Gira vient de publier sa nouvelle étude sur les tendances de consommation des Français, portant sur l’année 2018. Si le burger a toujours le vent en poupe, d’autres produits commencent à émerger dans les habitudes alimentaires. Le point avec Bernard Boutboul, président de Gira.
Quelles sont les principales tendances observées en 2018 ?
La première tendance est que la restauration au comptoir (ou restauration rapide) a le vent en poupe et porte fortement le marché de la restauration. Ainsi, en 2018, cela représentait 53,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit une hausse de 6 %. Autre enseignement : l’écart entre la restauration rapide et la restauration avec service à table continue à se creuser, représentant respectivement 60 % et 40 % des ventes. Le boom des repas à l’extérieur se confirme par ailleurs, en évolution de 5 % en 2018. Là encore, la restauration au comptoir porte la croissance : sur les 10 milliards d’euros que représentent les repas pris à l’extérieur, 8,3 milliards d’euros concernent la restauration rapide.
Comment expliquer cet engouement ?
Il y a deux raisons à cela. D’abord, la diversification de la restauration rapide est unique au monde. En France, on compte 51 concepts de restauration monoproduit, que ce soit sur le homard, le couscous ou le houmous. À titre de comparaison, les États-Unis n’en comptent que 19. À cela s’ajoute la montée en gamme qui prend des niveaux incroyables, avec des tickets moyens pouvant aller de 16 à 28 euros. Tant que la diversification et la montée en gamme se poursuivront, rien ne semble pouvoir gêner cette croissance.
Quels sont les produits les plus consommés ?
Sur la troisième marche du podium, on retrouve
la pizza, avec 1,1 milliard d’unités vendues en 2018. Ce qui est énorme. Toutefois, la croissance est légère, entre 2 et 3 % car elle se fait attaquer par d’autres formes de restauration rapide, que nous avons déjà évoquées. Le burger arrive à la seconde place, avec 1,7 milliard d’unités écoulées, soit une croissance de 16 %. En 15 ans, les ventes de burgers, en volumes, ont été multipliées par 14. C’est simple, dans l’histoire de la restauration, cela ne s’est jamais vu. Tout ce qui est à base de pain, les Français adorent. Surtout, aujourd’hui,
des concepts proposent des produits premium, avec une viande racée, un pain confectionné par des Meilleurs ouvriers de France et des frites maison. Enfin, la première place est toujours tenue
par les sandwiches, au sens large, avec 2,6 milliards d’unités, soit une croissance de 11 %. Ce succès est notamment dû à la diversification des pains à sandwiches ainsi que des garnitures.
Vous disiez que le nombre de repas pris à l’extérieur explose. Comment expliquer cette tendance ?
Il y a une vraie croissance le midi sur les repas pris à l’extérieur notamment parce que le retour à la maison pour déjeuner s’effondre partout en France. Le soir également, cela s’accentue. Les Français savent de moins en moins cuisiner donc forcément, ils prennent facilement leur repas à emporter. Dans ce contexte, Picard cartonne !
Quid du marché de la livraison ?
Il n’est pas du tout en explosion. Des acteurs comme Take it easy ou Foodora ont cessé leur activité en France. Ce n’est pas du tout dans notre culture, contrairement aux anglo-saxons. Pour les Français, il faut vraiment un prétexte pour se faire livrer, comme par exemple un match de foot ou une soirée entre amis. En revanche, nous estimons que d’ici 5 à 9 ans le marché de la livraison risque de prendre de l’ampleur, quand la génération Z, c’est-à-dire les personnes qui ont aujourd’hui entre 15 et 23 ans, entreront dans la vie active. Pour eux,
la livraison sera une banalité.
Y a-t-il des produits “oustider” dont les ventes vont prendre de l’ampleur dans les prochaines années ?
Le tacos monte en puissance depuis 5 ans et s’est vendu à 80 millions d’unités l’année dernière. C’est une croissance assez énorme. À titre de comparaison, 350 millions de bagels se sont écoulés en 2018, mais cela fait 10/12 ans qu’il est arrivé en France. Est-ce que le tacos va durer ? Je ne sais pas mais je m’interroge sur sa pérennité car il s’agit d’un produit junk food qui vise les jeunes générations. Pas sûr qu’elles continuent à manger ce type de produits en entrant dans la vie active. L’autre tendance qui se dessine est l’arrivée du poulet dans la restauration rapide. On voit des concepts de poulet grillé, de wings, de poulet rôti qui font leur apparition et qui fonctionnent très bien. Cela va s’accélérer ces prochaines années.