Le droit d’entrée, la redevance, la formation ou l’immobilier peuvent apparaître comme des pièges dans lesquels le futur franchisé a peur de tomber. Pourtant, il n’en est rien. Ce ne sont que des points d’attention !
Vous vous posez des questions quant aux frais que pourrait engendrer une franchise ? Pire, vous avez peur de vous faire arnaquer ? Pas de panique, il n’y a pas de pièges, il n’y a que des points d’attention à côté desquels il ne faut pas passer. “C’est un sujet qui revient régulièrement et qui peut être assez polémique mais il faut être simplement vigilant quant au vocabulaire utilisé”, prévient Olga Romulus, expert-comptable chez Fiducial et membre du Collège des experts de la Fédération française de la franchise. “Dans un bon contrat de franchise, tout est bien indiqué”, renchérit Virginie Sablé, responsable développement département franchise & réseaux chez KPMG.
Le droit d’entrée
Là encore, le terme droit d’entrée est un peu générique mais selon les réseaux, il ne signifie pas la même chose. “Le droit d’entrée correspond à l’accès au réseau”, précise Olga Romulus. Mais quel est son périmètre exact ? Le principe de la franchise étant la rémunération d’un savoir-faire, c’est normal qu’il y ait un droit d’entrée à payer. Mais, pour certaines enseignes, cela recouvre davantage. Formation, outil de communication à l’ouverture… “Il n’existe aucune définition légale donc les pratiques commerciales sont divergentes”. Mieux vaut se renseigner sur ce qu’il comprend exactement. Encore mieux, l’expert-comptable conseille de décortiquer le droit d’entrée “pour pouvoir le comparer à d’autres et éviter les mauvaises surprises”.
La formation
Elle peut être incluse dans le droit d’entrée, ou pas. Cela dépend de l’enseigne et du secteur. Si elle ne l’est pas, assurez-vous de connaître son montant, sa durée et l’endroit où elle a lieu. Prenez en compte les frais liés au déplacement (trajet, hébergement…) si le lieu de la formation est éloigné de votre domicile. Dans certains cas rares, des franchiseurs peuvent augmenter la durée de la formation s’ils estiment que le franchisé n’est pas à la hauteur pour démarrer son affaire. “Le futur franchisé doit pouvoir reproduire le savoir-faire de l’enseigne. Si ce n’est toujours pas le cas à la fin de la formation, le franchiseur est en droit de demander une formation supplémentaire pour être au niveau”, alerte Virginie Sablé. À l’inverse, si un franchisé vient du même secteur que la franchise qu’il a choisie et qu’il connaît bien le métier, le coût de la formation peut être réduit.
Les redevances
Il y a tout d’abord la redevance d’enseigne alias les royalties. Selon Olga Romulus, “c’est la rémunération des services apportés par le franchiseur au franchisé tout au long de la vie de son entreprise”. Le montant est connu dès le départ, c’est souvent un pourcentage du chiffre d’affaires réalisé par le franchisé ou un montant fixe annuel, en moyenne 5 %. “Ce que le franchisé connaît moins, c’est le niveau de service derrière ce chiffre. Comment les animateurs vont-ils accompagner les nouveaux franchisés ? Par téléphone ou en venant sur place ? Combien de visites par an ? ”. C’est gagnant-gagnant pour le franchisé quand il fait du chiffre. Cela l’est moins quand le chiffre d’affaires frôle le zéro et que le montant est fixe par exemple. “Cela devient alors une charge fixe”, précise l’expert-comptable. Selon certaines enseignes, le taux de redevance peut évoluer également, quand le franchisé passe le cap d’un certain chiffre d’affaires ou quand il ouvre d’autres unités.
Attention toutefois de ne pas perdre de vue les économies réalisées grâce à la tête de réseau comme de meilleures conditions de paiement, des produits exclusifs, le prix d’achat… “Il faut vraiment voir l’aspect coût/dépense par rapport aux services et outils mis à disposition”, résume Virginie Sablé. Il existe également une redevance concernant la communication – en moyenne 2 % du chiffre d’affaires – pour la communication nationale de l’enseigne (spots TV, publicité…). “Attention, la publicité locale reste à la charge du franchisé, avertit Olga Romulus. Très souvent, un montant entre 5 000 et 10 000 euros de budget est suggéré, ce qui représente un coût complémentaire pour le franchisé.” Le franchiseur peut aussi prévoir une redevance informatique pour l’utilisation des logiciels.
Le local
Se lancer en franchise signifie tout de même créer son entreprise. Si vous devez avoir un espace de vente pour recevoir vos futurs clients, des frais seront inévitables comme le fonds de commerce et/ou un droit au bail, ou pas de porte, la caution… En ce qui concerne la franchise, la tête de réseau demande, souvent, des emplacements numéro 1, ce qui induit un loyer élevé. “Les marques ne communiquent pas sur les montants liés à l’immobilier parce qu’elles ne les maîtrisent pas et qu’elles n’ont pas la main dessus. C’est un jeu de négociation entre le bailleur et l’entrepreneur, l’enseigne ne s’en mêle pas”, révèle Olga Romulus. En revanche, elle peut vous conseiller pour vous donner des repères.
Autre obligation qui peut être liée au local, le mobilier et les travaux imposés par le franchiseur. Il peut proposer, voire imposer, des fournisseurs pour être conforme au reste des franchisés. Parfois, les prix pratiqués ne sont pas cohérents, c’est plus cher par rapport à la qualité et le franchiseur se fait une marge. “Il faut être vigilant et voir ce qui est acceptable financièrement. D’autant que les prix des franchiseurs doivent être plus compétitifs. Si c’est imposé, il faut savoir pourquoi (couleur spécifique, qualité…)”.
Autre mauvaise surprise : quand l’évolution du concept arrive trop tôt dans votre activité. Il est normal que les enseignes innovent, changent d’image et bousculent leur concept mais quand cela arrive dans une mauvaise passe ou seulement un ou deux ans après son arrivée dans le réseau, le franchisé peut faire grise mine. D’autant que c’est souvent une obligation contractuelle, à réaliser dans un délai imparti. “La plupart du temps, les têtes de réseau font ça sur un délai raisonnable ou alors proposent de participer financièrement”, rassure Olga Romulus. Si aucun recours n’est possible puisque c’est dans le contrat, l’expert-comptable conseille de poser la question au moment de la signature du contrat. “Si la réflexion est engagée de leur côté, ils devraient savoir où ils en sont”.
Le besoin de trésorerie
Certaines enseignes demandent aux futurs franchisés de provisionner un éventuel besoin de trésorerie pour parer à des débuts difficiles. “Ce n’est pas forcément un coût mais parfois le besoin en fonds de roulement peut être mal appréhendé par les porteurs de projet, signale Olga Romulus. Et c’est, bien sûr, le franchisé qui le finance. Le franchiseur peut parfois l’aider en octroyant des délais de paiement par exemple. En tout cas, il ne faut pas sous-estimer ce poste-là au départ”.