si la vente de certains produits peut aisément faire l’objet d’une transaction en ligne, certains consommateurs cherchent toujours une expérience client. Qu’il s’agisse d’un concept de restauration réellement original, d’un conseil du vendeur, d’une prestation de service etc. le commerce traditionnel reste irremplaçable. Les consommateurs sont également demandeurs d’expériences et d’aventures, comme en atteste le succès des escape game, des restaurants à thème ou encore des bars à jeux.
Choisissez bien votre secteur d’activité et soyez imaginatifs !