Entreprendre, ce n’est pas obligatoirement partir d’une page blanche. Opter pour la franchise, c’est déjà bénéficier d’un concept éprouvé. Reprendre une franchise, c’est aller encore plus loin dans la capitalisation de l’expérience des autres. Par Virginie Sablé, responsable Développement Filière Franchise chez KPMG.
“Reprendre une entreprise” peut se traduire par deux principaux cas de figure qui ont chacun leurs propres caractéristiques et avantages. Il peut soit s’agir d’acquérir les parts sociales de la société et, par voie de conséquence, vous prenez possession de l’entreprise. Soit acquérir uniquement le fonds de commerce. Dans ce cas, vous créez votre société comme une nouvelle entité juridique.
Quels sont les points de vigilance à observer ?
Lors d’une reprise, vous bénéficiez d’une activité qui n’est plus en phase de lancement. Ainsi, vous et vos partenaires financiers appréhenderez mieux l’atteinte du seuil de rentabilité. Au-delà de cet avantage, il est aussi plus simple d’établir votre prévisionnel. Vous pouvez baser votre étude sur les données de l’activité existante plutôt qu’uniquement sur une étude de marché. Cela simplifie et fiabilise l’élaboration de votre Business Plan. Ces avantages vont rassurer vos partenaires financiers afin qu’ils soient plus enclins à vous accompagner dans votre projet. En revanche, le montant à financer sera généralement plus important que pour une création.
Il est essentiel d’avoir un regard critique sur le prix et la valeur de la franchise que vous envisagez d’acquérir. Une lecture approfondie du DIP et du contrat de franchise est bien entendu capitale (comme lors d’une simple création en franchise mais on ne le rappelle jamais assez). Vous devrez être attentif à d’autres éléments, telle que la mise à jour effective du concept, car la nécessité d’effectuer des travaux devront être pris en compte dans la négociation si le concept n’est pas à jour. Il existe plusieurs méthodes d’évaluation et la fixation du prix d’acquisition est, en définitive, le fruit d’une négociation. Il est donc recommandé de vous faire accompagner par des avocats et experts comptables dès le début des négociations.
Enfin, pour votre rémunération personnelle, il est important de réfléchir à votre futur statut social en tant que dirigeant (Travailleur non salarié ou Travailleur assimilé salarié). En cas de rachat du fonds de commerce, vous pourrez le choisir. En revanche, si vous achetez les parts sociales, vous devrez suivre le régime précédent ou envisagez de modifier les statuts. Votre expert-comptable pourra vous conseiller sur le meilleur choix pour votre situation personnelle et réaliser les démarches nécessaires.
Puis-je acquérir n’importe quelle franchise ?
Tout d’abord, il faut savoir que certaines franchises peuvent nécessiter des diplômes ou certifications professionnelles. Vous devez vous renseigner auprès du franchiseur afin d’être informé si l’enseigne est soumise à ce type de réglementation.
Avant de pouvoir transmettre sa franchise, le cédant doit en informer le franchiseur. Certains contrats de franchise peuvent contenir une clause de préemption à l’attention du franchiseur qui peut ainsi décider de reprendre lui-même l’entreprise. Et si une telle clause n’est pas présente, il faut tout de même obtenir l’agrément de la tête de réseau car le contrat de franchise est intuitu personae et vous devrez signer un nouveau contrat avant de pouvoir exercer sous l’enseigne choisie. Enfin, depuis la loi Hamon du 31 juillet 2014, il ne faut pas oublier que les salariés doivent être informés du projet de transmission et peuvent proposer une offre de reprise.
La reprise d’une franchise nécessite d’être vigilant sur certains points mais c’est aussi un moyen simple de reprendre une entreprise. Contrairement à une société indépendante dont le savoir-faire est principalement transmis par le cédant, vous pourrez bénéficier de l’accompagnement du franchiseur pour acquérir le savoir-faire de l’enseigne.